Le point de vue singulier d’un gamin kabyle projeté au cœur de l’enfer, ce roman est un hymne aux grands oubliés de l’histoire de France
Le point de vue singulier d’un gamin kabyle projeté au cœur de l’enfer, ce roman est un hymne aux grands oubliés de l’histoire de France
Nous sommes en 1939, dans les montagnes de Kabylie...
Une petite journée, et j'ai déjà terminé ce troisième volet de la trilogie de Akli Tadjer sur le destin de cette famille Kabyle. Et, c'est mon préféré des trois, ce qui s'appelle finir en beauté.
Dans ce tome, le personnage principal est le fils Adam aussi, devenu avocat depuis peu. On est en mars 1962, juste après la signature des accords d'Évian. Les deux Adams vivent maintenant à Alger. Adam fils rêve de mettre son métier au service d'une Algérie libre et indépendante. Las, il se verra confier le dossier d'une militante de l'OAS, emprisonnée après avoir tiré sur des soldats lors d'une manifestation..
Comme dans les livres précédents, l'auteur nous conte la petite histoire de qulques personnages, en s'appuyant sur la grande, L'Histoire avec un grand H. Celle-ci est abordée par petites touches au cours du récit, pas de grandes descriptions des évènements, mais juste les impacts sur la vie de tous les jours de ces hommes et ces femmes du climat très spécial qui régnait en Algérie pendant ces quelques mois. Car, contrairement aux deux premiers tomes qui balayaient plusieurs années, l'action là est concentrée sur les quelques mois qui ont séparé la signature des accord d'Évian, mars 1962, et le référendum sur l'indépendance en Juillet de cette même année. Et c'est une des raisons qui m'a fait préférer ce tome. L'auteur y rentre plus dans les détails des personnages et de l'atmosphère très spéciale qui régnait en Algérie à cette époque.
Ce sont les derniers mois de l'Algérie française, ponctués par des manifestations, des attentats, même si le cessez-le-feu a été proclamé, la guérilla continue entre partisans de l'OAS et ceux du FLN, et la vie ne tient parfois qu'à un fil. Il suffit de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
Dans cette atmosphère de chaos, Adam père repart au mépris du danger dans le village de son enfance, lieu d'escarmouches, sans avouer à son fils le but de sa quête, tandis que Adam fils essaie de concilier sa foi en l'avenir de son pays et son amour de l'Algérie indépendante, libérée du colonialisme, avec la défense de cette femme, raciste, prête à tout pour que l'Algérie reste française. L'auteur nous peint de façon très subtile l'évolution d'Adam, de ses rapports avec sa cliente. La situation qui pourrait sembler caricaturale est traitée avec beaucoup de nuances, beaucoup de finesse par l'auteur.
En parallèle, par de petites touches, grâce aux personnages que rencontre Adam, on voit les forces en présence, le racisme ordinaire envers les arabes de la part des soldats et de certains colons, le désespoir aussi de ceux qui vont devoir quitter leur pays, pour la métropole où souvent ils ne seront pas bien accueillis.
J'ai encore plus apprécié ce tome par son intérêt historique, sur cette période de quelques mois, précédant l'indépendance, et aussi par le cadre plus « exotique », Alger la belle :
« Alger était belle comme toujours. Comment se peut-il qu'une aussi jolie ville avec un ciel si pur et des flots si bleus puisse charrier autant de malheur, de larmes, de souffrance ? »
Le fait de resserrer le récit sur quelques mois donne aussi plus d'intensité à celui-ci. et enfin, j'ai à nouveau apprécié tout le talent de conteur de l'auteur et son humanisme.
Dans un contexte assez sombre, l'espoir en l'homme est toujours présent.
Merci à NetGalley et aux éditions Les Escales pour ce partage #Deruinesetdegloire #NetGalleyFrance.
J'avais lu et aimé le premier tome de cette trilogie sur l'histoire de ce jeune Kabyle, Adam, qui avait du venir se battre en France pour défendre un pays qui n'était pas le sien.
Il est pour moi préférable de lire ce premier tome avant celui-ci (Ce sont des petits livres qui se lisent très vite)
Adam est resté en France. Il va y traverser cette période charnière entre la fin de la seconde guerre mondiale et le début des évènements en Algérie. Il ne ne sent plus chez lui là-bas, il n'est pas forcement chez lui ici non plus, comme certains se plaisent à lui rappeler.
On le retrouve vivant avec Elvire, rencontrée pendant la guerre. Ils dirigent ensemble la tannerie du père de celle-ci, envoyé en camp, qui n'est jamais revenu, jusqu'au jour où une lettre arrive...
La force première de ce livre pour moi, c'est l'écriture. Une écriture simple et belle à la fois, qui décortique sans pathos les sentiments éprouvés par les personnages. Un livre qui se lit tout seul tant j'ai trouvé fluide et claire cette écriture (Et ça fait du bien, me comprendront mes partenaires de notre dernière LC)
Le personnage principal n'est pas pour moi le plus attachant de cette histoire, j'ai souvent trouvé qu'il regardait sa vie au lieu de la vivre, incapable de retourner en Algérie et de véritablement oeuvrer pour l'indépendance de ce pays, incapable de se battre pour garder la femme avec qui il vivait. Mais, il n'est pas seul dans ce livre, et j'ai beaucoup aimé tous les personnages secondaires, qu'il côtoie et qu'il va souvent aider, plus doué pour améliorer la vie des autres que la sienne. J'ai aimé Nour, cette jeune femme si en avance sur son temps, J'ai aimé Mohammed arrivé en France sans parler le Français et qui se battra pour passer le certificat d'études. Et il y a aussi le deuxième Adam, pétri de certitudes quand il arrive en France, et qui va se laisser apprivoiser.
L'auteur aborde dans un récit plein de nuances, sans charge excessive, à travers ses différents personnages, le statut difficile des ces Algériens venus en France pour y trouver du travail, et souvent très mal considérés et mal traités.
Il y aborde aussi les années qui ont précédé la fondation d'Israël et là aussi les tensions vives entre palestiniens et juifs arrivant de toutes part pour trouver un refuge. Et là, malheureusement, on en est toujours au même point...
Akli Tadjer est une formidable conteur, qui nous fait vivre ces années d'après-guerre, avec humanité. Et j'ai le troisième sur ma table de nuit...
Troisième et dernier volet d’une saga relatant le parcours d’une famille Kabyle de 1939 à 1962, ce roman nous plonge, pendant les derniers mois de la guerre d’indépendance, dans une Algérie sur le point de tourner la page du colonialisme.
Mars 1962. Les accords d’Evian aboutissant à un cessez-le-feu n’ont pas été signés depuis huit jours qu’éclate la fusillade de la rue d’Isly. Tournant à la panique pour une raison indéterminée, une manifestation de civils favorables à l’Algérie française est mitraillée par des soldats tricolores. Des dizaines de morts et deux centaines de blessés tombent sur le pavé d’Alger. A son grand désarroi, l’avocat frais émoulu Adam El Hachemi Aït Amar, tout entier à ses idéaux d’une Algérie indépendante rassemblant démocratiquement habitants de souche et immigrés français, se voit confier la défense d’Emilienne Postorino, une fervente partisane de l’Algérie française, accusée d’avoir déclenché la panique et le massacre en tirant la première.
Ajouté à la perspective quasi certaine de l’indépendance – un référendum d’autodétermination doit avoir lieu dans trois mois –, cet épisode qui, entre attentats de l’OAS et du FLN, enlèvements et assassinats, vient renchérir sur le climat de violence, précipite l’exode massif de ceux que l’on appellera pieds-noirs et harkis. C’est donc dans un contexte plus que jamais tourmenté qu’Adam, déchiré entre convictions personnelles, éthique professionnelle et inquiétude pour son père vaquant à de mystérieuses affaires dans sa campagne, doit décider quel parti adopter.
« Il y a trois sortes d’avocats : ceux qui se soumettent aux lois, au-dessus ceux qui les refusent, au-delà ceux qui s’en imposent. Débrouillez-vous avec ça, mon cher confrère. Pardon, j’en oublie une, les avocats hors-la-loi, ceux qui n’écoutent que la loi de leur cœur. » Pour notre personnage capable de se garder de tout manichéisme dans un environnement pourtant dramatiquement clivé, ce sera donc la voie du coeur, sans haine et avec la prise de recul autorisant une pondération lucide et douce-amère. Lui qui a dû fuir Paris pour échapper à la conscription ne sait que trop ce que déracinement veut dire et saura reconnaître aussi bien les torts et travers réciproques que l’intensité des drames vécus de part et d’autre.
Immersif et rythmé, le récit très cinématographique embarque efficacement le lecteur dans ses péripéties historiques. Et même si les épisodes relatifs au père finissent, dans leur improbable conclusion, par verser dans l’outrance mélodramatique, l’on se laisse volontiers séduire par cette histoire si bien contée qui sait avec intelligence et empathie souligner responsabilités et souffrances de chaque camp. A noter qu’il n’est pas besoin d’avoir lu les précédents tomes de la saga pour apprécier celui-ci.
'ai été attirée par ce livre par son beau titre poétique et la couverture : n'avais pas vu qu'il s'agit d'un troisième tome, mais cela n'empêche pas d'appréhender cette lecture et je vais lire les précédents, ensuite.
J'ai beaucoup aimé ce texte sur un sujet difficile puisqu'il s'agit des derniers jours des "événements" d'Algérie, puisqu'à l'époque nous ne parlions pas de guerre. J'ai lu quelques livres sur cette guerre et ai un rapport un peu personnel avec cette histoire car mon père a fait partie des appelés français mais n'a jamais voulu en parler mais a ramené de cette période quelques cauchemars. J'avais apprécié les textes "attaquer la terre et le soleil" de Mathieu Belezi, "de nos frères blessés" de J Andreas et "l'inaccompli" de Christophe Jamin.
Ce texte m'a plu car il nous raconte les jours avant la promulgation de l'indépendance de l'Algérie. Nous sommes en Mars 1962, Adam El Hachemi Aït Amar est avocat au barreau d'Alger. Jeune avocat, il rêve de mettre ses compétences au service de l'Algérie libre, mais lorsqu'on lui confie la défense d'Émilienne Postorino, activiste en faveur de l'Algérie française, il se trouve confronté à une situation délicate : défendre l'ennemi et tout ce contre quoi il s'est engagé.
Ce que j'ai apprécié dans ce texte c'est d'avoir la vision du côté des algériens, "indigènes". L'auteur nous raconte à travers l'ensemble de ces personnages les impacts de décisions prises à Paris. Nous sommes au plus près des différents personnages, des relations entre père et fils, entre employeur et employé, des relations amoureuses, amicales... Il y a des pages terribles sur la situation de la vie quotidienne à Alger , des attentats, des contrôles armées.. Mais aussi des pages plus poétiques, plus calmes, que ce soit les scènes dans le village natal du père du personnage principal.
Aves beaucoup de romanesque mais un fond historique très bien documenté, nous nous attachons aux personnages et à leurs histoires, relations ...
Ce texte nous permet d'appréhender ces pages de l'Histoire, avec des points de vue différents mais aussi avec les petites histoires qui font la grande Histoire.
#Deruinesetdegloire #NetGalleyFrance
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