Nina Bouraoui a accepté de répondre aux questions des nombreux lecteurs de son nouveau roman Beaux rivages (ed JC Lattès)
Nina Bouraoui a accepté de répondre aux questions des nombreux lecteurs de son nouveau roman Beaux rivages (ed JC Lattès)
L'un est pour, l'autre est contre ! Découvrez les critiques de Marie-Laure et Hervé pour "Beaux rivages" de Nina Bouraoui (Lattès)
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Nina Bouraoui rend un hommage émouvant à son père, qui a été plus qu'un père. Il a été LA figure qui lui a permis de se construire et de s'affirmer dans sa vie.
L'autrice nous présente ce père qui a compté aussi bien dans le contexte professionnel dans lequel il a évolué, mais aussi dans sa vie de famille. Lire ce texte, c'est donc se replonger dans un contexte historique avec les liens qu'elle a avec son pays d'origine, l'Algérie, ainsi que les souvenirs et l'attachement qu'elle porte à ce pays. C'est aussi tout un pan de son enfance qu'elle se remémore et sa construction en tant que jeune femme qui se découvre.
L'écriture de ce roman lui permet donc de parler de son père, mais surtout de se révéler au lecteur sur ce qu'elle est elle. On comprend ainsi qu'elle est celle qu'elle est grâce à cette figure paternelle, qui l'a porté toute sa vie (au sens figuré) et qui reste en elle malgré sa disparition. Un écrit qui lui permet d'essayer de faire son deuil, même si on ressent que cela n'est pas évident.
"L'été peut renaître, la lumière éclater, les jours rallonger, les amoureux s'embrasser mon père n'est plus de la fête, assigné à la maison médicale, privé des instants joyeux et de la course des hommes et des femmes du dehors."
De la peine, se délester des souvenirs, le parfum apaisant des fleurs, un cancer, la colère, la perdition, des tentacules, la légende, la solitude, de la tristesse, de la colère, un calendrier intime, la lumière du jour, de la réalité, se sentir différente, du fantasme, ne pas vouloir dormir, de l'arrachement, une vibration, impossible de brider son esprit, le seuil des ténèbres, un arbre blanc à feuilles noires, les larmes, rester aux aguets, l'éternité des minutes, l'Algérie de son enfance, un porte cartes, l'effacement, de la douceur, le passé désordonné, marcher dans ses pas, passer comme une bourrasque, un allié silencieux, donner un cadre, des fauteuils ronds couleur pastel, guetter la douleur, un radeau de fortune, son livre préféré...
La fin de vie, la maladie, la dépendance, la relation avec la personne malade et le milieu médical, le récit de l'agonie, le tourbillon des émotions, l'éclatement de la cellule familiale, la dévastation, l'intimité, le temps qui passe de façon différente, la vulnérabilité, le fait de devoir avancer, de garder sa dignité et sa force...
Je me suis bien sentie concernée par les thèmes abordés dans ce livre.
Le style de Nina Bouraoui est généreux, rempli d'amour, de sensibilité, et de courage.
L'autrice rend un belle hommage aux Grand seigneur, héros doux, lumineux et bouleversant. Une écriture sensible, tendre et pudique. Des souvenirs qui reviennent de Paris à Alger Nina Bouraoui nous raconte une histoire très personnelle celle de son père ce Grand seigneur. Un livre intime, romanesque, les secrets, la perte d'un proche, les histoires et les contradictions, les blessures de la vie.
Quête d'identité, Exil, Déracinement, Homosexualité, Couple, Racine et Culture.
Une lecture de la rentrée littéraire de cette hivers 2024 que je vous conseille.
"La fin de vie est une aventure à part entière, elle possède ses rites, ses habitudes, sa géographie et ses personnages, elle fige les aventures passées après les avoir remisées dans une chambre secrète dont on a égaré la clé, deux mondes se mélangent, celui des couchés, celui des debout, aucun langage assez juste pour que ces deux mondes s’entendent et se répondent. Je sais la colère du premier, la perdition du second."
Nina Bouraoui, confrontée aux derniers jours de la vie de son père, a réussi à confier ses sentiments et ses souvenirs pour faire vivre à ses lecteurs ces moments si difficiles. Au travers de ces lignes, elle réalise un magnifique et émouvant hommage à cet homme entré en soins palliatifs le 28 mai 2023.
J’avais déjà lu Nina Bouraoui dans Tous les hommes désirent naturellement savoir et je retrouve son homosexualité assumée dans Grand Seigneur. Ce Grand Seigneur, c’est bien sûr son père qui, malgré ses absences longues et fréquentes à cause de ses responsabilités, a su accepter sa fille telle qu’elle est pour qu’elle vive heureuse et qu’elle s’épanouisse.
Proche de la fin de sa vie à cause d’un cancer généralisé, son père se trouve dans la maison médicale Jeanne-Garnier, dans le XVe arrondissement, à Paris.
Le nom de cet établissement dont je n’avais jamais entendu parler me permet d’apprendre que Jeanne Garnier (1811 – 1853) est la pionnière dans le domaine des soins palliatifs. C’est à Lyon où, à 24 ans, elle vient de perdre son mari et leurs deux enfants, qu’elle a fondé les Dames du Calvaire, une association de femmes. Animée par une foi et un amour sans pareils pour l’humanité, elle a décidé de s’occuper des malades incurables, délaissés. Plus tard, d’autres femmes, comme Aurélie Jousset, à Paris, en 1874, ont poursuivi son œuvre.
Je reviens à ma lecture de Grand Seigneur pour indiquer que Nina Bouraoui ne cache pas que l’argent n’est pas un problème dans cette famille qui a quitté Alger alors qu’elle n’avait que 14 ans. Si sa mère est française, Rachid, son père, haut fonctionnaire international pour l’Algérie, voyait sa sécurité menacée. Celui-ci lui avait appris que Bouraoui signifie le conteur en arabe… tout un programme pour Nina devenue une écrivaine qui compte.
Alors, l’autrice écrit encore remarquablement, réussit une impressionnante plongée dans ses sentiments, ses souvenirs, avec beaucoup de très justes et de très émouvantes réflexions.
Entre ses visites et le temps passé auprès de son père, elle rend hommage à son Amie précieuse et, surtout, elle rappelle l’existence de celle qu’elle nomme A et qu’elle aime. Au passage, elle n’oublie pas une certaine Hélène avec laquelle les relations n’ont pas été simples. J’ajoute qu’elle ne néglige aucunement sa mère et sa sœur ainsi que d’autres relations.
Ce qui m’a le plus touché dans ce récit, c’est l’amour entre ce père et sa fille : c’est énorme et la qualité de l’écriture de Nina Bouraoui permet d’aller au-delà des apparences pour cultiver ce monde des souvenirs souvent enjolivés mais quelle importance ?
Dans Grand Seigneur, l’autrice réalise une recherche approfondie sur son père, ses origines, ses goûts, son enfance et sa jeunesse. Si les phrases sont longues, elles sont parfaitement maîtrisées. Au passage, beaucoup de questions essentielles sur la mort sont posées et méritent que nous y réfléchissions, ce que Grand Seigneur m’a permis.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/04/nina-bouraoui-grand-seigneur.html
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