"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un homme se confesse. Psychothérapeute, il vient de publier Changer le monde, livre dans lequel il révèle une méthode révolutionnaire destinée à guérir les hommes de tous leurs maux.
Moins de réflexion, davantage d'action ! Voilà en substance cette thérapie de choc, qu'il a lui-même appliquée à la lettre afin de conquérir la femme dont il a toujours été secrètement amoureux.
Un petit problème, néanmoins : notre homme est aujourd'hui interné en psychiatrie. Un drame est survenu dans son entourage.
Jour après jour, un médecin et une infirmière lui rendent visite, et recueillent ses « révélations ».
À la manière d'une enquête policière, nous découvrirons peu à peu son passé, ainsi que ses rapports mouvementés avec sa famille et ses patients, qui l'ont conduit à rédiger Changer le monde... et à passer à l'acte.
Avec les élucubrations de ce psy désaxé, égocentrique, manipulateur, démagogique, et profondément dans le déni, Denis Michelis nous offre une comédie tragique plus que jamais d'actualité sur la menace constante du populisme, la tentation et le danger d'une simplification de la pensée.
Je ne résumerai pas ce roman, je pense qu'il vaut mieux le découvrir de par soi-même...
Mais je me suis délectée à la lecture de ce monologue narcissique, pervers, et jubilatoire à la fois.
Je n'ai eu que de bons retours des lecteurs auxquels j'ai pu le conseiller.
Car, évidemment, il reste particulier, et ne convient pas à tout le monde. Mais j'aurai pu en lire davantage sans m'en lasser !
Mais qui est donc ce personnage qui répond au prénom de Robert et qui est interné à l’hôpital psychiatrique de Sainte-Marthe ?
Au fil des pages, Denis Michelis nous en dévoile un peu plus. Psychothérapeute reconnu, auteur d’un livre best-seller intitulé “Changer le monde” qui révolutionne la prise en charge des patients, Robert semble aussi avoir quelques comptes à régler avec sa famille.
En suivant le récit que nous fait Robert, ou plutôt qu’il fait à son médecin, on plonge au cœur d’un esprit perturbé, quelque peu paranoïaque et vivant dans un monde irréel. Difficile de démêler le vrai du faux au milieu des propos décousus du patient qui répond aux questions de son médecin par des pirouettes, des inventions où percent parfois des fulgurances de vérité.
Comment Robert en est-il arrivé là, qu’a-t-il dit et fait avec ses patients, quel rôle a-t-il joué dans la mort de son frère ? Autant de questions qui ne trouveront pas toutes des réponses à l’issue de la lecture de ce roman à l’humour noir qui se lit d’une traite, captivé malgré soi par ce personnage arrogant, prétentieux, menteur et en plein déni qui joue et se met en scène auprès de son médecin avec pas mal de mordant et d’ironie.
Il faut aborder ce livre plus comme un exercice de style que comme un véritable roman. Il est d’ailleurs assez difficile de rendre totalement justice à ce livre inclassable et assez déroutant. Mais il est aussi agréable d’être un peu bousculé dans sa routine de lecture.
Ce qui a amené le narrateur à s’entretenir depuis sa chambre quasi-carcérale (c’est ainsi qu’il la ressent) avec un psychiatre, on l’apprendra peu à peu, grâce au monologue (ou au pseudo- dialogue) de l’interné malgré lui.
Il prétend avoir écrit un livre qui révolutionne la prise en charge des patients dont la santé mentale vacille. Un succès phénoménal, nous dit-il. Même si l’éditeur est injoignable et que son interlocuteur semble en difficulté pour se le procurer.
Et peu à peu ce que l’on perçoit des dires de son médecin, met le doute : celui-ci en effet réclame constamment des preuves de tout ce qu’avance le narrateur. On comprend donc rapidement qu’il faudra faire le tri dans les allégations de cet homme qui vient de perdre son frère dans un accident de navigation étonnant de la part d’un moniteur de voiles aguerri aux dangers de la mer.
C’est ainsi que le lecteur progresse dans cette histoire pour aller de surprise en surprise. Doucement le vernis s’écaille laissant apparaitre une autre version des faits et de ce qui a conduit l’homme à un enfermement sous contrainte.
Humour noir et décalé réjouissant, j’ai adoré ce monologue construit avec beaucoup de finesse pour ne révéler que peu à peu le fin mot de l’histoire .
Un beau diagnostic à établir !
Merci à Netgalley et aux éditions Notabilia
Robert est un brillant psychothérapeute, auteur d’un best-seller planétaire : “Changer le monde”.
Que s’est-il passé pour qu’il se retrouve interné à l’hôpital psychiatrique Sainte-Marthe ? On mettra du temps à le comprendre (et encore, tout cela n’est, au final, pas très clair), tant Robert se fait prier pour répondre aux questions du Docteur, lui servant, ainsi qu’à Madame l’Infirmière qui l’assiste, de longs discours alambiqués sur son métier, sa vie, sa révélation (voir plus loin), le décès accidentel (?) de son frère adoré (?) Honoré, son père, sa mère. Difficile de démêler le vrai du délire dans ce monologue où Robert semble faire à la fois les questions et les réponses. L’illustre pensionnaire de Sainte-Marthe parle aussi de son livre, qu’il a écrit après un changement radical dans sa méthode thérapeutique : fatigué d’écouter ses patients avec compassion depuis des années pour un piètre résultat, il les pousse désormais à agir au lieu de parler. Assez de blabla, soyons simples et efficaces : vous avez peur des araignées ? Évitez-les. De l’avion ? Prenez le train. Vous êtes accro à l’alcool ? Buvez de l’eau. Vous êtes en conflit avec quelqu’un ou avec vous-même ? … je vous laisse deviner la solution.
Robert a-t-il fini par mettre en pratique sa nouvelle théorie ? Peut-être. Peu de choses apparaissent certaines dans ce roman : ni l’existence du Docteur ou de l’Infirmière, même pas celle du livre écrit par Robert, celle de ses compagnons de chambre ou des salsifis à tous les repas, et encore moins ce que Robert a commis, ou pas, de monstrueux.
Ce qui est sûr, en revanche, c’est que Robert ne provoque pas la sympathie, ni même l’empathie. En plein déni, prétentieux, arrogant, frustré, envieux, pleurnicheur, ce Calimero pathétique et incompris collectionne les qualificatifs peu flatteurs. D’accord, c’est son frère qui a toujours été le chouchou valorisé et admiré par papa, mais de là à faire preuve de tant de virulence (auto-)destructrice…
De Denis Michelis, j’avais dévoré “Etat d’ivresse” en quelques heures. Pareil avec celui-ci, qui captive, distille un certain suspense et installe une atmosphère inconfortable, accentuée par le fait qu’à la fin tout n’est pas révélé et que le doute et les questions sont semés.
“Encore une journée divine” est un roman un brin diabolique, incisif, grinçant, et met en garde contre la simplification à outrance du langage et de la pensée, qui trace la voie royale (ou présidentielle) aux populismes. Surtout ne pas croire, comme ce cher Robert, “qu’il est devenu impossible de penser le monde dans toute sa délicieuse et inquiétante complexité“, ou que “nous avons besoin de réponses simples […] surtout si les problèmes sont complexes“. A trop simplifier, attention, la folie nous guette…
Suspens et intrigue garantie dans ce roman autour d’un questionnement : De quoi Robert est-il coupable ?. Un beau jour, ce thérapeute reconnu, essayiste prolifique, n'a plus supporté de voir ses patients stagner et s'est mis en tête de changer radicalement de méthode. Assez de réflexion, d'introspection, d'écoute compatissante : le temps était venu de passer à l'action !
Au même moment, son frère disparaissait mystérieusement en mer. Désormais, c'est entre les murs d'un hôpital psychiatrique que Robert se confesse.
Avec les élucubrations de ce psy désaxé, manipulateur et profondément dans le déni qui affole et nous intrigue, l’auteur, Denis Michelis propose une farce tragique aux allures de roman policier. Un livre corrosif, plus que jamais d'actualité, sur la menace constante du populisme, démontre la tentation et le danger d'une simplification de la pensée.. Très actuel et instructif #NetgalleyFrance #encoreunejourneedivine
Lu dans le cadre du Prix Nouveau Talent Cultura 2021. Je remercie Cultura et les Editions Notabilia pour l’envoi de ce roman.
Un roman court (188 pages) et surprenant, construit sous la forme d’un monologue.
Robert, thérapeute reconnu, est hospitalisé dans un hôpital psychiatrique. Il s’adresse au médecin qui le suit.
Son discours, empreint de déni et tendant à la divagation, ressemble parfois à une logorrhée.
Mais derrière tous ces mots, le lecteur sent bien qu’il y a quelque chose que Robert veut absolument cacher.
Ce personnage est énervant et éprouvant. L’auteur a su remarquablement décrire la pensée, les raisonnements, les manipulations d’une personne souffrant de tels troubles psychiatriques.
C’est ce que je retiens surtout de ce roman.
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