"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un très court roman, monologue de Laura, une amie d’Olga Maria, tuée au pistolet devant ses deux filles. L’amie en question,
Tout au long du livre, elle se rend de plus en plus insupportable, je l’entends pérorer mêlant la tragédie de la disparition de son amie avec des propos très futile de petite fille riche et nantie.
C’est par ses commérages que j’en apprends de belles sur Olga Maria sa meilleurs amie. Elle passe du statut de femme aimante, mère dévouée à celui de femme légère. Elle quitte ses amants au bout de quelques mois, surtout s’ils sont fous amoureux d’elle. Mais, derrière cette discussion avec « ma Belle », oui, car elle ne soliloque pas mais parle à cette personne, apparaît la jalousie, la mesquinerie de Laura. Pourquoi tout raconter alors qu’elles sont à la veillée funéraire, puis à l’église, puis au cimetière… lieux de respect aux défunts.
La vie des gens aisés, du milieu politique et d’affaires, la corruption salvadoriennes transparaissent en filigrane dans la logorrhée de Laura
J’ai aimé dans ce livre, la méchanceté, la perfidie de Laura . De temps à autre, il me fallait arrêter tant je croyais l’entendre, le la regardais et j’avais tellement envie de rire, même si, comme disent les enfants, c’est pas rigolo !!
« Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge » Telle pourrait être la conclusion de ce petit livre jubilatoire.
« La diablesse dans son miroir », titre original de ce livre, ouvre une fenêtre. Des deux femmes, qui est la diablesse ???
L’auteur fait preuve d’inventivité en laissant la parole à cette vipère de Laura, et, peut-être, cela lui permet-il de déverser sa détestation de la bourgeoisie argentée et corrompue, des narco-trafiquants, de la politique intolérante, autrement dit, la dictature salvadorienne
https://zazymut.over-blog.com/2023/11/horacio-castellanos-moya-la-mort-d-olga-maria.html
Accusé d’abus sexuel Erasmo Aragon, se retrouve sans emploi. Professeur d’espagnol dans une université des USA où il a trouvé refuge après avoir fui la violence de son pays, le Salvador, Erasmo se retrouve sous la menace de devoir quitter les Etats-Unis maintenant qu’il est sans emploi. C’est lors de son hospitalisation en hôpital psychiatrique suite à la dépression où l’ont conduit les fausses accusations dont il est l’objet, qu’il fait la connaissance de Josefin, infirmière suédoise, avec qui il va vivre et qui va bientôt lui proposer de s’installer à Stockholm. De nouveau déraciné, sans travail et dépendant de Josefin, Erasmo va bientôt sombrer dans la paranoïa et l’angoisse.
Ce roman, très court, nous raconte le destin d’un homme déraciné qui peine à trouver sa place et dont les tentatives pour s’installer ailleurs et y faire sa vie sont vouées à l’échec ou, en tous les cas, soumises à de nombreux aléas.
Peut-être est-ce la brièveté du roman, mais il est un peu compliqué de s’attacher à ce récit. Ou plutôt, il demande un peu de temps pour apprivoiser le style de l’auteur et le personnage particulier d’Erasmo, et quand le lecteur y parvient, il est arrivé à la conclusion. D'où un léger sentiment de frustration et d’inachevé.
L’histoire se déroulant du point de vue unique d’Erasmo, on a aussi du mal à comprendre les motivations de Josefin. Qu’est-ce qui a pu ainsi la pousser à proposer à un homme qu’elle connait à peine et dont elle sait les penchants dépressifs à la suivre en Suède ? Qu’attendait-elle de cette relation avec un homme sans travail, qui ne parle pas Suédois et qui n’arrive donc pas à s’intégrer dans ce nouveau pays et entièrement dépendant d’elle financièrement ? Autant de questions sans réponses mais qui ne peuvent conduire qu’à une catastrophe finale.
Reste ce sujet intéressant en soi du déracinement, de la difficulté de vivre dans un autre pays, de créer des liens, d’accéder à une autre culture et des conséquences que cela peut avoir. Par ailleurs, Erasmo fait preuve d’une belle lucidité sur lui-même, sur ses manquements et ses faiblesses aidé en cela par la plume précise voire quasiment clinique d’Horacio Castellanos Moya.
Une lecture en demi-teinte mais qui m’a permis de découvrir un auteur que je ne connaissais pas jusque-là.
Ca y est ! Après une dizaine d’années d’exil au Mexique, Erasmo Aragón, journaliste salvadorien, va enfin pouvoir réaliser son rêve : rentrer dans son pays et y lancer avec quelques anciens collègues une nouvelle revue politique.
En effet, en ce début d’années 90, la guerre civile qui a ravagé le Salvador entre 1974 et 1992 semble sur le point de se terminer, le gouvernement ayant entamé des négociations avec la guérilla.
Et tant qu’à faire d’une pierre deux coups, Erasmo voit également dans ce retour l’occasion de quitter sa compagne Eva et leur petite fille, pour lesquelles il n’éprouve plus rien à part de l’agacement.
Mais à mesure que le rêve se matérialise et que le grand jour du départ approche, Erasmo, éternel angoissé, se met à souffrir du foie, à tel point qu’il consulte le Dr Chente Alvarado, médecin réputé et compatriote lui aussi exilé. Celui-ci propose à Erasmo d’essayer l’hypnose. A la fin de la première séance, celui-ci ne se souvient de rien, mais le Dr Chente, qui refuse de lui révéler ce qu’il a dit et a tout noté dans un petit carnet, lui assure que c’est le processus normal. Et Erasmo, qui se sent beaucoup mieux, accepte de poursuivre le traitement. Mais après quelques séances, le Dr Chente se volatilise, et la paranoïa et l’angoisse d’Erasmo ressurgissent de plus belle. N’est-ce pas trop risqué de rentrer au Salvador ? Qu’a-t-il bien pu raconter d’inavouable pendant les séances d’hypnose ? Chente ne serait-il pas un espion à la solde du régime ? Etc etc…
Erasmo Aragón (qu’on retrouvera plus tard dans « Moronga » et « L’homme apprivoisé ») n’a pas grand-chose qui le rende sympathique : égoïste, macho, faible, indécis, porté sur l’alcool et les femmes, lâche, incapable de s’engager, d’assumer ses responsabilités et d’affronter ses problèmes. Un type pathétique, donc, mais l’auteur parvient à susciter l’empathie du lecteur et à rendre cet hypocondriaque d’Erasmo presque attachant. La narration à la première personne nous immerge dans son cerveau torturé, mais le ton n’est pas aussi lugubre qu’on pourrait le penser : la plume de Moya est aussi speedée que son personnage, et trempée dans un humour corrosif, noir, et donc jouissif.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : à travers le portrait d’un homme névrosé, Moya, comme dans ses autres livres, nous parle de la cruauté de l’exil et dénonce la violence qui gangrène le Salvador et le reste de l’Amérique centrale en général.
Dans le prolongement de la parution en poche de Moronga le 12 mai dernier, les Éditions Métailié ont également publié ce tout nouveau titre du Salvadorien Horacio Castellanos Moya. C'est un roman beaucoup plus court que le précédent, et qui reprend l'un des personnages de Moronga, Erasmo Aragón, journaliste et professeur, dont la situation à la toute fin de l'opus précédent, n'était guère brillante : à cause des mensonges de la fille adoptive de ses logeurs airbnb, l'accusant d'abus sexuels totalement fictifs, il se retrouve sans emploi, sans papiers, sans argent. Avec en prime, une dépression. Pour faire simple, un Erasmo Aragón au fond du trou. Hospitalisé, puis mis sous traitement, nous le retrouvons en Suède, logé et nourri par sa compagne, Josefin, qui n'est autre que l'une des infirmières qui l'a suivi lors de son hospitalisation.
Le pays est différent, les problèmes pour Erasmo restent les mêmes, si ce n'est pire puisqu'il ne parle pas suédois et que cet isolement ne favorise pas l'apaisement de sa paranoïa. Cette paranoïa est toujours latente, elle resurgit ponctuellement comme un diable en boite, et a trouvé dans la capitale suédoise un terrain fertile pour s'épanouir. La situation d'Erasmo n'est, en effet, guère glorieuse, il est presque totalement dépendant de sa compagne, ne vivant que des rares traductions qu'on lui propose, peu rémunérées, Erasmo vivote, plus qu'il ne vit. À cet égard, le titre est évocateur, l'homme, en perdant son indépendance, a perdu sa fierté, et la relation qui le lie à Josefin est totalement déséquilibrée, l'amour ou le désir ne fait plus partie de ses composantes, il est devenu une charge, un animal domestique que l'on nourrit et entretien, jusqu'à l'erreur de trop.
On pensait Erasmo au fond du trou, on s'aperçoit dans L'homme apprivoisé qu'il peut encore creuser un peu plus : la déshumanisation est totale. On l'observe s'enfoncer davantage encore, s'il croyait fuir le pire, il connaît ici une solitude un peu plus profonde qui épaissit encore un peu plus le brouillard paranoïaque dans lequel il s'est enfoncé. Certains se réfugient dans l'alcool, Erasmo a choisi la paroxetine comme ultime béquille : Erasmo ne brillait déjà pas par ses qualités humaines alors qu'il était aux Etats-Unis, et auparavant en Europe, il s'est encore plus enfoncé dans son propre univers, ici, ne considérant que ses besoins propres. Si lui n'a donc pas conscience du fossé grandissant qui le sépare de Josefin, le lecteur en revanche est touché en plein fouet par l'égoïsme de l'homme, qui ne finit par réagir qu'en termes de sursauts ultimes et instinctifs, des derniers réflexes de survie - celui de manger, boire et respirer - purement animaliers, ayant délaissé toute autre forme de réflexion, de travail intellectuel jusqu'au moindre esprit d'initiative.
La docteure lui a expliqué que ce genre de sentiments, culpabilité et auto-apitoiement, sont des restes de la dépression que la paroxétine n'arrive pas à contrôler. Elle lui a dit que le cachet était comme un excellent gardien de but qui laisse parfois un ballon entrer dans sa cage. Elle cherche presque toujours une comparaison footballistique pour expliquer les problèmes : elle a longtemps pratiqué ce sport. Lui, il s'est dit que le cachet était comme un gardien qui encaisse des buts toujours du même côté, mais l'image lui est venue après qu'il est sorti de la consultation. Il a perdu les réflexes, l'étincelle, l'envie de provoquer avec des traits d'esprit.
Si Erasmo abhorre les Etats-Unis et les valeurs qu'ils représentent, il n'a rien trouvé en Suède, l'homme est instable, qu'il ne voit plus comme un eldorado, comme un pays dépourvu d'intérêt pour lui, devenu hostile, ou les dangers sont désormais aussi présents qu'ailleurs, ou la Suède est devenu un ennemi à lui seul avec sa langue dont il ne capte pas un mot. Pour Erasmo, les choses finissent un peu comme dans Moringa, dans un statu quo qui ne mène à rien de concret pour Erasmo. On peut subodorer qu'il y aura une conclusion à l'histoire d'Erasmo, ce migrant déraciné, poussé hors de chez lui par la violence ambiante, dans un titre à venir. Néanmoins, où qu'il aille, le Salvador est toujours derrière lui, par l'ombre des mareros, et d'autres concitoyens, eux aussi, témoins indirects ou directs du marasme ambiant que font régner les gangs.
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