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Une famille n'est jamais autant une famille qu'en vacances. En vacances on voit sa peau.Durant leur congé estival à Royan, les Legendre sont très performants:la mère excelle en communication de crise, la petite en piano, et le père en running. Sa montre GPS compte ses pas. Chaque jour davantage de pas. Cette famille de la bourgeoisie parisienne est en croissance.Seul le petit dernier tarde à performer. Tarde à apprendre à lire. Ou refuse d'apprendre. Il fait peut-être de la résistance passive. Sur une plage, il creuse un trou pour l'évasion.
Avec ses codes sociaux de petits bourgeois du 21ème siècle, catégorie socio-professionnelle aisée, la famille Legendre s’installe pour des vacances près des plages de sable blond de Royan. Emmanuel le père, par ailleurs narrateur, quitte le costume de manager pour la tenue sportive, ou plutôt, « la tenue de running » complétée par son « bracelet fitness, capteur d’activité », le bermuda de marque.. Brune, son épouse, qui travaille dans la communication poursuit sans relâche la transmission du bien-parler à ses enfants en assurant une présence active et constante, attacha nt autant de valeur au matériel qu’à l’humain. « Brune tenait à ses enfants plus qu’à n’importe quel bien ». Justine, à 10 ans, se la joue experte et use d’anglicismes à chaque phrase. Quand à Louis, 6 ans, il est réfractaire à l’apprentissage de la lecture…
La disparition du fils d’un entrepreneur vient juste bouger un peu le quotidien de ces vacanciers sans affecter la tranquillité du lecteur, le suspens est minime.
Les personnages sont antipathiques au possible, mais bien campés. Certaines situations sont pittoresques, si bien décrites et si malvenues ! Une sorte de Comédie Humaine sans Balzac, qui brosse avec humour les modes de vie d’une frange de la société actuelle bien-pensante.
Un petit pamphlet drôle agréable à décrypter !
Voilà une farce bobo réjouissante!
Le narrateur est un père de famille résolument dans son époque, utilisant un jargon digne d’un manager d’entreprise 3.0 y compris pour essayer de mener la barque chancelante de sa famille, composée de son épouse, qui n’est pas dupe ses cornes, d’une pré-ado, qui perfectionne son anglais en permanence, et d’un gamin de 6 ans dont on n’est pas sur que le but du CP, apprendre à lire, ait été atteint. Ils ont en vacances, dans une location haut de gamme, comme aime à le préciser notre bon père de famille.. La disparition d’un jeune ado perturbe la quiétude de la station balnéaire et de ses hôtes estivaux.
C’est extrêmement drôle, caustique et les situations puisées dans le quotidiens, revues et corrigées avec la charabia branché du père sont réjouissantes.
C’es heureusement assez court pour éviter la lassitude qui ne manquerait pas de s’installer sur plusieurs centaine de pages, Et heureusement, le narrateur est capable de perdre pied, le vernis de son langage policé craquant alors pour un pétage de plomb jubilatoire.
C’est un véritable exercice de style, qui met en valeur une histoire qui aurait pu être banale et sans intérêt, les vacances d’une famille ordinaire, pimentées par un fait divers qui réveille pour un temps la torpeur de vacanciers léthargiques. C’est très réussi.
apres " histoire de la betise " , francois begaudeau reattaque avec humour dans ce roman. D une plume acérée, il narre les vacances royannaises d une famille parisienne , entre joggings , stage de lecture, yoga sur la plage et diners entre amis
en trame, l intrigue qui donne son nom au livre ; théo , le fils d un constructeur du coin a disparu; un drame qui n affecte nullement les vacances de nos protagonistes, dans leur course a la performance sportive ou culturelle
begaudeau decortique ce monde bourgeois qu il méprise au gres d une galerie de personnages qu on adore detester et dont on s amuse a reconnaitre les noms de l ancien gouvernement PHILIPPE . lle lecteur que je suis s est délecté des scences racontéee a la premiere personne dans un style vif et précis
Un Enlèvement . F. Bégaudeau Impressions d’ensemble 25/30
Un style très percutant, des phrases courtes, précises. Un humour ravageur. Un sens de l’observation impitoyable.
Et voilà sous les projecteurs une famille de « Bobos » parisiens en vacances Papa, Maman, une fille, un fils cadet et …la barre Google. Au départ on pense à J . Tati, à Claire Brètecher. Ce sont les Frustrés qui reviennent ! Quel Plaisir !
Au fil des pages, toujours dans l’humour, des évènements se produisent. Et tout va tourner, finalement, autour d’une banale crise de couple. Monsieur trompe Madame. Mais cela va se passer très élégamment, avec beaucoup de savoir vivre, entre gens éduqués.
Madame a toutes les perfections, physiques, morales, intellectuelles. Elle est tout à fait parfaite. Trop parfaite pour ne pas être finalement assez fade, stéréotypée.
Monsieur est très sûr de lui, hyper connecté, très 2.0. Parfois un peu benêt. Il s’empêtre dans ses principes et dans son désir de bien faire. Il a, bien sûr, des amis qui lui ressemblent.
Et l’enlèvement dans tout cela ? Il y en a un, que l’on signale en passant. Et puis ce n’en était pas un. Et Basta !
Puis arrivant aux 5 ou 6 dernières pages, peut-être l’enlèvement est-il celui qui se passe dans la tête de ce petit garçon, fort attachant, lui. Ce fils « bizarre » « atypique ». Qui fait honte à son père…
Il semble ne pas vouloir accepter les « codes », ne pas vouloir ressembler à ses parents, en effet,
Alors dans son imaginaire il « s’enlève ». Cela part de quelques textos simples qu’il imagine échanger avec le garçon faussement « enlevé », puis cela devient une envolée un peu délirante vers un autre monde parfait, amour, tolérance, liberté. Une belle utopie où se sont envolés, enlevés ces deux gamins rebelles.
Est-ce la conclusion ?
De toute façon j’ai bien aimé ce livre. D’abord son style, simple, efficace, des flashs successifs qui donnent tout de suite vie aux personnages. C’est une excellente description, à peine caricaturale, de ce milieu socio-professionnel très particulier. Et même de certains petits travers que nous avons tous plus ou moins.
On s’amuse comme dans un film de Tati. Et là aussi c’est une mise en garde : attention ! Voilà ce que nous pouvons devenir.
Et j’ai bien aimé la toute dernière page où réapparaissent des parents un peu dépassés. Mais qui sont toujours là. Dernière petite note de douceur…
Lucette WEILER
Exploratrice 2020 Ma note : 25/30
Merci à Babelio et aux éditions Gallimard Verticales de m'avoir permis de lire ce livre en avant-première.
Dans son dernier roman, l'auteur dessine en mots la famille Legendre en vacances à Royan.
C'est tellement visuel que j'ai imaginé le roman en BD.
Emmanuel et Brune Legendre forment un couple qui ne vit que par l'image qu'il diffuse, autant dire qu'il faut se montrer sous son meilleur profil. Leur fille Justine 11 ans est leur clone. Mais Louis, leur fils de 6 ans est à la traîne, il ne saurait pas lire, vrai ou dissimulation ?
La famille Legendre ne sait rien faire sans les derniers diktats de la société, elle obéit à ce qui se fait de mieux, le mieux manger, le mieux s'habiller, le mieux en tout...
Ils sont hyper-connectés, tout s'évalue, se commente, s'améliore, ou se vante.
Ils font partie de ceux qui ont la terre pour propriété, il l'utilise sans la voir, la terre est à leur service. Même les mouettes les admirent.
« A l'arrière-plan, une mouette posée sur le rebord de la terrasse ne fixait pas l'objectif mais l'un de nous. Je me suis retourné, elle s'est envolée entre-temps, l'idée m'est venue qu'elle s'était posée là pour figurer sur la photo. Cette mouette était celle qui m'avait regardé faire la planche, curieuse de ma vie et donc de ma famille... »
Ces trois-là m'ont agacée au plus haut point, et m'ont fait rire aux éclats quand je les imaginais dans leur pantomime pour paraître.
Seul Louis a eu grâce à mes yeux, j'adore ce gamin qui fait tout de travers « même les revers au tennis ».
Ses parents se sentent humilier d'avoir un fils comme lui, d'ailleurs ils payent pour que Louis passe quelques heures dans un club qui va lui apprendre à mieux se couler dans le moule social, mais « Qui au juste dans cette histoire craignait d'être humilié ? Elle trouvait mes inquiétudes légitimes, mais je devais cesser de penser en termes d'efficacité immédiate, de rentabilité. C'était sans doute de ma part une déformation professionnelle. »
L'écriture est dépouillée de tout artifice pour accompagner cette comédie moderne et peu humaine. François Bégaudeau sait jouer avec nos nerfs, le style est incisif et l'ironie est là pour ponctuer l'acuité de son propos.
Les situations sont cocasses et le lecteur a un rire grinçant, il a envie de dire à cette famille : regardez autour de vous, respirez l'air pur, la nature est une aubaine qu'elle ne vous nourrisse pas seulement physiquement. Rêvez, baguenaudez, bullez !
En conclusion je veux crier : Emmanuel, Brune, Justine « You' re not genies ». Et j'ai envie d'enlever le petit Louis.
Je rêve d'un monde où la performance serait bannie au profit de l'accompagnement pour que chacun puisse trouver sa voie et sa voix.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 19 août 2020.
Lorsque Babelio m’a proposé de recevoir ce roman, je n’ai pas hésité: j’avais de l’auteur déjà lu Molécules, un roman atypique, mêlant policier et burlesque, dans un style déroutant qui m’avait beaucoup plu. Je m’étais donc fait une joie, avec Un enlèvement de retrouver sa plume.
La famille Legendre passe ses congés d’été à Royan : typiques bobos parisiens, les membres de cette famille que l’on découvre rapidement dysfonctionnelle ne cessent de vouloir performer même en vacances : Brune, la mère, conseillère en communication de crise, impose à ses proches de verbaliser le moindre problème pour éviter les ressentiments… Emmanuel, le père est accro au running, scotché en permanence à sa montre GPS qui compte les kilomètres parcourus, comme s’il souhaitait plus que tout s’éloigner de l’étouffant cocon familial… Justine, pré-ado intelligente et perspicace fait la fierté de ses parents, contrairement à son cadet, Louis, 6 ans, un gamin à la traîne dans les aptitudes scolaires et plutôt du genre mutique. Devant cette course à la performance, le petit dernier a t-il décidé de faire de la résistance ?
Nous voici donc dans la peau d’Emmanuel, ce père de famille bourgeois, que l’on présume droit dans ses bottes mais dont on devine rapidement les failles. Le personnage est contrasté : un tempérament intransigeant qui cache une profonde hypocrisie, envers son épouse, ses enfants et la société dans son ensemble. Partagé entre le souhait de préserver les apparences d’une famille BCBG et le désir de vivre passionnément, Emmanuel ne supporte plus d’être enfermé dans cette vie somme toute étriquée. Parfaitement adaptée à la situation, l’écriture à la première personne est frénétique, emprunt d’un léger humour pince-sans-rire et parfois caustique; le récit est fluide, ponctué de métaphores tantôt drôles, parfois inquiétantes, quant à l’état d’esprit de ce père de famille.
Avec un titre tel que celui-ci je m’attendais à une nouvelle intrigue, espérais-je aussi cocasse que Molécules. J’ai malheureusement été déçue sur ce point: hormis le style qui porte légèrement à sourire, il n’est pas question ici d’enquête policière, la disparition d’un adolescent est simplement évoquée en toile de fonds. Il m’est difficile de définir ce roman : si au départ, Un enlèvement oscille entre le thriller domestique et la satire sociale, celle-ci semble finalement l’emporter et si tel était le but de l’auteur, je pense alors que c’est une réussite. Je n’ai pas pleinement apprécié ce roman, peut-être ne l’ai-je pas bien compris, notamment la fin qui pour moi est restée nébuleuse. Toutefois, je suis certaine que ce livre trouvera son public, tant le point de vue de l’auteur sur une certaine classe sociale me semble tranché, précis et truculent.
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Les Legendre, famille bourgeoise parisienne, vont passer leurs vacances à Royan au bord de la mer. Celles-ci sont marquées par les séances de running du père, de yoga de la mère, les ateliers papillon visant à développer estime et confiance en soi du fils, et les efforts pour exister de la fille. Mais en coulisse, un évènement vient fissurer l’harmonie familiale, la relation extra-conjugale du père, et narrateur du roman, qui va rejaillir sur tous les membres de la famille.
« Un enlèvement » est un livre passablement déroutant qu’il faut prendre le temps d’apprivoiser. L’écriture de François Bégaudeau est sèche, brute et nerveuse. Cette succession de phrases sans respiration ou presque m’a saisi de la première à la dernière page et demande un effort pour s’y accoutumer. Mais elle semble en totale adéquation avec la personnalité du narrateur, particulièrement quand celui-ci perd un contrôle qui constitue pourtant l’alpha et l’oméga de son existence. Sur le fond, l’intrigue peine un peu au départ à emmener le lecteur avec elle, avec cet instantané d’une cellule familiale qui cherche la perfection et qui va sembler se déliter tout au long du roman. Mais malgré cette première impression, les différents membres de la famille Legendre, en vraies caricatures de la famille bourgeoise un brin bobo en vacances, ont rapidement réussi à attiser ma curiosité et me prendre au jeu. Le père, que l’auteur parvient à rendre parfaitement antipathique en quelques lignes seulement, oppressant par son contrôle et sa recherche perpétuelle de l’excellence chez chacun. La mère en médiatrice gestion de crise qui semble appréhender les évènements du quotidien comme si elle était dans sa vie professionnelle. La fille qui guette l’approbation parentale et va être bien malgré elle l’instrument de la crise qui va se nouer. Et enfin le fils et ses problèmes de lecture supposés qui cherche déjà à fuir ses ateliers papillons et par là même l’oppression et les exigences paternelles en creusant sans relâche son trou dans la plage. Tous les quatre concourent à leur manière à faire dérailler le train familial à mesure que l’étau se resserre autour du narrateur et de sa relation extra-conjugale.
Un livre original par sa forme qui invite le lecteur à réfléchir sur la famille, la transmission et la place que l’on peut laisser à ses enfants pour se construire.
Je suis mitigée sur ce roman. Je n'ai jamais lu Bégaudeau auparavant, mais il semble être un auteur apprécié.
L'écriture est fluide, les phrases sont courtes et la lecture stylistiquement agréable.
On suit les pensées et actions d'Emmanuel, bourgeois, père de deux enfants et marié à une femme formidable, d'abord en vacances a Royan, puis dans leur appartement parisien.
Le début est plaisant, les personnages sont sympathiques et plein d'humour. La famille semble parfaite. Mais petit à petit, le lecteur découvre que tout n'est que mensonge et hypocrisie. Le personnage principal devient alors exécrable. Il se positionne en donneur de leçons auprès de ses enfants, mais ne montre aucun remords à être infidèle, et ce point de vue permanent d'absence de morale n'est pas satisfaisant. Par effet de miroir les autres personnages semblent admirables et touchants, mais malheureusement peu développés.
En vérité, je ne saurais dire où menait l'histoire. À la fin, on revient au même point qu'au début. Je n'ai pas pris de plaisir à lire ce texte. L'auteur nous raconte une tranche de vie d'une famille, mais le focus sur le mensonge tout au long du roman m'a agacée. Le roman manque d'approfondissement à mon avis.
Les dernières pages /sur la relation (quasi homosexuelle) des deux jeunes garçons en marge de la société/ tombent comme un cheveu sur la soupe, c'est regrettable, mais elles influent une bonne note de fin, une dimension sociale bien plus intéressante que le reste du livre.
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