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Chère Nadia Comaneci,
Montréal 1976 ! Les Dieux sont vieux et fatigués. Des guerres lasses, des paix éphémères, des mondes sans saveur, sans vie. De l’Homme ennuyeux et si prévisible.
A cet instant, Nadia, vous êtes venu, vous avez vu, vous avez vaincu. Les Dieux sont tombés des cieux, c’est la faute à vos yeux. Sur le cul, ce n’est pas la faute à Ceausescu. les Dieux sont troublés par une gamine si frêle, si fragile, mais si forte à la fois. Pour Nadia Comaneci, ils ont tapé 10 !
Ils en ont vu les Dieux, et pourtant là, Montréal 1976, ils sont marqués au fer rouge. La couleur d’une idéologie politique aux belles promesses, à l’avenir radieux. Portés par des dirigeants imbus, qui ne savent rien à la grâce d’une sortie de barres asymétriques, à la prouesse d’un salto sur une poutre. Ces dirigeants ont voulu vous garder pour eux. Mais Nadia Comaneci n’est à personne, surtout pas à eux. Faibles et vieux grabataires d’un système à bout de souffle. Montréal 1976, chère Nadia, vous êtes désormais à nous tous !
Ne craignez pas l’après. Ils me l’on dit, les Dieux, ils vous réservent une place de choix. Vous n’aurez plus à fuir pour vivre, plus à vous cacher, plus à traverser les barbelés, les lacs gelés pour exister.
Mais n’êtes-vous pas déjà l’une des leurs ? Votre nom suffit à mettre la diplomatie étrangère d’un pays (les États-Unis) sans dessus, dessous.
D’ailleurs, inspirés par Erato, les Dieux chantent vos louanges :
“Ce petit bout de rien, dans les moindres recoins
Ne sait pas à quel point, pour un battement d’elle
Les Dieux en sont venus, aux portes des chapelles”
Chère Nadia, je viens de terminer votre ouvrage. il ne faut pas attendre pour raconter. Ne pas laisser le plaisir de la lecture s’estomper. L’émotion s’évaporer. C’est pourquoi je vous écris. Où plutôt que je vous raconte :
c’était une salle haute, très haute, pas très large. En forme de L. Un parquet au sol, rappelait qu’elle servait aussi d’espace dansant et festif quelques samedis soirs dans l’année. Mais c’était avant tout, une salle de gymnastique. Avec ses barres asymétriques, son cheval d’arçons, ses barres parallèles…c’est drôle, à écrire, ses noms d’agrès me sont poétiques.
La gymnastique, je ne me souviens plus si j’y allais par passion ou par obligation. Sans doute un peu des deux. Loin de votre carrière, chère Nadia, pour moi, peu de faits d’armes sportifs, si ce n’est un titre de
champion départemental en poussin (j’en suis fière !).
A tourner la dernière page, à refermer votre ouvrage, vous avez l’aire heureuse, je le souhaite. Ne changez pas Nadia. Et ne soyez pas pressé, les Dieux sont patients et ont tout leur temps.
https://blogs.letemps.ch/sebastien-beaujault/2018/03/20/chere-nadia-comaneci/
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