Le Club des Explorateurs permet chaque semaine à deux lecteurs de lire en avant-première un même titre que nous avons sélectionné pour eux et de confronter ainsi leur point de vue.
Cette semaine, nos deux Explorateurs ont lu Ne mets pas de glace sur un cœur vide de Patrick Besson (Plon).
L’avis d’Elsa Vaudy :
Patrick Besson a une écriture très fluide que j'ai aimé dès les premiers mots. Même si l'intrigue a proprement dite ne présente que peu d'intérêt, le style de l'auteur m'a fait lire ce roman en moins d'une demi-journée.
L'intrigue est donnée par le personnage principal, Philippe, un professeur de Lettres à la retraite qui se décide à écrire un épisode de sa vie dans son immeuble à Malakoff entre 1989 et 1993. Le lien très particulier qu'il entretient avec son voisin du dessus, Vincent Lagarde, un riche rentier en attente d'une greffe de cœur. Selon Philippe, Vincent est justement un être sans cœur antipathique qui attire les femmes généreuses au grand cœur. Il voit passer ses conquêtes : Vanessa et Sonia qu'il ne pourra s'empêcher de conquérir lui aussi. Quand Vincent aura enfin sa greffe de cœur, il trouvera sa dernière compagne, Karima, avec qui il se mariera et aura un enfant. Une femme beaucoup plus mystérieuse qui représente une réelle obsession pour Philippe. On connaît son secret assez rapidement dans le récit.
Philippe est représenté souvent dans le processus même d'écriture, pourquoi il utilise telle figure de style ? Pourquoi il élude certains passages ? Il se compare à d'autres écrivains. Cet aspect m'a moins plu, ce personnage donneur de leçons, professeur de lycée parisien de gauche, c'est une personnalité qui ne m'a pas conquise du tout. J'ai souvent eu le sentiment d'assister à un cours magistral.
Il y a une forte nostalgie dans ce récit, la nostalgie d'une époque pas si lointaine que ça mais les habitudes ont tellement changé en moins de 30 ans. Le regret d'une époque où l'on pouvait sortir sans être joignable et où l'on faisait des recherches dans un dictionnaire et non sur internet. C'est un sentiment omniprésent dans le récit. J'ai également retrouvé une grande importance de la ville et des rues qui entourent Malakoff. Cet environnement fait partie intégrante de l'histoire.
En refermant ce roman, j'ai eu le sentiment que finalement l'histoire importait peu. Ce qui ressort réellement c'est la nostalgie, la ville, la littérature et le grand cynisme des personnages.
© Elsa
L’avis de Lise Lise :
Avez-vous un ami que vous n’aimez pas ? Et qui ne vous aime pas non plus ?
Si oui, vous avez un aperçu de ce qui vous attend dans Ne mets pas de glace sur un cœur vide, dans lequel un narrateur professeur de lettres isolé et un chouïa pervers prend plaisir à séduire les conquêtes de son voisin, rentier et malade du cœur, en attente d’une greffe.
L’atmosphère est à la proximité défiante dans ce roman écrit dans une prose qui mime les pensées du narrateur : les phrases courtes, nominales parfois, alternent avec d’interminables énumérations ou du dialogue rapporté.
Pour ma part, je me suis plongée avec délectation dans cette atmosphère extravagante, avec son intrigue à rebours (on sait dès le départ qu’une femme a changé la vie des deux amis, reste à savoir comment), mais il faut bien avouer que c’est sur une toile de fond particulière, celle du quotidien de deux misanthropes, que Patrick Besson peint des relations humaines plus ou moins avouable. Un roman intense et inclassable.
© Lise
Merci à Elsa et à lise pour ces chroniques, c'est à votre tour de nous donner votre avis sur ce roman !