"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après “Irena”, série terminée de cinq tomes et « Madeleine résistante », série en cours, Jean David Morvan au scénario et David Evrard au dessin propose ici encore le nouveau portrait en trois tomes de Simone Lagrange- Kadosche une femme résistante au destin hors du commun de confession juive, vivant à Lyon durant la seconde guerre mondiale.
Ce premier tome évoque la première « confrontation » en juin 1944 de Simone, alors âgée de 13 ans et de Klaus Barbie surnommé « le boucher de Lyon ».
L’histoire commence en février 1972, Simone alors âgée d’une quarantaine d’années voit à la télévision s’afficher le portrait de son tortionnaire suivi d’un appel invitant toute personne reconnaissant cet homme à témoigner. Immédiatement Simone semble le reconnaitre et plonge dans les années sombres son passé. Avec elle, nous revivons les années 1939-1944, depuis l’invasion de la Pologne par l’armée allemande puis l’avancée vers la France et la Belgique.
Simone appartenait à une famille de confession juive heureuse et bienveillante qui aidait son prochain et recueillit Jeanne, une jeune orpheline de guerre de quatre ans plus âgée que Simone. Elle raconte le changement de comportement à l’égard des juifs après les lois successives de Pétain concernant le statut des juifs. L’institutrice que la famille aidait financièrement se met à traiter Simone et ses amies juives de « sales vermine ». Jeanne , quant à elle, les dénoncera auprès de la Gestapo qui les enverra à Auschwitz.
Ce premier tome retrace donc la « vie d’avant » jusqu’à l’arrestation de la famille, on voit ainsi ce qu’enfant elle découvre de l’horreur guerre même en zone libre mais aussi de la trahison de ses voisins et amies. En parallèle, nous suivons Simone adulte dans ses démarches pour témoigner contre son tortionnaire. Elle ira jusqu’en Bolivie où s’est réfugié Barbie. L’album se termine par la scène de la confrontation de Simone avec un Barbie repentant larmoyant, ridicule et pathétique.
Un album qui est un devoir de mémoire, émouvant et prenant que les dessins tout en douceur et en rondeur de David Evrard accompagnent merveilleusement bien tout en compensant la gravité et la violence de l’histoire.
Juin 1944, Simy, 13 ans, est raflée avec ses parents, dénoncée par Jeanne qu'ils avaient pourtant recueillie.
Elle va croiser, pour son plus grand malheur, une des pires figures de l'histoire, le boucher de Lyon, Klaus Barbie, tortionnaire sadique au service du IIIe Reich.
L'inhumain violent, cruel, afin de lui extirper des informations, va faire subir le pire à la fillette.
Dix jours d'enfer avec d'être déportée et de découvrir les camps, direction Drancy puis Auschwitz-Birkenau.
Ces instants gravés dans sa mémoire et dans sa chair remontent à la surface lorsqu'elle croît reconnaître le visage de l'homme à la télévision 43 ans plus tard et qu'elle décide de témoigner.
Si le 1er opus était déjà extrêmement bouleversant, ce 2e tome relatant l'histoire de Simone Lagrange, née Simy Kadosche, l'est encore plus.
L'horreur de la déportation, la barbarie, la cruauté, l'ignominie de certains esprits malades.
Et puis aussi la fraternité, l'humanité, l'entraide, le courage et l'espoir dans cet océan de douleur, de peur et de colère...
Du haut de ses 13 ans, elle en a subi l'ignominie, a survécu à l'enfer, a résisté, s'est battue, et a affronté son bourreau 40 ans plus tard.
Pour la justice, mais aussi pour la mémoire.
Pour sa mère, ses amis, sa famille et tous les autres, pour les générations à venir qui doivent absolument savoir ce qui s'est passé et de quelle façon.
Au dessin, David Evrard livre toute la violence et l'horreur des situations insupportables qu'a vécu Simy, l'innommable vérité et la lumière nécessaire au souvenir. Et pourtant avec pudeur et humanité, les faits étant suffisamment parlants sans avoir besoin d'en faire un sinistre spectacle.
Je suis tétanisée par ces dessins d'enfant illustrant l'inimaginable... Et je n'ose songer à la difficulté de dessiner certaines scènes et de les mettre en couleur pour Benoit Bekaert (après Walter au 1er tome).
JD Morvan nous offre encore une fois un récit bouleversant sur ce moment de notre Histoire qu'il faut absolument faire lire, partout.
Un récit dur, mais nécessaire !
Ce 8 février 1972, alors qu'elle monte à Paris afin de participer à une émission de télé pour peut-être reconnaître un certain Klaus Barbie, Simone Lagrange se souvient... le siège de la Gestapo place Bellecour à Lyon, la prison de Montluc, les coups, les heures d'interrogatoire...
JD Morvan poursuit dans ce tome 2 le récit de Simone Lagrange, ou plutôt Simy Kadosche. Le passage par Drancy puis le départ vers Auschwitz-Birkenau.... c'est le récit des conditions inhumaines, de sa rencontre avec un monstre appelé Joseph Mengele mais c'est aussi le récit du désir de vivre, de sortir de ce camp debout.
J'avais déjà, à la sortie du tome 1, relevé la qualité de cet album qui prend le temps d'expliquer, contextualiser. Et le dessin de David Evrard qui ne cache pas la violence, qui sait mettre en scène les émotions de Simy, qui parvient à mettre à la portée de tous l'indicible.
Cette trilogie annoncée confirme avec ce tome 2 sa force pédagogique et sa puissance évocatrice. Le duo Morvan-Evrard, après Irena, met encore la barre très haut !
Nul ne peut ignorer l'appétence de J.D. Morvan pour les récits historiques, au point que ce scénariste ne les réserve pas qu’à ses lecteurs adultes.
En effet, si Madeleine Résistante a récemment retenu notre intérêt, Simone ou Irena ont trouvé auprès d’un lectorat plus jeune une attention particulière.
Alors pourquoi ne pas récidiver avec un épisode qui s’est déroulé pendant la Seconde Guerre mondiale et à nouveau le mettre à la portée de tous ?
Ce fait, la mort de deux adolescents membres des Amis de Spirou, c’est Jean Doisy, le rédacteur en chef du Journal de Spirou qui nous le dévoile au début de cet album, lors de leur enterrement.
Je ne divulgue rien, ce fait est avéré. J.D. Morvan a juste choisi de nous raconter l’histoire d’un groupe de six enfants faisant partie des AdS, tout en cachant le nom de ceux qui vont périr.
Parce qu’adhérer au club des AdS, c’est également adopter les valeurs prônées par le journal. Des valeurs qui vont rapidement être mises à mal avec l’invasion de la Belgique.
Alors quand en septembre 1943, les occupants nazis décident que le journal dédié à la jeunesse ne paraîtra plus, Flup, Georges, Pierrot, Paulo, Armand et Miche décident d’entrer en résistance et de publier leur propre journal.
Mais cette rébellion contre l’ordre établi ne va pas plaire aux uniformes vert-de-gris, qui ont décidé de traquer toute forme d’opposition, quel que soit l’âge, voire le très jeune âge des opposants.
Il n’y a pas d’âge pour comprendre ce qu’est l’oppression, surtout quand un album est parfaitement scénarisé et dessiné pour être lu par le plus grand nombre. Puisque c’est cela qu’est Les amis de Spirou, une lecture tout public.
Ce qui ne veut surtout pas dire que les faits ont été aseptisés, ils ne sont en rien cachés, ils sont juste bien expliqués.
L’humour utilisé dans les dialogues et les illustrations permettent d’aborder plus aisément les notions d’occupation, d’arrestation et de collaboration.
Pour compléter ce premier tome, les auteurs ont fait figurer un dossier documentaire à la fin de l’album, dont la lettre écrite par Jean Doisy pour honorer la mémoire de ces deux enfants partis injustement et prématurément.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !