Depuis 2012, on célèbre la journée internationale de la fille tous les 11 octobre.
Tous les hommes désirent naturellement savoir est l'histoire des nuits de ma jeunesse, de ses errances, de ses alliances et de ses déchirements.
C'est l'histoire de mon désir qui est devenu une identité et un combat.
J'avais dix-huit ans. J'étais une flèche lancée vers sa cible, que nul ne pouvait faire dévier de sa trajectoire. J'avais la fièvre.
Quatre fois par semaine, je me rendais au Kat, un club réservé aux femmes, rue du Vieux-Colombier. Deux coeurs battaient alors, le mien et celui des années quatre-vingt.
Je cherchais l'amour. J'y ai appris la violence et la soumission.
Cette violence me reliait au pays de mon enfance et de mon adolescence, l'Algérie, ainsi qu'à sa poésie, à sa nature, sauvage, vierge, brutale.
Ce livre est l'espace, sans limite, de ces deux territoires.
Depuis 2012, on célèbre la journée internationale de la fille tous les 11 octobre.
J'ai déjà lu quelques livres de Nina Bourai que j'ai appréciés.
Ici elle nous fait part de ses souvenirs, de sa vie, de son homosexualité, de sa jeunesse en Algérie, de sa vie en France.....
De courts chapitres intitulés « se souvenir, « savoir », « devenir ».
Tout est raconté pêle-mêle, en vrac.
J'avoue avoir modérément apprécié.
Je n'ai pas retrouvé le style que j'avais aimé dans ses autres livres.
Ce livre relève plus du journal intime que d'un sujet de livre.
Je m'y suis ennuyée et y ai trouvé peu d'intérêt.
«Tous les hommes désirent naturellement savoir.» C’est par ces célèbres mots que commence la Métaphysique d’Aristote. C’est aussi cette célèbre citation qui donne son titre au 15ème roman de Nina Bouraoui, qui à travers ces lignes, livre son enfance, son histoire familiale entre l’Algérie et la France.
L’auteur se plonge dans ses errances et nous emmène avec elle à travers sa honte, sa culpabilité d’être une femme différente. Une femme qui découvre son homosexualité. Une femme à la recherche de ses désirs et de ses amours. Mais surtout une femme qui cherche à se faire aimer.
Une quête de soi, en parallèle d’une quête identitaire, entre l’Algérie de son enfance et la France de ses années étudiantes. C’est avec la violence née en Algérie que sa honte fait surface et devient viscérale au point qu’elle cherche à s’effacer, à s’engloutir dans ses conquêtes, dans ses errances.
Des errances qui la mènent, peu à peu, à l’acceptation de ses différences.
Fille d’un couple mixte, elle grandit dans l’amour familiale mais elle se sent étrangère entre ses deux pays, mais aussi étrangère au sein de ses propres désirs.
Elle couche les mots pour raconter sa haine d’elle-même, sa haine de ses désirs homosexuels. Elle est tour à tour homosexuelle et homophobe, tiraillée entre ses désirs et son éducation. Grandir dans un pays musulmans laisse des traces, elle devient schizophrène à force de se perdre dans ses choix, ses idées et ses désirs.
Comment trouver sa place, à la fois dans son esprit et dans son quotidien ? Nina Bouraoui exprime avec brio ce tiraillement entre l’éducation et les désirs et enfin l’acceptation de soi.
Un livre qui raconte, comme une histoire, racontée à haute voix et même si cela semble parfois décousu,cette manière de se livrer fait que le lecteur s’immerge dans ses souvenirs.
J’ai grandi en Tunisie et par beaucoup d’aspects, je me suis retrouvée dans ce que raconte l’auteur. La place de le femme, ses désirs, les rejets, mais surtout dans l’opposition que l’on ressent entre éducation et aspirations profondes.
L’auteur se livre et nous parle du déracinement, de son enfance et de sa quête identitaire.
Je ne suis pas fan d’autobiographie et je dois dire que lorsque j’ai sollicité le livre sur NetGalley je n’avais pas compris que cela en serait une. Pour autant, je ne regrette pas cette lecture, qui même si elle m’a déstabilisé par sa construction, a été agréable à lire.
Voguant entre ses souvenirs, de l’Algérie à la France, dans une quête d’identité bouleversante, Nina Bouraoui nous offre une part intime des nuits de sa jeunesse. Son dernier roman » Tous les hommes désirent naturellement savoir « est paru aux éditions JC Lattès en 2018.
p. 11 : » J’ai vécu en France plus longtemps que je n’ai vécu en Algérie. J’ai quitté Alger le 17 juillet 1981. «
Dans une alternance de chapitres très courts, l’auteure raconte tour à tour son enfance en Algérie et en Bretagne et ses nuits parisiennes, lorsque, jeune adulte, elle fréquente le Katmandou, un club parisien réservé aux femmes.
Ce roman relate le combat intérieur d’une femme qui cherche à comprendre l’origine de son homosexualité dans ses liens de filiation.
p. 12 : » Je veux savoir qui je suis, de quoi je suis constituée, ce que je peux espérer, remontant le fil de mon histoire aussi loin que je pourrai le remonter, traversant les mystères qui me hantent dans l’espoir de les élucider. «
Intimement persuadée que cette lutte intérieure a été conditionnée dès sa plus jeune enfance, la narratrice se remémore l’agression dont sa mère a été victime.
p. 27 : » Plus tard, je m’infligerai le devoir de protéger toute femme du danger, même s’il n’existe pas. «
Le déclenchement semble-t-il de son détachement à un quelconque désir au sexe opposé. C’est à dix-huit ans, au moment des premiers désirs entre les bras des femmes, que Nina Bouraoui entreprend l’écriture, comme une délivrance, un exutoire.
p. 43 : » L’écriture agit comme un élixir, son geste m’apaise, me rend heureuse. «
Garçon manqué enfant, elle peine à trouver une position dans une famille déjà atypique, composée d’une mère bretonne et d’un père algérien. Sa sœur aînée semble s’être attribuée la place de fille, au sens le plus large du terme, alors que Nina ne sait comment se placer.
p. 61 : » Il y a une histoire de l’homosexualité, des racines et un territoire. Elle ne vient pas du désir, du choix, elle est, comme on pourrait le dire de la composition du sang, de la couleur de la peau, de la taille du corps, de la texture des cheveux. Je la vois organique, cela me plaît de l’envisager ainsi. L’enfant homosexuel n’est pas l’être raté, il est l’être différent, hors norme et à l’intérieur de sa norme à lui, dont il ne comprendra que plus tard qu’elle le distingue des autres, le condamnant au secret, à la honte. «
Si elle envie les garçons du quartier dans la liberté de leurs attitudes, elle méprise leur violence. Particulièrement proche de sa sœur pendant ses années d’enfance, ses amies attireront déjà son regard. Le regard d’une jeune fille à la recherche de son identité sexuelle.
p. 31 : » Je souffre de ma propre homophobie. «
Les mots sont forts, mais sont le reflet d’une lutte intérieure, d’un certain dégoût – ou du moins rejet – d’elle-même. Mais combien de tourments, de nuits d’insomnie et de douleurs pour s’accepter, enfin, dans son entièreté ? Accepter cette différence qui deviendra une évidence et une force. Car lutter contre sa propre sexualité, c’est lutter contre soi-même.
p. 251 : » […] je n’y arrive pas, je ne m’assume pas, c’est éprouvant d’être différente, même si je ne peux plus faire autrement, j’ai fait un pas, je suis fière de moi, mais j’en veux à la terre entière, je trouve cela difficile d’être homosexuelle, personne ne s’en rend compte, ne mesure ça, cette violence. «
Cette immersion dans l’intimité de l’auteure est d’une touchante sincérité. L’évolution vers l’acceptation de son homosexualité passe par de nombreuses phases, comme l’atteste ce roman. Tout ce temps, ces années à lutter contre la naissance d’un désir, mais un désir qui diffère de la norme, est le témoignage d’un mal être intérieur d’une grande violence. Un roman bouleversant, qui peut contribuer à trouver un apaisement intérieur vers ce qui ne doit pas être un combat, mais une acceptation de soi.
Nina Bouraoui a quitté l’Algérie à l’âge de 14 ans pour venir vivre à Paris. Dans Tous les hommes désirent naturellement savoir, elle laisse remonter les souvenirs, parle de ce qu’elle vit, de ses difficultés, de son homosexualité et cela donne un livre très décousu et déroutant.
Les chapitres ont tous pour titre un verbe à l’infinitif : Devenir, Se souvenir, Savoir, Être, les deux premiers revenant le plus souvent. À Paris, elle se rend dans un club réservé aux femmes, le Katmandou, et tente de mener une double vie entre ses rencontres et sa solitude : « Elle est couverte d’épines et d’orties. »
Elle se souvient d’Alger, de la terreur qui monte, de sa mère agressée dans la rue et tente de s’affirmer : « Je sors seule, comme un homme. Je me crois libre, mais ce n’est pas ça la liberté ; personne ne m’attend, personne ne m’espère. Je ne suis rien, j’en ai conscience et j’ai honte. » Au club, qu’elle nomme familièrement le Kat, elle rencontre des ouvrières, d’anciennes détenues, des prostituées. Ces femmes ne sont pas du même milieu qu’elle mais elles ont la même orientation sexuelle.
La peur est là, dans beaucoup de pages, celle qu’elle éprouvait à Alger, la peur du sida en France mais le plus difficile est de trouver sa place : « La France c’est le vêtement que je porte, l’Algérie c’est ma peau livrée au soleil et aux tempêtes. »
Elle parle des femmes qui l’attirent, de sa mère à la fac de Rennes, des femmes à Alger et de ses grands-parents maternels, tous les deux chirurgiens-dentistes, qui n’ont jamais accepté son père. Alors, Nina Bouraoui lâche : « J’écris pour être aimée et pour aimer à l’intérieur de mes pages. Je réalise mes rêves en les écrivant - je m’invente, ainsi, de nombreuses liaisons, vainquant ma peur des femmes et de l’inconnu. »
Drogue et alcool sont le quotidien de ces femmes qu’elle rencontre alors qu’elle n’arrive pas à connaître un bonheur complet, à s’épanouir, toujours déchirée entre les souvenirs de cette violence inouïe connue en Algérie et rêves et désirs bien compliqués à assouvir.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
J'avais très envie de découvrir cette auteure. J'ai choisi de débuter par son dernier roman Tous les hommes désirent naturellement savoir aux Editions Lattès, nouveauté de novembre de la médiathèque de ma ville.
Un roman très intime dans lequel Nina Bouraoui nous parle de sa vie, de son enfance, de son adolescence, des débuts de sa vie d'adulte homosexuelle à Paris dans les années 80-90.
J'ai beaucoup apprécié ces courts chapitres, sans aucune chronologie et qui n'ont rien à voir les uns avec les autres. On navigue entre l'Algérie et la France, entre l'enfance, l'adolescence et le début de la vie d'adulte. On fait la connaissance de sa famille, de ses amis, de son entourage. On se plaît à découvrir ces morceaux de vie que l'on assemble petit à petit comme un puzzle. On ne peut plus s'arrêter et on dévore ce roman d'un trait.
L'écriture est forte, rythmée, engagée. Elle traduit tout au long du roman une certaine violence mais aussi la honte de soi, la peur ressentie par cette jeune femme. Cette honte de soi qui ne vient pas tant d'elle mais plutôt du regard de haine et d'incompréhension que les autres posent sur elle en raison de son homosexualité.
Un roman fort, intime et engagé qui laisse une trace et qui me donne envie de découvrir les autres romans de Nina Bouraoui.
Même si j’ai été un peu désarçonnée au début par ces très courts chapitres qui n’ont (à première vue) pas de fil conducteur, bribes de souvenirs décousues et par cette écriture « hachée », j’ai très rapidement pris plaisir à découvrir Nina Bouraoui et su apprécier sa plume qui se révèle finalement poétique et pleine de charme.
Elle se livre avec beaucoup d’authenticité, pudeur et sensibilité. Son récit est intime et sincère, tout en abordant des réflexions universelles liées à la nature, l’écriture, l’identité......................................
https://libre-r-et-associes-stephanieplaisirdelire.blog4ever.com/nina-bouraoui-tous-les-hommes-desirent-naturellement-savoir
Tous les hommes désirent naturellement savoir est sans doute le roman le plus intimiste de Nina Bouraoui. Elle livre ici , par fragments, son chemin de vie depuis l’enfance de l’autre côté de la Méditerranée, en Algérie, à celle qui est la sienne actuellement, à Paris.
L’autrice déroule le fil de ses pensées, de ses errances, de ses interrogations, de cette généalogie qu’elle porte, de cette homosexualité qu’elle a mis si longtemps à assumer, des « livres-remparts » qui ne l’ont en aucun cas protégée, de sa différence, de cette richesse qu’est la « double culture ».
Divisé en courts chapitres qui évoquent parfaitement le long périple qu’est l’accomplissement de soi (« Se souvenir », « Devenir », «Savoir » et « Etre ») le roman porte les traces de souffrances multiples, d’interrogations non résolues, un peu comme s’il marquait le début de quelque chose.
Nina Bouraoui raconte son enfance « homosexuelle »
« Il y a une enfance homosexuelle. Cette enfance est la mienne. Elle ne répond à rien. Elle ne s’explique pas. Elle est ».
La difficulté viendra ensuite. A l’adolescence. Quand il faut entrer dans le moule. La honte sera là , tapie, bien présente. Honte de ne pas assumer, honte liée au poids culturel, au poids sociétal.
Simulanément, vient l’horreur en Algérie, l’exil, le déracinement, la France, les nouveaux codes à apprendre, la famille maternelle à découvrir, les grands-parents bretons, chirurgiens-dentistes, qui « vérifient les dents ». Qui assènent parfois des mots qui font mal « La contrée lointaine et sauvage, les arriérés, notre pays qui n’est pas à la hauteur du leur, les étrangers que nous demeurons »
Le roman est également, et peut-être avant tout, selon, moi, un hommage à la mère de l’autrice. A ce lien fusionnel qui les unissait, un lien précieux, rare, unique. Hommage à cette femme qui n’avait aucunement hésité à bousculer les bons principes et les bons sentiments pour vivre son amour avec un homme de culture différente, dans un pays porteur de plaies non cicatrisées.
A Paris, Nina Bouraoui fréquente le Kat, lieu réservé aux lesbiennes. Elle est la plus jeune , elle observe, elle écrit. Elle devient. Parce qu’on ne cesse de devenir
« Nous ne cessons de chercher à savoir, nous, les hommes et les femmes, égaux et différents, lancés dans le tourbillon de la ville et des atomes invisibles et magnétiques ».
Tous les hommes désirent savoir dit, dénonce, éveille, ouvre la voie. A l’heure où l’homosexualité n’est pas encore réellement acceptée, à l’heure où des gens descendent dans la rue pour la dénoncer de façon répugnante, à l’heure où la différence, les différences sont encore bel et bien stigmatisées, le roman de Nina Bouraoui est une lecture nécessaire.
J’ai été touchée par le ton intimiste, par ces confidences de femme, par cette fragilité, par cette douleur, ces douleurs, par le regard de l’autrice sur son parcours, sur sa famille, sur sa mère, sur son pays, sur le poids de la culpabilité, de la culpabilisation.
Avec "tous les hommes désirent naturellement savoir", Nina Bouraoui se livre a coeur ouvert avec un retour aux sources, aux souvenir, à la mémoire, à la vérité.
Ce roman est beau, il émeut, il touche grâce a cette sensibilité qu'à Nina Bouraoui, une écriture agréable, des chapitres court et incisifs qui s'articulent autour du "savoir, "se souvenir, "devenir et "être".
L'auteure fouille sa jeunesse dans le meilleur comme dans le pire, à la recherche du sens de son désir, de sa propre identité, à la quête des origines de la différence. Le récit est poignant car Nina Bouraoui tente de joindre ce qu'elle aime, ce qu'elle ressent, son attitude de jeune femme et la "normalité" qu'on attend à cette époque.
"Tous les hommes désirent naturellement savoir" est aussi un témoignages d'une époque : celle d'une France conservatrice refoulant l'homosexualité, celle de l'Algérie avant la guerre civile...
Un magnifique roman de la rentrée littéraire 2018, grâce à une prose émouvante, un sujet touchant, un bout de vie de Nina Bouraoui livré avec énormément de sentiment, entre exil, enfance, identité sexuelle et féminité.
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