Un poisson sur la lune de David Vann aux éditions Gallmeister, est un roman autobiographique où se mêle réalité et fiction. L’auteur revisite son histoire familiale, une manière peut-être pour lui d’exorciser le passé ?
Les livres de K79, un des membres du Cercle livresque, nous livre son avis
David Vann s’intéresse à l’âme humaine. Pour ce faire, il ne reste jamais en surface et creuse au plus profond pour faire ressortir les maux les plus enfouis. Il ne se préoccupe pas des apparences et préfère dévoiler les faces cachées. Ainsi ses romans ne sont pas d’un romanesque fou et tendent plutôt vers l’introspection. En général, il choisit une spécificité de la psychologie de l’Homme et le personnifie dans son roman.
Pour ce nouvel ouvrage, il décide de s’attarder sur la dépression. Son acteur principal avait tout pour être heureux. Un bon métier, une femme qui l’aimait, beaucoup d’argent. Suite à des comportements malheureux, toute cette belle machine se met à dérailler. Alors que tout était sous contrôle, sa vie commence à lui échapper. Petit à petit, il perd son envie de s’en sortir et s’enfonce dans la déprime. Malgré l’intervention de son l’entourage, une fin tragique semble inéluctable. Il ne voit plus les raisons de se battre. Sa famille et ses proches vont devoir gérer le comportement incontrôlable de cet homme qui ne croit plus en rien et qui veut juste en finir.
Cette histoire est d’autant plus dramatique que des indices laissent penser que les évènements sont autobiographiques et qu’ils concernent le père de l’auteur. C’était peut-être une manière d’exorciser le passé. Quoi qu’il en soit, sa plume magnifique sied parfaitement à ce drame et nous immerge dans l’esprit torturé et dérangé de ce suicidaire.
Comme à son habitude, David Vann ne nous offre pas une histoire des plus réjouissantes. Si vous n’avez jamais lu cet auteur, cela risque de vous choquer. Il ne faut pas craindre le noir car aucune lueur d’espoir ne viendra à vous. « Un poisson sur la lune » frappe juste et fort. C’est un roman âpre, déstabilisant, angoissant, duquel on a besoin de sortir pour respirer !
Vous avez aimé cette chronique qui vous a donné envie de lire Un poisson sur la lune ?
N’hésitez pas à suivre ce lecteur pour découvrir vos nouvelles lectures.
Retrouvez toutes les chroniques du Cercle livresque (ex Club des Explorateurs) dans Voir plus d'articles "Cercle livresque"
David Vann est un écrivain américain né en 1966. Originaire d’Alaska où il vit une partie de son enfance jusqu’au divorce de ses parents, il suit alors sa mère en Californie. Quand David a treize ans, son père se suicide et ce drame va suivre l’auteur toute sa vie durant.
Aujourd’hui, il vit entre la Nouvelle Zélande et l’Angleterre où il enseigne la littérature. Avant cela, il travaille l’écriture de plusieurs productions sans se faire éditer, ses romans sont qualifiés « trop sombres ».
Il suit alors une de ses aspirations, la navigation ! Il continue d’écrire et parvient à faire publier un récit d’aventure, le témoignage de son naufrage dans les Caraïbes. Ensuite, son succès littéraire ne cesse de croître.
Venons-en désormais à son roman « Un poisson sur la lune » édité par la maison d’édition Gallmeister qui met en valeur la couverture par une illustration accrocheuse. Le titre est poétique.
D’ailleurs, à l’achat d’un roman de cette édition, un magnet nous est gentiment offert, une attention qui m’a charmée !
Jim Vann vit seul en Alaska depuis son divorce. Cet homme a toutes les cartes en mains pour réussir sa vie et être heureux. Il exerce la profession de dentiste comme son père, est marié et a deux enfants.
Et puis, lentement, insidieusement, le mal-être s’installe, il divorce une première fois puis une deuxième, ne pouvant se contenter d’une seule femme, et part à la dérive psychologique.
Jim quitte l’Alaska afin de rendre visite à sa famille, ses enfants, ses deux ex-épouses, son frère Doug, ses parents et ses amis.
Il se rend chez chacun d’eux avec comme seul bagage son mal de vivre symbolisé par une arme qu’il ne quitte pas. Jim veut en finir !
Chacun de ses proches va tenter de le ramener à la vie.
Ce qui m’a touché dans ce roman réside dans la description (à travers le comportement tout à fait déjanté de Jim) de la dépression à son apogée où plus rien n’a de sens.
Jim observe les autres personnes être heureuses et tire cette conclusion ultime : Pourquoi ?
Quel est le sens de tout cela ?
Quel est le sens de la routine dans laquelle chacun s’installe, des apparences, des convenances si aliénantes ?
En quête de l’introuvable, il sombre, ne se relève pas, devient inadapté face à ses enfants, ses parents, la société.
Ce récit interroge !
Qu’est ce qui rend heureux ?
Où trouvons-nous la joie de vivre et quel sens suivons-nous ?
Outre le récit des frasques de l’homme perdu, se trouvent les sentiments, l’attachement, le devoir, la culpabilité et toutes les ruminations en lien avec l’état dépressif qui rongent peu à peu.
L’écriture est profondément humaine et attachante. On sent que l’auteur s’est énormément penché sur la question du mal de vivre où l’unique sens est celui de quitter la scène.
J’aimerais poursuivre la découverte de l’œuvre de David Vann et tenterais bien Sukkwan Island.
PS : j’ai remarqué que dans plusieurs chroniques, Jim devenait James, c’est d’ailleurs le cas sur la quatrième de couverture. Quelqu’un sait-il pourquoi ?
Merci pour cet avis sur ce roman qui a l'air intense et qui mêle réalité et fiction. Je ne connais pas cet auteur.