Peggy Poirrier, libraire à Marseille et membre du jury du Prix BD Lecteurs.com, partage ses découvertes du moment
Le discret docteur Tomas Stockmann et son frère Peter, maire hâbleur et populiste, ont fondé ensemble un établissement thermal dont le succès assure la prospérité de leur petite île. Tomas, qui ne cautionne pas la gestion qu'en fait son frère, s'est toutefois mis en retrait du projet, n'y assurant plus que la mission de médecin généraliste pour les touristes. Une tâche inintéressante qui va pourtant lui permettre de découvrir un terrible scandale sanitaire. Et l'obliger à entamer un combat contre son propre frère, notable soutenu par les pouvoirs de la finance, de la politique mais aussi par la majorité bêlante des électeurs de l'île...
Menace écologique, mensonge politique et manipulation de l'opinion publique : plus d'un siècle après sa première représentation sur scène, Javi Rey revisite la pièce du dramaturge norvégien Henrik Ibsen (1828-1906), dont les problématiques restent d'une actualité totale. Un Ennemi du peuple est un album essentiel. Une histoire prenante doublée d'une surprenante réflexion sur le concept de démocratie.
Peggy Poirrier, libraire à Marseille et membre du jury du Prix BD Lecteurs.com, partage ses découvertes du moment
Des conseils de lecture pour faire le plein de découvertes !
L'"ennemi du Peuple" est une BD nécessaire et bien malheureusement, intemporel.
Elle dénonce de façon intelligente et efficace les rouages politiques ou plutôt la gangrène politique et la bassesse du peuple qui (en majorité) optera pour l'intérêt qui lui servira le mieux sans se rendre compte qu'elle s'enlise un peu plus.
Un récit dont on ne sort pas indemne, mouton ou pas...
Merci à tou(te)s celleux qui ne se taisent plus, ce livre est un bel hommage à leurs courages.
Un ennemi du peuple, magnifique BD signée Javi Rey, sort de l’oubli une pièce de l’auteur norvégien Henrik Ibsen (1828-1906). Publiée en 1882, cette pièce est jouée l’année suivante.
De plus, Un ennemi du peuple a été adapté plusieurs fois au cinéma.
Ici, c’est un superbe album, remarquablement dessiné et mis en couleur avec certaines pages sans le moindre mot et pourtant très parlantes. J’ajoute que Javi Rey, né à Bruxelles, vit à Barcelone.
Sur une île merveilleuse, La Baleine heureuse est une station thermale qui attire de plus en plus de touristes car ses eaux sont réputées pour leurs vertus thérapeutiques. Tout est donc parfait, même si les locaux n’apprécient pas trop cette affluence.
Dans une maison isolée, le docteur Thomas Stockmann est très soucieux. Il fait même la tête alors que toute sa famille semble heureuse. En fait, celui qui est le médecin de La Baleine heureuse, attend impatiemment une lettre de la capitale.
Il faut préciser que le maire du village n’est autre que le frère de Thomas : Peter Stockmann. Politicien habile, cet homme est exactement l’opposé de son frère. Il est prêt à tout pour garder le pouvoir et favoriser ses intérêts.
Le combat lancé par Thomas bénéficie, pour l’instant, du soutien du quotidien local : La Voix du Peuple.
De révélations en coups de théâtre, Un ennemi du peuple est une enrichissante réflexion sur ce que nous appelons la démocratie. Il remet même en cause le système de la majorité qui permet aux plus démagogues de conquérir et conserver le pouvoir, tout en restant aux ordres des puissants. Ce sont eux qui ont l’argent. Ils ne se font pas prier pour rappeler qu’ils ont le pouvoir de créer des emplois.
Katrine, l’épouse de Thomas, tente de modérer son mari car elle a peur des conséquences que déclenchera son action. Quant à Petra, leur fille, institutrice dans l’école du village, elle pratique une pédagogie permettant à ses élèves de réfléchir et de s’exprimer.
Comme je l’ai déjà dit, j’ai été conquis par les dessins de Javi Rey. Ils offrent certaines pages complètement différentes avec des couleurs bien adaptées à chaque situation, chaque événement d’une histoire créée à la fin du XIXe siècle et qui colle parfaitement à notre actualité. Chapeau à Henrik Ibsen !
Javi Rey a bien su s’emparer du thème, le rendant formidablement vivant et rythmé grâce à des personnages délicieusement croqués pour me mener à cette issue bouleversante. Celui qui se bat pour plus de justice et pour la vérité devient Un ennemi du peuple.
J’adresse un grand merci à Vincent pour cette découverte d’un magnifique album, une BD très enrichissante.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Cette bande dessinée est une adaptation d’une pièce écrite en 1882 par Henrik Ibsen et son sujet est, malheureusement, intemporel !
C’est la couverture qui m’a poussé à demander ce titre, même si je connaissais à peu près le sujet. Le graphisme est vintage, il renforce le côté intemporel mais le choix des couleurs, hors les pages quadri, est résolument moderne et frappant, il appuie le côté dramatique.
Le docteur Tomas Stockmann est le médecin de la station thermale bâtie, sur son idée, par son frère, maire de la ville et politicard aguerri. Il découvre que les eaux sont polluées et dangereuses pour les curistes. Il va se battre contre son frère pour faire changer les choses.
Tous les défauts et travers d’une société sont abordés : prévarication, mensonges, manipulation de la population qui applaudit le plus fort, corruption à tous les niveaux, montée de la haine et du rejet ! Mais on y trouve aussi le désir d’être honnête, de se battre pour des vérités et le bien de tous, le droit à s’exprimer et choisir en toute conscience.
Javi Rey a réussi le tour de force de faire passer tout ça dans une BD où les détails et les couleurs ont autant d’importance que les textes dans le déroulement de l’histoire et démontre s’il en est besoin que le pouvoir entraîne les mêmes comportements quelle que soit l’époque et le sujet !
#Unennemidupeuple #NetGalleyFrance
Le docteur Stockman découvre un problème sanitaire avec l’eau de l’établissement thermal où il consulte en tant que médecin généraliste. Cela l’amène à un combat contre son frère, maire de la ville soutenu par tous les lobbies et une majorité des habitants de la ville.
Une très chouette bande dessinée qui dénonce le pouvoir de la finance et des lobbies au détriment de la santé publique.
Ce roman graphique dénonce également comment la population peut être faussement informée.
J’ai beaucoup aimé le graphisme, les couleurs et l’histoire. Tout y est pour faire de cette bande dessinée un coup de cœur.
Un grand merci aux éditions dupuis pour la découverte de cet album. Un grand bravo à l’auteur Javi Rey, pour cette adaptation de la pièce d’ Henrik Ibsen.
Javi Rey adapte ici un texte publié en 1882 par le dramaturge norvégien Henrik Ibsen. On y suit le docteur Thomas Stockmann. Il découvre que le paradis balnéaire qu’il a contribué à monter et géré par son frère Peter, est construit sur un mensonge : en effet, l’eau sensée soigner est en fait infestée de bactéries.
Combat pour la vérité, réflexion sur la démocratie, la notion de majorité, de peuple, réflexion aussi sur les médias, la politique et les enjeux économiques, l’écologie et l’éducation… « Un ennemi du peuple » est tout ça à la fois ! On se demande même comment un texte aussi ancien parvient à résonner autant avec nos problématiques actuelles.
Le mérite en revient évidemment à Javi Rey. Il a su adapter le récit et le mettre intelligemment en couleurs : entre ligne claire réaliste et planches flashy aux tons pop acidulés et expressifs. Les personnages, leurs attitudes et leur faciès nous font osciller entre drame et comédie… les métaphores nombreuses (je vous laisse les découvrir) rappellent que le propos d’Ibsen était bien de moquer l’hypocrisie du monde qui l’entourait. Il n’a pas beaucoup changé.
Au final, quel bonheur que cet album intelligent au propos plus profond qu’il n’en a l’air… Chacun y trouvera matière à alimenter sa propre réflexion.
Au milieu de l'océan, une île merveilleuse, où les touristes affluent en masse pour profiter de ce rêve éveillé. À l'origine, ce projet de paradis thermal, a été imaginé par deux frères. Thomas qui est maintenant médecin et Peter, maire. Mais les années et les convictions quelques peu différentes les ont éloignés. Alors que l'île prospère, Thomas découvre que l'eau est contaminée et qu'elle menace la santé des curistes. Peter ne veut pas en entendre parler, ce n'est pas le moment. Les deux hommes vont devoir s'affronter. Qui de l'homme politique ou l'homme de science va remporter cet affrontement ?
Avec ce Roman graphique haut en couleur, tiré de la pièce de Henrik Isben, Javi Rey aborde sans détour les coulisses du pouvoir, des malversations, de la corruption et des lanceurs d'alertes qui ne font pas toujours le poids face à de tels rouleaux compresseurs. L'histoire vous attire pour ne plus vous lâcher, elle est dynamique et on sent que n'importe qui, même les plus vindicatifs, peuvent à tout moment retourner leurs vestes... Tout est une question d'argent et de pouvoir. Ce récit nous parle aussi de combat et, ou d'abandon... Que faut-il faire quand cela devient trop dur ? Se battre ou quitter le navire ?
Pour être franc avec vous, cette couv, sans vraiment savoir pourquoi, ne m'attirait pas véritablement au départ. Mais quelle erreur !!! Ce fut donc une véritable surprise tant graphiquement que scénaristiquement. Et au final c'est un très gros coup de cœur pour cette bd que je n'attendais pas. Un très grand merci à Javi Rey qui m'a totalement embarqué avec lui.
La pièce de théâtre d’Henrik Ibsen a été écrite à la fin du XIXe siècle. L’auteur est loin de son pays et signe une pièce volontairement politique, pointant les nombreuses failles de la démocratie, ce que certains critiques ont vu comme le désir d’un pouvoir plus autoritaire. Ibsen interroge les rouages du régime politique le plus répandu dans le monde occidental et le plus sujet à questionnements. Cette bande dessinée, adaptée par Javi Rey au monde actuel, suit cette ligne de pensée. Sans dater précisément son adaptation, l’auteur-dessinateur use de modèles et de figures plus contemporaines pour apporter son regard sur le système politique, en plaçant proche de l’île un bateau nommé « l’espoir ». C’est donc avec ce mot en tête que nous débarquons sur cette île et découvrons différents personnages (le marin bloqué à cause d’un problème technique, le maire, le directeur du journal local…). Dans des paysages magnifiques, sorte de paradis perdu, Javi Rey nous plonge dans un univers joyeux, sûrement trop pour être vrai. Alors surgit le docteur au visage fermé et les yeux effacés par des lunettes rondes imposantes. Celui-ci est la figure de proue de ce combat pour la vérité. Son traitement graphique montre toutes les nuances de la situation. Il n’est pas vraiment un héros, alternant une certaine froideur, une joie face à l’éclatement de la vérité et une colère profonde face au silence de ses concitoyens. Le maire, son frère, n’est pas montré comme une caricature politique. Il est avide de pouvoir, prêt à corrompre pour éviter que ne resurgissent certaines informations, mais il tombe malade, barbouillé par sa malhonnêteté. Chaque personnage est ainsi loin d’être une figure simpliste. Javi Rey montre les failles de la démocratie, les faiblesses d’argent, de communication, de peur qui attaquent ce régime politique tout en ponctuant son récit de citations du XXe siècle. Il questionne ainsi la place du peuple et des citoyens pour entretenir un fonctionnement basé sur le vivre ensemble.
Le propos de cette bande dessinée repose sur le traitement à la ligne claire choisi par l’auteur. Ce sont des lignes épurées qui dessinent les décors et les personnages. Les impacts sont forts et l’histoire s’ouvre sur une impression apaisée. Dans ces décors écrasés, les personnages sont renforcés, ils existent encore plus. Chacun a un rôle à jouer, un choix politique à porter, une sincérité à exprimer. Les couleurs, contrastées, apportent un certain trouble qui se déploie notamment avec le personnage du docteur. Celui-ci est hanté par des rêves où l’imaginaire esquisse l’arrivée d’un danger, d’une violence, d’une confrontation. Javi Rey utilise les couleurs, leur opposition ou leur harmonie pour renforcer ou non un sous-texte. Les scènes à l’école où l’institutrice, Petra, fille du docteur, dialogue avec ses élèves autour de la démocratie se racontent dans un contexte plus apaisé jusqu’au moment où un geste met fin à la discussion. Javi Rey montre aussi la place des mots, de leur sincérité et le recours à la violence par peur du vocabulaire. Dans cette adaptation somptueuse, l’auteur questionne le cadre de cette vie en société, de ces démocraties fatiguées par les dérives mais qui peut retrouver du sens dans les mots et la vérité.
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