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Albertin n'est pas un bon fils, c'est pourquoi son père, fatigué par le départ de sa femme et par son travail, décide d'aller se mettre au vert à la campagne, et va tenter de remettre son fils sur les rails. Tout cela ne semble pas très bien fonctionner dans ce huis clos où ce fils refuse de travailler au lycée et ce père qui refuse de jouer son rôle de parent.
L'arrivée inopinée d'un dénommé Hans, un ami de longue date, va tout bouleverser. Derrière ses bonnes manières et ses bons petits plats, Hans ne souhaite qu'une chose : prendre l'éducation de l'adolescent en main et le changer en bon fils. Et pour ce faire, tous les moyens sont bons et l'imagination n'est jamais à court de stratégies...
Thriller psychologique, tragicomédie, relecture du mythe d'oedipe, critique drôle et acerbe de notre obsession de la réussite scolaire, il y a tout ça dans Le bon fils, et même davantage...
Racontée du point de vue du fils, cette histoire troublante et cynique nous emmène sur les chemins sinueux des relations parents-enfants, de l'adolescence et du système scolaire érigé en sauveur mais qui broie tout.
Voici un bien étrange roman qui mélange les genres, il tient à la fois du roman noir, de la comédie, du conte, du fantastique, de la satire sociale...
Un père récemment divorcé part s'installer à la campagne avec son fils de 17 ans. Le père est hypocondriaque, il traîne sa "pauvre carcasse", accablé d'une étrange fatigue.
Son fils Albertin , qui est le narrateur de cette histoire, est un ado type, dégingandé, avachi sur le canapé, il ne fait rien à l'école, aime se confier à un frêne et laisse souvent parler ses voix intérieures.
Le père reproche à son fils de ne pas être un bon fils, le fils reproche à son père de ne pas être un bon père.
Tous deux se livrent une guerre sans merci qui nous vaut des dialogues truculents entre le père et le fils.
Un jour, alors qu'ils aménagent une chambre d'amis, eux qui n'en ont aucun, arrive Hans, un homme qui se présente comme un ami de la famille, personne ne se souvient de lui mais il s’incruste peu à peu dans leur maison.
Hans est étrange, il rebaptise Albertin en Constant, est-il là pour transformer le mauvais fils en bon fils? Existe-t-il vraiment?
Etre un bon fils est tellement important : "Que peuvent attendre les bons fils sinon intégrer, une fois leur bac bien au chaud au fond de leur cartable de bon fils, de grandes classes préparatoires qui les guideront vers de grandes écoles, et ces grandes écoles, leur permettront d'obtenir sans effort de grands diplômes, et ces grands diplômes exerceront une force d'attraction telle que ces bons fils se marieront, auront beaucoup d'enfants qui à leur tour deviendront de bons fils. Le pays a besoin de bons fils."
Albertin/Constant trouve rapidement en Hans un père dont il a toujours rêvé, un homme qui s'occupe de lui alors que son père a complètement démissionné. Son père est uniquement préoccupé par ses notes à l'école et lui met une énorme pression.
Nous rentrons alors dans une sorte de huis clos entre ces trois personnages. L'action se situe sur une année, l'année scolaire du fils, année décisive, année charnière selon ce que lui disent son père et les enseignants. On est dans l'action et dans le temps présent ce qui donne au récit un petit côté théâtral, de plus, il est décomposé en trois actes, l'installation, la perturbation et la confession. On ne saura rien du passé des personnages.
Hormis quelques scènes au lycée, l'action se déroule dans la maison. Peu de personnages gravitent autour du trio : des élèves de la classe du fils dont le prénom n'est jamais donné, ils sont dénommés Lunettes Rondes, la fille aux boutons d'or ; des professeurs comme Mademoiselle Gheorghe avec deux h, prof de français.
Ce roman désarçonne par moments car on a parfois du mal à comprendre où l'auteur veut en venir, à saisir certaines métaphores. Mais c'est un vrai page turner avec des phrases courtes et de courts chapitres, le suspens et les tensions et les rebondissements ne manquent pas.
J'en ai retenu un roman sur les rapports père/fils, sur le complexe d’Oedipe et une critique sociale féroce et très drôle sur le diktat de la réussite scolaire et j'ai adoré son côté déstabilisant.
La couverture est magnifique, l'écriture est très visuelle, le ton est plein d'humour et d'ironie et le mélange des genres est un délice. Un roman original qui sort des sentiers battus.
Ce roman est sélectionné pour le prix Médicis
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/09/le-bon-fils-de-denis-michelis.html
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