"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est dans le Gaîté-Palace, un cinéma de banlieue laissé à l'abandon, que Mohamed, ébéniste au passage du Grand-Cerf, revisite sa vie, celle de ses parents et, surtout celle de son jeune frère, Lyes.
Ses souvenirs se figent puis se glacent d'effroi lorsqu'Aïcha, la mère, décide de fêter les vingt ans de Lyes dans son village natal en Algérie, pendant les années barbares. Lyes ne fêtera jamais ses vingt ans. Le jour de son anniversaire, Mohamed et Lyes tombent dans un piège tendu par les Combattants de l'Islam. Et c'est le monde qui bascule. Mohamed réussit à s'enfuir, laissant son frère aux mains des terroristes. Il ne s'est jamais remis de cette disparition.
Vingt-cinq ans plus tard, Mohamed reçoit sur son compte Facebook un étrange message de Houria, une jeune femme, qui habite Alger...
Parce que j’avais apprécié « Alphonse » d’Akli Tadjer, j’ai emprunté « la vérité attendra l’aurore » du même auteur. Et bien ce fût le même régal.
Mohamed nous raconte sa double culture, des parents algériens, une vie française, une mère désœuvrée, un père qui fait ce qu’il peut pour subvenir aux besoins de la famille. Alors qu’en en 1993 il part au bled avec la famille il est loin de se douter que sa vie s’en trouvera chamboulée à tout jamais. Au même titre quand 25 ans plus tard il reçoit un message jamais il n’imagine qu’un deuxième bouleversement va se produire.
Akli Tadjer nous entraine sur un sujet d’actualité, non des sujets : l’appartenance à deux cultures, l’islamisme intégral. De manière plus légère qu’à l’accoutumée, avec une certaine dérision parfois il nous fait prendre conscience de la difficulté de cette deuxième génération qui a dû faire sa place en France. Il nous présente également l’emprise que peuvent avoir les religieux intégristes. J’ai apprécié ce livre qui se lit vite mais qui donne à réfléchir. En fait l’histoire est « ordinaire » racontée avec des mots de tous les jours et du coup semble tout à fait réaliste. Une écriture simple et enlevée donne le rythme qui reste soutenu, pas un seul moment d’ennui.
Humour, nostalgie, mélancolie, secret voilà les mots que j’emploierai pour vous inciter à lire ce petit bijou
L’auteur nous livre un drame familial sous fond de guerre civile Algérienne. Nous comprenons dès le début qu’il est arrivé quelque chose à Lyes, le frère de Mohamed, qui a brisé leur famille, le récit nous apporte petit à petit des éléments de réponse. Nous savons que Lyes a disparu puis les éléments nous sont ensuite amenés de manière chronologique ce qui crée une tension, où à chaque moment nous nous interrogeons sur ce qui s’est passé. Cet événement a chamboulé sa vie, Mohamed a fait le choix de quitter la femme qu’il aimait, Nelly, et de faire un tour de France, ses parents eux ne s’en sont jamais remis. L’auteur nous compte donc la vie avant le drame, ses espoirs et envies, cela un peu comme des rétrospectives, qui donne un ton mélancolique au roman, cette période étant celle du temps béni et de tous les possibles.
L’auteur aborde l’histoire de l’Algérie avec d’abord l’immigration de certains Algériens en France suite à l’occupation, puis la guerre civile teintée de terrorisme et le retour à la démocratie, une démocratie qui a réhabilité les combattants de l’Islam… J’ai découvert l’histoire de ce pays surtout cette partie sur la guerre civile qui m’a profondément touché et meurtri d’autant qu’aujourd’hui ce genre d’ignominies se produisent encore dans le monde.
Akli Tadjer évoque surtout la double culture des Algériens immigrés, Mohammed vivant en France de parents Algériens. Il nomme cela la « schizophrénie normale ». Il n’avait qu’une envie vivre dans Paris loin de son quartier et de sa culture. Après le drame, il a arrêté de pratiquer et s’est éloigné de ses racines. Mais sur la fin, il finira par accepter cette double culture qui fait de lui ce qu’il est. Je trouve qu’il aborde ce sujet avec des mots justes, qui nous permettent de ressentir un tant soit peu ce que cela peut être.
Un véritable coup de cœur, j’ai dévoré ce roman. L’écriture est fluide, moderne. Un roman sous fond de double culture très intéressant, envoutant, tout y est drame, romance, famille.
Retrouvez toutes mes chroniques sur mon blog : https://leslecturesdemamannature.wordpress.com/
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