La revue de presse littéraire du mois d'octobre est arrivée
Peu après son divorce, Augustin doit se séparer de sa maison. Bouleversé par le spectacle du déménagement, il s'enfuit en voiture avec pour tout bagage quelques photos, un ordinateur et ses deux vélos, puis se lance dans une course folle à la recherche d'un refuge, butant sur les personnes que le hasard place sur sa route - dont une femme qui le poursuit d'hôtel en hôtel. Revivrait-il le même effondrement psychique que sa mère, expulsée de son bel appartement de Neuilly un demi-siècle plus tôt ? Égaré, furieux et magnifique, Augustin entreprend alors de reconstituer l'histoire de cette femme qu'il a enterrée sans une larme. Au fil de ses rencontres, son regard sur elle commence à changer.
Mené à un train d'enfer, à la manière d'un extravagant road movie, L'Absente redessine l'univers inépuisable que Lionel Duroy explore livre après livre.
La revue de presse littéraire du mois d'octobre est arrivée
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Cette semaine, suivez Cécile Boyer-Runge, PDG de Robert Laffont et Betty Mialet codirectrice des éditions Julliard.
Un homme, Augustin, divorce et perd la maison dans laquelle il se sent en paix et où il a toujours pu écrire.
A partir de là, sa vie prend une direction totalement imprévue dans une sorte de fuite éperdue pour retrouver sa sérénité, ses repères et un lieu pour se réfugier et poursuivre son travail d’écriture.
A la recherche de la première phrase de son prochain roman dont son sujet sera sa mère, il part sur les routes, de Verdun à Bordeaux sur les traces de sa famille.
Il ira même jusqu’à se faire embaucher, sous une fausse identité, dans le domaine familial bordelais.
Durant cette fuite, remontent à la surface son enfance, la relation de haine qu’il entretenait avec sa mère et l’histoire de sa famille déchue.
Augustin s’interroge, cherche à comprendre l’histoire de cette femme qu’il pense haïssable et qui a fait de lui l’homme et l’écrivain qu’il est devenu et qui raconte sa famille comme un exorcisme à ses chagrins et ses incompréhensions d’enfant.
Un road-movie captivant et non dénué d’humour qui amène Augustin à rencontrer des personnages surprenants et à reconstituer la vie éparpillée de sa mère, victime (consentante ?) et bourreau d’un mari beau parleur et menteur qui les a conduit à la ruine, jusqu’à la révélation du secret familial fondateur de sa famille. Un excellent roman de Lionel Duroy.
Je ne sais pas si on peut lire ce roman sans être familier de Lionel Duroy ... pour moi, c'est toujours un réel plaisir plaisir de retrouver Augustin, dans ses pérégrinations et ses tourmentes, toujours désespérément seul. A chaque fois, on se demande où son destin d'homme et de père brisé va le mener. Cette fois, au delà de son divorce, c'est la perte de sa maison qui le désarçonne. Devant ce désastre, il perd pied et s'enfuit dans une crise de panique. Il fuit ses enfants et sa vie, et ne semble pas comprendre que le ciment, le centre de cette vie, c'est lui et non la fameuse maison. Cette fuite le mène sur les sentiers de ses souvenirs. Des endroits où il a été heureux, où il a eu des projets. On assiste peu à peu à une résurrection, au fil des pages, c'est merveilleux, l'espoir revient car il a trouvé comment dénouer son histoire avec sa mère : partir sur ses traces et peut-être enfin essayer de comprendre plutôt que de juger. C'est très émouvant et très beau.
Il ne faudrait pas qu'Augustin aille trop bien, sinon il n'y aura plus rien à écrire ...
Encore Augustin. Encore Esther. Encore leur rupture.
Augustin, le même que dans « Echapper » est contraint de vendre la maison familiale, celle qu’il avait promis aux enfants de ne jamais vendre.
Tout part en garde-meubles, sauf plein de photos, de dossiers, d’objets aimés qu’il entasse dans sa voiture, plus les deux vélos sur le toit.
Et Augustin, plus paumé que jamais, part sur les routes de France, au grè de ses pensées, de ses chagrins, de ses souvenirs. De la Bretagne à la Lorraine, à Bordeaux, , il se cherche, a du mal à se trouver. Mais il trouve sa mère, par les photos, celle qu’il appelait « l’idiote », et envisage d’écrire un livre sur elle, de la reconsidérer.
Lionel Duroy raconte Augustin, se raconte, et on ne s’en lasse pas. On se laisse entraîner dans ses errances, dans ses souffrances. Dans ses déplacements dictés par ses pensées. Décousues ses pensées, comme sa vie, comme lui.
C’est le prolongement de « Chagrin », et on se laisse prendre pareil
Et même sans être aussi accroc que Sarah dans le livre, ça donne envie de connaître de plus près Lionel Duroy, lui qui se livre si bien sans qu’on s’en fatigue.
Retrouver Augustin dans le désarroi, la dépossession de sa maison, il divorce à nouveau et cette maison où il a mis tellement de lui pour en faire un cocon va être vendue.
Pour tout le monde c’est un bouleversement mais pour Augustin, c’est encore et toujours le rappel de ce qu’il a vécu toute son enfance. C’est comme une trahison de la vie.
A l’heure où les déménageurs vident tout, il entasse des souvenirs dans sa Peugeot, il file droit sur la Bretagne sur les traces d’un bonheur fugace. Il retrouve même une station-service en déshérence où un jour, il y a longtemps il s’était imaginer en pompiste-écrivain.
Il file au quatre coins de l’hexagone, d’une façon burlesque, avec la fantaisie d’un Jacques Tati mais un fil conducteur…
Il fuit dans la frénésie et l’agitation intérieure, cette situation il l’a déjà trop vécue.
Les souvenirs affluent, et la plume d’Augustin, c’est comme un ongle qui gratte la croute d’une plaie, jusqu’à retrouver la peau rosie en reconstruction.
Mais ce qui est nouveau c’est l’image de sa mère qui émerge sans l’enveloppe de colère dans laquelle elle survivait dans ses écrits précédents.
La perte de sa maison, cocon essentiel à son équilibre, fait voir à Augustin que sa mère a pu être dans ce tourbillon de folie et de froideur que peut engendrer la perte de ce qui met à l’abri, un toit où vivre.
Son vélo est son meilleur ami, celui qui est là pour ses fugues, sans rien demander ou exiger.
L’auteur nous explique son processus d’écriture, en mode survie.
Il nous raconte les implications tant physiques que psychiques de la dépossession, de la perte.
Lorsqu’il part sur les traces de sa mère c’est une façon de s’approprier celle qu’il n’a pas connu, car de sa mère il n’a que les images du mal-aimé et de la vie chaotique faite de chutes et de cris.
La tendresse conservée envers son père n’est aucunement dénuée de lucidité.
Si l’auteur, dans ce récit intimiste se dévoile encore plus, il met son lecteur face à une question, une seule : que connait-on réellement de la vie de ses parents, la vie de l’homme et de la femme avant les enfants ?
Comment appréhender les méandres qui les ont construits individuellement et qui les a réunis.
Lionel Duroy a sous sa peau cette « intranquillité » qui couve comme le feu sous la cendre. C’est devenu son ADN et il ne s’en débarrassera jamais mais après ce livre il va pouvoir composer avec.
Une maison n’est-ce pas le ventre maternel avant la confrontation avec la réalité.
L’écriture est fluide, la narration coule comme l’eau d’un ruisseau, la nature est là et le lecteur referme ce livre en sachant que l’auteur a retrouvé « sa » maison.
Personnellement comme j’aime ce qu’écrit Lionel Duroy je suis impatiente de savoir le sujet de son prochain roman.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 31 mars 2017
Lionel Duroy continue son introspection familiale…..
L’Absente, c’est sa mère, ou Suzanne, celle de son héros et double Augustin.
Quand il perd sa maison, suite à son divorce avec sa femme, tout lui revient en mémoire, son enfance, l’expulsion de ses parents de l’appartement de Neuilly, la détresse de sa mère, grande bourgeoise rejetée par sa famille.
Et il part à la dérive, sur les routes, à la recherche d’un nouveau point d’ancrage. Mais si finalement, tout cela n’était pas pour qu’il découvre enfin ce qui s’est passé avec sa mère. Pourquoi, il n’a jamais écrit sur celle qui a façonné sa vie d’enfant et fait l’adulte qu’il est devenu avec ses failles.
Il y a deux parties dans ce livre, la première empreinte de rencontres drôles, étranges et troublantes, celle de la fuite en avant. Et puis la seconde, plus touchante et que je ne dévoilerai pas car elle permet de redonner du souffle au récit et de tout comprendre.
Un joli livre sur la famille qui fera certainement écho.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/12/labsente-de-lionel-duroy.html
De Lionel Duroy j'ai lu "Le chagrin" paru en 2010 et en garde à l'esprit un souvenir très précis tellement j'avais trouvé ce récit touchant.
Pour poursuivre son œuvre autobiographique Lionel Duroy utilise dans "L'absente" le personnage d'Augustin, son double romanesque, écrivain comme lui.
Augustin a perdu sa maison après son divorce suite au départ de sa femme. Cette perte le bouleverse car c'était la maison d'enfance de ses enfants, leur point d'ancrage. Sa vie part en lambeaux, il n'a plus aucun endroit où se poser, il part alors sur les routes avec ses deux vélos sur le toit de sa voiture, son périple va le mener de la Bretagne à Verdun puis à Bordeaux.
Augustin a envie de mourir, cela le renvoie au souvenir de sa mère qui menaçait de se jeter par la fenêtre après leur expulsion de leur appartement de Neuilly, Augustin avait alors 9 ans, sa mère âgée de 38 ans était déjà mère de 8 enfants et enceinte du 9ème. C'est la première fois qu'il se sent proche d'elle. Il se rend compte qu'il réagit comme elle en se renfermant sur lui-même face aux problèmes, qu'il est tourmenté comme elle, qu'il a hérité de son "intranquillité".
Écrire un livre sur sa mère s'impose alors à lui, comprendre l'énigme qu'était sa mère. Qui était-elle avant son mariage, pourquoi a-t-elle épousé son père Toto qui était complètement son opposé? "Traverser l'horreur qu'elle m'inspire pour aller voir derrière l'image et parvenir à dire qui était la mère à l'origine, avant la catastrophe que fut son mariage avec cet homme." Il a en sa possession une photo de sa mère en juillet 42, jolie jeune fille de 19 ans, entourée de ses parents dans le parc du château familial, il l'examine à la loupe, remarque son regard vide et comprend qu'elle souffrait de mélancolie "Pour une fois, au lieu de ne s'intéresser qu'à lui, il pense à la mère."
Il va essayer de comprendre cette mère objet de terreur, pour laquelle il n'éprouvait que du mépris. Une mère qu'il traitait d'idiote et qui ne l'aimait pas engendrant une souffrance dont il n'a pu sortir que grâce à l'écriture "écrire pour exister dans le regard des autres puisque je mourais dans celui de ma mère."
Il se souvient qu'elle était très tendue quand elle se rendait dans le château familial de sa famille près de Bordeaux et comprend qu'elle a été bannie par sa riche famille après son expulsion du grand appartement de Neuilly.
L'écriture est au centre de ce roman car Lionel Duroy raconte le livre qu'il projette d'écrire sur sa mère, sa difficulté à le démarrer tant qu'il n'en a pas trouvé la première phrase. Il considère que l'écriture l'a sauvé de la dépression, l'écriture est pour lui comme le vélo, s'il arrête il tombe...
En se mettant à la place de sa mère, Lionel Duroy livre ici un portrait apaisé de cette femme qui lui a échappé toute sa vie, il semble avoir compris des choses qui le touchent. Il comprend son absence liée à la neurasthénie et sa souffrance de femme emprisonnée dans les codes que ses parents lui ont transmis. Enfant gâtée, mondaine, fascinée par le luxe, coincée dans le souci des apparences, le culte du paraître, l'importance de "tenir son rang" elle n'a pas pu supporter le déclassement social que son mariage désastreux a engendré.
L'expulsion et ensuite leur vie dans une cité ouvrière harcelés par les huissiers a détruit sa mère qui n'avait plus pour se raccrocher que le titre de baronne que Toto lui avait offert par le mariage.
Cette voie vers l'apaisement est proche de celle de Christine Angot qu'il cite d'ailleurs dans son récit.
Dans ce livre très agréable à lire Lionel Duroy excelle dans l'analyse de ses propres sentiments, il décortique à merveille ce qu'il pense comprendre de la personnalité de sa mère.
L’œuvre de Lionel Duroy repose en grande partie sur un ressort autobiographique. Comme vous le savez, je ne suis pas forcément attiré par ce type de livre, surtout quand j’ai l’impression que l’auteur se sert de son texte pour se décharger ou pour oublier. En général, je me sens en dehors du drame et très peu concerné.
De ce que j’ai compris en me renseignant, chaque roman de l’œuvre de Lionel Duroy s’intéresse à un laps de temps précis de son passé. Cela lui permet de préciser chaque moment et ainsi au fil des livres, de retracer avec précision l’intégralité de son histoire familiale. Dès les premières pages, on suit Augustin, le double de l’auteur, dans son quotidien. Ce quotidien qui se résume à l’écriture et surtout à la quête de vérité concernant sa mère. Il nous entraîne sur les routes, en voiture, en vélo, sans attache. Petit à petit, il collecte des éléments qui complètent son puzzle de vie, tout en essayant de ne pas se laisser déborder par le présent. Le récit est donc parsemé de lieux communs, de banalités et sa vie, en elle-même, n’a rien de d’extraordinaire. A cet instant, vous devez logiquement penser qu’encore une fois, ma crainte initiale s’est vérifiée…
Et bien pas du tout ! Parce que le talent de Lionel Duroy a fait son effet. Je ne serais pas dire par quel moyen il y arrive, mais ça a fonctionné sur moi. J’ai suivi les pérégrinations de cet écrivain torturé avec une attention constante et une grande envie de connaître la suite. Et c’est là toute la magie de cet auteur, qui a su me passionner pour cette histoire vraiment personnelle et qui n’aurait dû intéresser que lui-même. Grâce à de petites touches d’humour et de brèves rencontres truculentes, j’ai pris un certain plaisir à ce voyage sur les chemins de la vérité. A la fermeture de cette « absente », je pense même me lancer dans un autre de ses romans à l’occasion, afin d’étoffer cette saga familiale grinçante.
Je suis d accord avec l'avis de l'exploratrice de la page 100 je voudrai préciser que je me suisi un peu perdue dans la chronologie des évènements
Pour moi ce n'est pas des meilleurs livres de la rentée
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