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Ville de pierre (la)

Couverture du livre « Ville de pierre (la) » de Xiaolu Guo aux éditions Picquier
  • Date de parution :
  • Editeur : Picquier
  • EAN : 9782877306928
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Jiang Corail Rouge a vingt-huit ans et vit à Pékin avec Zhuzi, comme deux bernard-l'ermite dans une coquille qui n'est pas la leur, au rez-de-chaussée d'un immeuble de vingt-cinq étages. Un jour, un colis reçu par la poste - une énorme anguille séchée - la ramène longtemps en arrière, à l'époque... Voir plus

Jiang Corail Rouge a vingt-huit ans et vit à Pékin avec Zhuzi, comme deux bernard-l'ermite dans une coquille qui n'est pas la leur, au rez-de-chaussée d'un immeuble de vingt-cinq étages. Un jour, un colis reçu par la poste - une énorme anguille séchée - la ramène longtemps en arrière, à l'époque où elle s'appelait Petit Chien et habitait Shitouzhen, la Ville de Pierre, avec ses grands-parents qui ne se parlaient pas. Dans ce petit port de pêche battu par les typhons au sud de la Chine, la mer était redoutable et, tous les soirs, les femmes guettaient sur la plage le retour de leurs maris, ces " mendiants de la mer ". Mais si la petite fille de sept ans n'a jamais oublié la Ville de Pierre, c'est qu'elle y a enfoui en partant un terrible secret et que, dit-elle, rien ne peut se comparer à l'amour et la haine que j'ai éprouvés là-bas. Cette très belle histoire qui déroule en parallèle le présent de Corail Rouge, avec son Zhuzi qui préfère jouer au frisbee plutôt que travailler, et la plongée dans le courant des souvenirs, nous parle de la Chine d'hier et d'aujourd'hui, des blessures fondatrices de l'enfance et de la confiance en l'avenir. Sa voix se coule à notre oreille, tout près, avec une grâce et une justesse de ton que le traducteur, Claude Payen, a merveilleusement rendues.

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Avis (1)

  • « Je me vois, à la proue d’un cuirassé, m’éloignant de cette gigantesque métropole, de ses gratte-ciel et de ses foules, fonçant vers le large, vers ce petit port de pêche où je suis née, cette petite ville appelée Shitouzhen, la Ville de Pierre. »

    Actuellement, Jiang Corail Rouge vit à...
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    « Je me vois, à la proue d’un cuirassé, m’éloignant de cette gigantesque métropole, de ses gratte-ciel et de ses foules, fonçant vers le large, vers ce petit port de pêche où je suis née, cette petite ville appelée Shitouzhen, la Ville de Pierre. »

    Actuellement, Jiang Corail Rouge vit à Pékin, dans un petit appartement sans soleil ou si peu de temps, avec Zhuzi qui, même s’ils partagent le même lit, ressemble plus à un colocataire qu’à son petit ami.

    Un jour, elle reçoit un colis contenant une anguille séchée « Il me suffisait de regarder ce poisson pour savoir qu’il avait été salé selon la méthode ancestrale de Shitouzhen : deux kilos de sel pou cinq kilos de poisson. On voyait la cicatrice laissée par le couteau qu’on avait d’abord planté dans son ventre argent avant de ressortir la lame pour le fendre lentement de la tête à la queue en d’eux parties égales reliées en lieur milieu ».

    Ce colis la ramène à son enfance dans le village près de la mer où elle est élevée par ses grands-parents après la mort de sa mère et la disparition du père.

    Une ville où la solidarité ne paraît pas être le fort des habitants. Les vieilles traditions côtoient la « modernité » et ont la vie dure. La grand-mère de la narratrice en a fait les frais tout au long de sa vie maritale. « Je commençais alors à me dire que la mort de ma grand-mère avait été une bonne chose… La mort lui apportait le bonheur qu’elle n’avait jamais connu de son vivant… Elle faisait désormais partie de Shitouzhen ».

    Une vie grise et morne rendue encore plus invivable par les agissements du muet ... et, personne pour en parler. « J’aurais voulu parler du muet à Haisheng le Vieux Boiteux mais la terreur et la honte me l’interdisaient. Je devais rester prisonnière de cette terreur et de cette honte pendant plusieurs années. Je ne trouvais pas le courage de demander protection. » Elle est devenue de pierre comme son village et s’enfuit à Pékin à la mort de sa grand-mère.

    Sa vie pékinoise est triste et grise. Elle bosse dans un magasin de vidéo, son petit ami ne voit que par pour le frisbee, ils vivent dans un appartement où l’on entend tout. Une vie triste et morne.

    Des retours en arrière dans la Chine de son enfance permet de côtoyer deux époques, toutes les deux sous le régime communiste et je remarque que les traditions sont encore et toujours vivaces, alors que j’aurais pensé à plus de rationalité.

    Il y a tout au long de ce livre, un voile gris. A Shitouzhen, battue par les typhons, la vie est dure, « Les mendiants de la mer », pêcheurs ne sont pas certains de revenir au port retrouver leurs femmes qui les attendent chaque soir.

    Il y a également la honte qui sue de chaque ligne. La honte sur les épaules de la grand-mère pour une obscure raison (elle vient de la montagne), la honte sur Petit Chien, nom donné à Jiang lorsqu’elle habitait à Shitouzhen, qui la poursuit encore et encore.

    Un livre tout en grisaille et honte mais Jiang Corail Rouge se bat pour vivre ou survivre. « Ce ne sont pas les yeux d’une jeune fille de quinze ans. Ce sont les yeux d’un animal, d’un animal vigilant, en permanence sur ses gardes, un animal indomptable. »

    « Mes grands-parents ne se parlaient pas et je ne pouvais pas leur parler. Nous étions tous les trois des muets capables de parler » Retourner dans sa ville d’enfance, retrouver la trace du poisson séché lui permet de s’ouvrir et mettre enfin des mots sur son mal de pierre.

    J‘apprécie ces livres qui me font voyager et découvrir d’autres façons de vivre. Dépaysement intelligent avec les éditions Picquier

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