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Pour un automne amoureux… des livres !

La revue de presse littéraire du mois d'octobre est arrivée

Pour un automne amoureux… des livres !

Avant le mois de novembre où tous les cœurs des amoureux des livres se mettront à battre à l’unisson des prix littéraires, déclamant publiquement leur préférence pour l’une ou l’autre des œuvres de cette rentrée, parlons d’amour ad libitum.

 

 

Comment parler d’amour sans émotion ? Dans Télérama, Catherine Deneuve nous livre ses goûts, ses passions et rit de sa participation au format court de Loïc Prigent où elle lit des perles entendues dans le milieu de la mode. Retenons-en une qui nous concerne : « Elle va manger au Flore, cela lui donne l’impression de lire.» Le futur lauréat du Prix de Flore appréciera. Mais c’est dans ce même numéro surtout que nous trouvons ce qui devrait être un formidable guide dans notre quête de l’amour, comme le fut Denis de Rougemont en son temps : Histoire des émotions par Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello (Le Seuil). Cette somme est une histoire délicate ne serait ce que dans la définition de l’émotion qui, comme l’écrivent d’emblée les trois maîtres d’œuvre d’aujourd’hui, « l’émotion, dans ses variétés historiques, ses nuances, ses déclinaisons, reflète d’abord une culture et un temps. Elle répond à un contexte, épouse un profil de sensibilité, traduit une manière de vivre et d’exister, elle-même dépendante d’un milieu précis, singulier, orientant l’affect et ses intensités.»


Dans Le Point, Alain Mabanckou déclare, lui, son amour de la langue française au-delà du Rhin et des Pyrénées, dans Le Monde est mon langage (Grasset). « Sous forme de lettres, de réflexions, de conversations informelles ou de véritables interviews, Alain Mabanckou décline l’univers de chacun avec diligence mais sans jamais lâcher son indéfectible humour » selon la journaliste Frédérique Briard. On y croisera Dany Laferrière et son éditeur Rodney Saint-Eloi, Sony Labou Tansi, ou Douglas Kennedy, et se dessine alors « une véritable déclaration d’amour à la langue française et une cartographie vagabonde de son essor dans le monde.»

L’amour, c’est politique, comme le dit Cynthia Fleury. Et en ce mois d’octobre, il semble que le politique amoureux ait pris toute la place avec la publication des Lettres à Anne et du Journal pour Anne de François Mitterrand, tous deux publiés chez Gallimard. Le florentin président qui donna à la fille qu’il eut avec Anne Pingeot, destinataire de ses correspondances, le nom d’une bibliothèque, balaye « toute prévention par l’intensité foudroyante du sentiment amoureux dont ces pages témoignent, par la stupéfiante beauté des mots et des arguments par lesquels (il) s’emploie à dire cet amour, à s’émerveiller de son évidence, à en ausculter avec passion et stupéfaction la moindre vibration », s’enflamme la chef du service Livres de Télérama, Nathalie Crom. C’est dans le même hebdo que nous pouvons lire ces mots de François à Anne : « Ce qui domine en moi, Anne, comprenez-le, c’est le sentiment qu’il existe entre nous un monde de relations subtiles et délicates.»

Anne Pingeot ne publie pas ses lettres de réponses à François et pourtant si l’on en croit Santiago Amigorena dans Transfuge, l’amour est plutôt du côté des femmes : « Les femmes se sentent chez elles dans l’amour et les hommes s’y sentent plutôt étrangers. Quand je me sens homme, l’amour m’est totalement étranger. Les femmes ont une supériorité, elles touchent mieux la réalité donc acceptent mieux la différence, c’est-à-dire l’amour. L’homme, perdu comme il est dans le monde, a tendance à partir en courant quand il voit un être un peu différent. Toute ce que je viens de vous dire vaut quand je me sens homme. Quand je me sens femme, ou homme et femme, ma perception des choses est différente.» Et pour la connaitre peut-être faut-il lire son dernier roman Les premières fois (P.O.L) où il affirme que « la première fois où l’on fait l’amour on entre dans l’âge adulte.»

« Parce que c’était lui, parce que c’était moi» disait Montaigne de La Boétie. Il semble que ce soit quasiment ce sentiment de choix amoureux dont nous parle Lionel Duroy auteur de L’absente et célèbre ghost-writer dans une enquête du Figaro Littéraire sur les nègres littéraires : « En ce qui me concerne rien n’est dissimulé, le lecteur sait d’emblée que le livre a été écrit avec ma « collaboration », c’est le terme que nous utilisons. Ce sont le plus souvent des artistes qui souhaitent écrire leurs Mémoires, et cela m’intéresse beaucoup.» C'est donc cela être nègre, une évidence, une rencontre… le début d'un amour peut-être ?


Construire un « édifice amoureux» ne serait-ce pas l’une des plus belles preuves d’amour ? C’est ce que Nina Bouraoui confie à la journaliste Christine Boisseau du Monde qui commente : «Nina Bouraoui désirait faire de Beaux rivages un roman de résistance et d’espoir pour ceux qui ont perdu la foi en l’amour. Surtout, une sorte de « compagnon de déroute », comme le furent pour elle Passion simple ou Se perdre d’Annie Ernaux » et l’auteur d’enchérir : « Les livres doivent servir à cela, à se sauver de la perte, de la douleur. A sauver et à grandir.»

 

Souffrir puis grandir, et aimer, Maya Angelou, l’icône noire américaine, l’a vécu et l’a raconté. Dans Elle, mais aussi dans Le Point, la parution des Lettres à ma fille (Editions Noir sur Blanc ) de l’auteur admirée par Obama et Beyonce est saluée. « Celle qui fut violée à 5 ans par son beau père, mère célibataire à 17 ans, danseuse puis comédienne dans les années 1950 à Paris et journaliste au Ghana » sut rebondir jusqu’à écrire Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage (Livre de Poche), un classique. Dans ces Lettres à sa fille, elle lui donne ce conseil plein d’amour et de poésie : « Essaie d’être un arc-en-ciel dans le nuage d’autrui.»

 

Enfin, comment tombe-t-on amoureux d’un livre ? Peut-être est-ce un coup de foudre au premier regard ? Ou peut-être est-ce en le regardant de dos ? L’Express se livre à quelques œillades dans le dos des livres avec une enquête instructive sur « La bataille des quatrième de couverture ». Glenn Tavennec, directeur de la collection La Bête Noire chez Robert Laffont y confie sa recette : « Peu de quatrièmes sont vraiment lues, d'où l'importance d'une accroche et d'un 'pitch', comme au cinéma. En fait, les meilleures sont rédigées par des gens qui n'ont pas lu le livre et à qui on l'a raconté. Il faut savoir mentir vrai ! Un éditeur aime trop ses romans et fait trop de promesses. »  Claude Durand, grand manitou des lettres et ancien patron des éditions Fayard disait de la quatrième de couverture : « Donc faites comme vous pouvez, mais ne perdez pas de temps». Peut être le meilleur conseil en amour comme en livre ?

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