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Un écrivain crée des personnages, s'y attache, puis les oublie au profit d'autres. Parfois, ils lui reviennent à l'esprit et il décide de faire renaître ses chers fantômes du passé. C'est ce qu'a fait Michel Lambert dans ce recueil où resurgissent douze nouvelles proches et lointaines, semées tout au long de son parcours d'écriture.
Ce recueil est suivi d'une interview inédite sur les différents types de nouvelles, leurs auteur(e)s, leurs techniques...
Les nouvelles, c’est un genre à part que j’aime bien, un concentré d’histoires, de fragments de vie.
Dans ce recueil qui regroupe 12 nouvelles, on croise un grand nombre de personnages un peu perdus, certains carrément à la dérive. Ils reviennent sur leur passé, cherchant même à retrouver une amante d’autrefois.
Dans la dernière « Sosies de l’amour », qui a donné son titre au recueil, on fait la connaissance de Patrick qui s’occupe du casting pour embaucher des sosies d’artistes. L’auteur joue sur le mensonge de ces ressemblances. Nos vies, à quoi ressemblent-elles ?
Tous ces personnages que l’on croise sont très ordinaires, et leur vie est banale. Ce qui l’est moins, c’est cet instant fugace dans leur quotidien qui nous les rend soudain si proches.
L’auteur excelle à parler de tous petits rien pour en faire une histoire.
Les dernières pages sont consacrées à un interview de Michel Lambert qui nous en dit plus sur ses sources d’inspirations et sur sa démarche d’écrivain.
J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture. Un grand merci aux éditions Weyrich et à masse critique de Babelio
Ça ne se fait pas, me direz-vous mais j’ai commencé la lecture de « Sosies de l’amour » par la fin. Oui, bien que connaissant un peu l’auteur, j’étais curieuse de découvrir sa vision de la nouvelle à travers son interview. Les techniques de l’écrivain, son compagnonnage avec des auteurs anciens ou contemporain nous en apprend un peu plus sur la genèse de son écriture.
Des nouvelles, il y en a douze, comme dans une boite d’œufs. Chacune est à lire avec attention, en pénétrant dans sa lumière comme on mire un œuf. Et justement, la lumière, elle se niche dans les ciels changeants que Michel Lambert décrit avec sa plume qui devient pinceau. Rien que pour le plaisir, en voici quelques extraits. Vous serez d’accord avec moi, ce sont des peintures.
« …le ciel poudroie encore au-dessus de la ville. Un peu d’or sombre s’attarde sur les immeubles de verre qui bordent l’avenue. » (Blondin et Cirage)
« …sous un ciel gris infiltré d’un soleil pâle, lumineux par endroit, contrastant avec des crevasses noires et des replis entre rouge et orange. » (Sous la neige)
« …maintenant le ciel était à nouveau d’un bleu uniforme, bien que pâle, et les rares nuages qui subsistaient faisaient penser à des emballages perdus. » (Longue nuit)
Et puis, sous ces ciels, évoluent des personnages, anonymes ordinaires, rencontres fugaces, pour un fragment de vie. C’est mélancolique, parfois pathétique, jamais cruel et toujours empli de tendresse. On ne sait pas grand-chose d’eux, mais assez cependant pour avoir l’impression de les avoir croisés en vrai et les trouver attachant.
Certains s’inventent une vie comme dans « Blondin et cirage », tandis que d’autres, qui ne se connaissaient pas l’instant d’avant, vont ensemble au cimetière. On rencontre aussi Paul qui a décidé de retrouver une ancienne amante.
Dans « L’hiver en hiver », une femme qui s’ennuie est prête à tout pour vivre l’aventure.
Dans ces histoires, beaucoup d’échec et de regrets. De la nostalgie aussi. Tout part d’un détail, une phrase, une rencontre fortuite, un « papa » entendu dans la foule et le lecteur entre dans une vie par la petite porte et imagine le reste.
Les nouvelles de Michel Lambert se distinguent par cette sourde mélancolie et ces petits désastres de nos vies et de tous ces rêves à la dérive. Cela pourrait paraitre d’une tristesse absolue. Ça ne l’est pas. A travers ces misères du quotidien il y a une petite lueur d’espoir, comme ces éclaircies qui nous surprennent dans un ciel gris et bas.
Michel Lambert nous montre une fois de plus qu’il est loin d’avoir épuisé le genre de la nouvelle qu’il explore avec talent
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Dernière réaction par Jean-Thomas ARA il y a 2 jours
Dernière réaction par Yannis Fardeau il y a 5 jours
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