Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
Retranché dans une ferme isolée du massif Vosgien, le narrateur avait parfaitement anticipé la fin inéluctable d'un monde et d'une civilisation. Alors qu'à l'extérieur, chaos politique, civil et social réduisait les villes à l'état de zones fantôme, lui s'est minutieusement préparé à une vie en autarcie, à la survie et ses techniques de base, la terre, la chasse, l'animalité, la solitude.
Mais après l'usure de mois de solitude, Mira, adolescente muette et sauvage, fait son apparition, très vite rejointe par Al, jeune personne au genre fluide. Une rencontre initiatique shamanique va, par l'entremise de l'ayahuasca, les confronter à eux-mêmes autant qu'au monde naturel.
Récit survivaliste postapocalyptique rural, dans une ambiance qui rappelle les grandes heures de l'anticipation à la française, Tous les arbres au-dessous est tout à la fois un roman d'aventure humaine et un roman du retour à la nature, une expérience qu'Antoine Jaquier a lui-même expérimentée dans une ferme des Vosges suisses.
Je découvre cet auteur suisse avec ce roman que j’ai beaucoup aimé et qui m’a donné envie de lire ses précédents livres publiés aux éditions Au Diable Vauvert.
J’ai tout de suite été charmée par l’écriture et j’ai eu envie d’enchaîner les pages. Dans un style d’apparence simple, l’écriture est fluide. La langue est commune. Il y a de l’humour, une certaine ironie, une nostalgie aussi et de la profondeur. Le roman est riche en éléments.
Il s’agit d’un roman d’anticipation proche. On se situe vers 2030. La situation décrite est plausible, réaliste. Suite à l’effondrement de notre système, en France et en l’Europe, plus rien ne fonctionne : « Pas d’essence – pas de camion. Pas de camion – pas de chocolat. ». Un cadre Parisien, Salvatore, avait anticipé et retapé une ferme dans les Vosges, en pleine forêt. Il y a réuni tout le matériel nécessaire pour survivre et être en autosuffisance. Sa vie solitaire change avec l’arrivée de Mira, sorte de Harley Queen sauvage. Puis arrivent Alix et sa vache. Et enfin ils rencontreront Sacris, qui possède de l’ayahuasca, une drogue chamanique utilisée à but thérapeutique en Amérique du Sud. Une sorte de huis clos se met en place entre ces personnes aux profils socio-économiques très différents.
Bien sûr, on pense à « La route » de Cormac McCarthy, mais ce roman n’est pas du tout sombre. Enfin il y a bien quelques scènes violentes et un peu d’anthropophagie, mais il faut bien survivre ! L’auteur fait une critique du monde politique actuel, tout en apportant des éléments historiques (les animaux domestiques mangés pendant la Commune de Paris en 1871 par exemple) et surtout une culture populaire omniprésente. Ce livre regorge de références à des films, des livres, des séries, on y croise même « l’amour est dans le pré » !
Antoine Jaquier montre que les compétences additionnées permettent de survivre. Salvatore réalise que « même un misanthrope a besoin d’autrui ». A la solitude, il va préférer ses compagnons. L’auteur est en empathie avec ses personnages. L’un d’eux est « gender fluid » ou transgenre. L’auteur utilise alors l’écriture inclusive « iel » et la lecture reste très fluide. C’est donc un pari réussi.
Lors de la rencontre VLEEL, il nous a dit écrire sur des sujets lui tenant à cœur, comme la permaculture. Et aussi que nous sommes tellement « addicts » à notre confort que nous ne ferons pas de changements dans notre mode de vie tant que notre frigo sera plein.
Ses auteurs préférés sont Philippe Djian (c’est d’ailleurs lui qui a recommandé son manuscrit à Marion Mazauric, l’éditrice), John Fante, Bukowski, Irwin Welsh, Bret Easton Ellis. Il ne s’enferme pas dans un style. Il lit aussi des classiques mais n’a pas culture littéraire SF hormis Huxley et Orwell. Son prochain roman sera sur l’éco-terrorisme, c’est donc le sujet qui l’agite en ce moment.
J’ai lu ce roman dans le cadre du Prix Orange du Livre 2023. Il ne fait pas partie de la sélection mais je vous le recommande vivement. Ce serait dommage de manquer ce livre et cet auteur !
Tel un Robinson apocalyptique, Salvatore s’est retiré d’un monde qui va très mal. Se retranchant dans une ferme isolée des Vosges, il survit en s’adaptant à la nature plus sauvage qu’à son attente.
Première rencontre : le loup gris, qui lui donnera des frissons espacés au fur et à mesure de sa vie nouvelle. Le manque de protéines (abondantes dans sa vie antérieure) lui fait perdre 10 kg. Mais il n’en meurt pas.
Sa plus grande souffrance, en fait, est la solitude. On sait bien que les forêts sont plus peuplées que les déserts. Alors il va rencontrer Mira, une jeune fille muette et surtout déglinguée. Puis Alix, un être de sexe mâle qui cherche son genre (une occasion pour introduire l’écriture inclusive sur tout le roman) Et pour finir, ils trouvent le chamane Sacris qui va leur apprendre à délirer abondamment avec la plante diabolique qui fait voyager à la vitesse de la lumière, l’ayahuasca.
Cette équipe de Pieds Nickelés en tenue pas trop nickel partent à l’aventure, à la recherche d’autres humains et de protéines. Et ils font des rencontres pittoresques, dangereuses, parfois à peine imaginables.
Mais l’écriture imagée, à l’effet dévastateur, rend l’atmosphère supportable… L’instinct de survie est permanent. L’auteur floute les frontières pour prouver son appartenance à l’écosystème. Comme il dit : « le paradis, c’est les autres. »
Avons-nous vraiment le choix de notre vie ? Survivaliste aux idées noires ?
Ou optimistes qui traçons la route de l’espoir ?
Précisions sur le fameux « ayahuasca », pas addictif, à priori : au moment où les dérèglements mentaux et climatiques accélèrent, cette plante pourrait aider à lier notre relation symbiotique avec la nature. Son utilisation semble très adaptée dans le monde décrit par l’auteur qui nous conduit avec art sur des chemins sinueux, entre le récit d’aventure et la critique sociale.
Un excellent moment, et une réflexion intéressante.
Prix lu dans le cadre du prix Orange 2023 par Gérard Jadeau.
Je remercie la Fondation Orange et les Éditions au Diable Vauvert de m’avoir permis de découvrir ce passionnant récit.
https://commelaplume.blogspot.com/
Effet post-COVID ou de l’urgence climatique, les romans d'anticipation sont nombreux en cette rentrée littéraire. Mais là où généralement ils ont une portée anxiogène, celui-ci se démarque par sa singularité et sa tonalité résolument différente, fortement teintée d'ironie.
A commencer par son narrateur, Salvatore, le bien nommé, "mais qui préfère se faire appeler Monsieur". Ancien cadre parisien, il, l'a vue venir cette fin du monde. Patiemment, il a converti sa ferme délabrée au cœur des Vosges en un havre de survie, amassant vivres et briquets, armes et lectures, antibiotiques et savons. Depuis 3 ans il survit, égocentré sur son coin de terre, dans une routine convenue, mais seul, désespérément seul. Une solitude dont il ne s'était pas méfié, lui qui pensait ne plus supporter ses congénères, mais "il n'avait pas compris que même un misanthrope a besoin de l'autre, ne serait-ce que pour ne pas l'aimer."
Mais voilà, "sa ferme-ruine permettait de survivre et survivre était le rêve de tous", "le bien le plus convoité du marché des crevards". Et à quelques semaines d'intervalle, ce sont deux de ces crevards qui font irruption sur son domaine: Mira, une jeune néo punk, muette et fascinée par les armes, et Alix, éphèbe au genre indéterminé flanqué de Lassi, une vache qui lui tient lieu d'animal de compagnie et de garde manger. Une irruption qui va perturber la routine de notre singulier Robinson.
.Autant ne pas tergiverser, j'ai adoré ce livre qui dépoussière le genre du roman post apocalyptique. C'est irrévérencieux, c'est cash, c'est drôle et intelligent. C’est bourré de références littéraires, et cinématographiques, de clin d'oeils à des séries, des BD ou même des jeux vidéos. De "l'amour est dans le pré" à "Super Mario Bros", de "Into the wild" à "Stranger things", tout y passe avec une bonne dose d'autodérision "parce qu'on n'est pas dans "La route" non plus!". Après un début plutôt conventionnel, il frise avec la parodie tant certaines scènes sont cocasses et tant le langage du narrateur est délicieusement "fleuri". Mais derrière l'ironie se cache cependant une critique acerbe de nos sociétés décadentes, de nos politiques aveugles et à travers cette chute en cascade des fondements de nos institutions, Antoine Jacquier alerte sur la crise qui nous pend au nez, mettant en même temps en exergue la prééminence de la nature.
Sans trop en dévoiler, il réussit aussi le tour de force d'introduire l'écriture inclusive. Les "iel" et autres substantifs indéterminés, qui au début écorchent un peu les oreilles, sont rapidement oubliés laissant place à une normalité rassurante.
Bon, la fin est je l'avoue un peu loufoque mais elle n'a pas altéré mon plaisir de lecture.
Un livre qui mérite le détour et que je défendrai avec plaisir dans le cadre du Prix du Livre Orange. Curieuse d'en connaitre votre avis
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