Manipulation et faux-semblants au cœur d'un polar innovant et troublant
Manipulation et faux-semblants au cœur d'un polar innovant et troublant
Ce n'est pas un page-turner mais une véritable torture que nous propose Denis Michelis. Ce roman commence de manière on ne peut plus classique, un premier cadavre puis un deuxième....mais ensuite tous nos réflexes, nos hypothèses traditionnels de lecteur de polar partent à vau-l'eau !
On entre dans une intrigue polyphonique où chacun s'expose sans dévoiler ses véritables intentions. Ce qui les réunit ? Leur rapport à l'amour, celui qui peut vous rendre fou ! Fou d'amour, fou jusqu'à tuer ... Mais qui est le tueur !? Jusqu'au bout, les pires hypothèses s'installent
Un thriller psychologique bien original
Ce roman me faisait envie depuis un moment et grâce à lecteurs.com j'ai pu enfin le découvrir. Mais je n'ai pas réussi à rentrer dans l'histoire bien que la forme de narration soit originale, cette alternance de point de vue attise la curiosité. Cette histoire à tiroirs telle une partie de Cluedo où nos certitudes volent en éclats, m'a bien plu ! Je pense le relire car je ne m'avoue pas vaincue...
« Amour fou » est un roman policier atypique, Denis Michelis nous convie à une agréable partie de Cluedo.
Double jeu des principaux protagonistes, double je de Barnabé, être psychotique qui entend une voix, parfait coupable aux yeux de tous.
Même de l’avis de ses parents, Randolf psychiatre, pour lequel il représente un vrai déshonneur et qui ne songe qu’à le faire enfermer définitivement, et Marie-Eliane, femme très pieuse et hyper maternante qui le colle, l’horripile et ne pense qu’à lui faire prendre ses traitements.
Il faut dire que Barnabé vient de faire son retour au manoir parental après un passage dans un établissement de soins. Principal suspect, quelques années plus tôt, dans la mort de Clarisse, une jeune voisine qu’il considérait comme son amoureuse, retrouvée morte tombée du belvédère qui couronne les falaises. Mort accidentelle ou homicide, aucune preuve réelle n’a pu être retenue contre le jeune homme. Peut-être simplement un suicide de cette jeune fille à l’accoutrement gothique et aux pensées sataniques ? Seul, le harcèlement a été retenu au vu des innombrables SMS pressants envoyés à la victime, verdict : obligation de suivre une thérapie médicamenteuse auprès d’un hôpital psychiatrique.
Mais les suspicions vont reprendre de plus belle, peu de temps après le retour de Barnabé, une autre jeune femme, Rosalie, succombe de la même manière. Malgré leurs injonctions, les parents s’aperçoivent que, finalement, il ne prend pas ses cachets et fugue la nuit. Randolf a surpris une discussion dans le jardin de la propriété entre son fils et Rosalie, sa patiente, pour lui, il n’y a aucun doute. Avis confirmé par Solange, une voisine de Rosalie, qui a vu Barnabé roder autour de sa maison.
Célia, vieille amie de Rosalie, est entendue par la police, pour elle, assurément, c’est Damien, son mari, qui l’a tuée. Elle sait que le couple ne fonctionnait pas bien et qu’il était violent. Malheureusement on s’aperçoit au fil des séances d’interrogatoire que Célia, manipulatrice, maquille la réalité.
En marge des enquêteurs officiels, il y a Thomas, jeune agent de la police municipale, qui se rêvait une autre destinée et pour qui cette affaire pourrait servir de tremplin. Lui aussi, est convaincu de la culpabilité du fils du psy et se lance dans une filature de ce dernier. Mais les évènements vont le desservir, même Joanne, sa collègue éperdument amoureuse, commence à le suspecter.
À l’image des magnifiques pommes d’amour qui illustrent la couverture de ce livre, chaque acteur sous la face sucrée du glaçage cache les acidités inavouables de la pomme. On se retrouve, tour à tour, dans la peau de chaque personnage au fil de chapitres courts qui donnent du rythme au récit et on croit tenir la bonne pièce du puzzle, mais on la rejette bien vite, conscient de notre méprise.
Innovant, jusque dans la construction du récit, ce roman plaira, sans nul doute, aux amateurs du genre.
Tous mes remerciements à Lecteurs.com et aux Éditions Noir sur Blanc pour cette lecture.
"Amour fou" laisse présager un amour passionnel même s'il est émaillé de meurtres. Et bien pas du tout : "amour fou" est à prendre au sens littéral (folie et violence) :
- l'amour dévorant d'une mère pour son fils dont la cuisine s'avère pleine de surprises,
- l'amour absolument pas déontologique d'un psychiatre pour "la chose" avec des jeunettes qui sont parfois ses patientes,
- l'amour d'un psychotique (érotomane / stalker) pour des jeunes femmes qu'il veut sauver de la violence (d'un père ou d'un mari) afin de fonder une famille et avoir plein d'enfants,
- l'absence d'amour et de désir d'une parisienne dont l'intellect met tout à distance,
- l'amour rigide et intransigeant pour la loi d'une policière municipale mais qui passe son temps à l'enfreindre
- l'amour de la littérature noire voire gore d'un flic municipal qui confond passé, intuition, identité, etc.
- l'amour du cancan d'une voisine aux aguets depuis qu'elle est à la retraite
- l'amour d'une femme pour son mari violent en huis clos mais charismatique en société
Bref l'amour qui fait tout sauf...envie !
La construction est 1 à 2 pages maximum par personnage. Ce sont des monologues qui se succèdent les uns aux autres sans jamais de redites. Chacun est dans son histoire qui se recoupe régulièrement. Soyons clairs : ils sont tous frappadingues et pourraient être de potentiels meurtriers.
Le style est particulier : saccadé au début, il se structure au fur et à mesure. Il y a beaucoup d'insertion par les parenthèses, pour faire des "contre voix" par le même personnage qui se parle à lui-même, comme une oralité écrite. C'est un peu lourd et puis finalement, on s'y fait. Ce n'est pas une littérature très fouillée mais plutôt un exercice de style littéraire qui joue avec les clichés et les contre-clichés. C'est plaisant, joueur, bien vu, rythmé et l'épilogue est un coup de théâtre.
Merci à lecteurs.com et les Éditions Noir sur Blanc pour cette découverte.
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"C'est quand même dur de ne pas être aimé en retour, se dit Thomas en son for intérieur. De ne pas être compris, désiré, de ne provoquer au mieux que de l'indifférence, au pire, du dégoût. Ceux qui ont l'habitude de recevoir de l'affection ne s'en rendent pas compte. Ces enfants gâtés de l'amour : une bonne paire de claques, voilà ce qu'ils mériteraient de temps à autre" (p. 112)
"Ceux qu'on nomme les sauveurs ont une faculté de nuisance. Ceux qui prétendent vouloir vous venir en aide, qui se dise à l'écoute, altruistes, bienveillants et qui en vérité forcent votre reconnaissance et votre admiration, en prétendant s'être sacrifié pour vous" (p.400)
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