Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !
Le dernier item de #monaventlitteraire2024, faisait état de "un livre pour terminer l’année en beauté". J’ai choisi "Quelle importance", recueil de nouvelles de Michel Lambert. Nous sommes le 30 décembre et je viens de finir la dernière au titre éponyme. J’avais raison : je termine en effet l’année en beauté.
La beauté de l’écriture pour commencer : très plaisante, délicate, de la simplicité de celle qui laisse toute la place à l’histoire. Elle est nette, magnifiquement agencée. Les phrases se suivent, fluides, limpides et la lecture devient plaisir. Belles aussi sont les différentes nouvelles. Elles ne sont pourtant pas toutes roses, loin de là. Un souffle de mélancolie traîne entre les mots mais "Quelle importance" ? Après tout, la vie est ainsi.
J’ai aimé ces dix petites histoires. Chacune met en scène peu de personnages, deux ou trois, qui, comme le stipule la quatrième de couverture – lue après les récits - "se ressemblent ou pas, s’aiment ou pas". En réalité elles parlent de la vie quotidienne, de ruptures, d’incompréhension, s’intéressent à des êtres que l’on pourrait qualifier de banals. C’est sans doute la raison pour laquelle, j’ai particulièrement apprécié "Nous trois", une histoire de famille qui pourrait être celle de tout un chacun. L’auteur a un talent particulier pour décrire les petits défauts, les erreurs de parcours, les sentiments. "Nous avançons tous les trois dans un désert de paroles…Très vite je donne l’accolade à Anton, mon demi-frère dont la joue râpe la mienne, ensuite à Margot, ma demi-sœur, à qui je murmure sur un ton qui résonne en moi comme le bruit doux et hésitant d’une persienne qui bat sous l’effet d’une brise mourante…"
Et j’ai aussi beaucoup aimé "Les couleurs de la neige", rencontre entre Jean-Charles et se amis Trieste perdus de vue depuis longtemps, le temps pour eux, d’avoir vécu un grand malheur. Ou encore la première "Une promenade parfaite", ou l’histoire d’un couple qui roule, roule, sans véritable objectif, si ce n’est peut-être celui de rester ensemble. Et toutes les autres.
Ce recueil est un régal de lecture et ça, c’est très important.
Un grand merci aux Editions Quadrature.
https://memo-emoi.fr
Quelle importance, Michel Lambert, Quadrature
Recueil de nouvelles autour de la rencontre, des retrouvailles, de la confrontation. Des êtres qui se sont perdus de vue après avoir passé du temps ensemble, des couples qui se délitent. Des histoires de jalousies, d’incompréhensions, de malentendus. Certains personnages sont muets, d’autres bavards, trop.
La langue de Michel Lambert est élégante, fine. Elle dresse en quelques mots les portraits de personnes que l’on peut croiser tous les jours. L’ambiance est morose, mélancolique. Les ruptures sont actées ou se déroulent sous nos yeux. Parfois, naît un infime espoir que la situation évolue différemment. C’est un couple qui roule sans but, sauf celui du dernier espoir ; un autre homme roule lui aussi, se perd dans les quartiers chauds ; un autre qui sur un coup de tête va voir des amis ignorés depuis presque 30 ans ; une fratrie qui se retrouve au restaurant…
Des histoires ordinaires, de gens ordinaires. Le talent de l’auteur est de nous intéresser à cet ordinaire, là où l’on a tellement l’habitude de lire de l’irréel, d’être toujours dans la surenchère, dans l’esbroufe. Comme d’habitude chez Quadrature, des nouvelles de grande qualité.
Dès les premières pages, c’est le ciel qui prend toute la place au point d’être un personnage à part entière et d’occulter le narrateur :
« Le ciel me regardait. Je n’aimais pas quand il me regardait comme ça. J’avais l’impression qu’il allait me jouer un mauvais tour, en tout cas qu’il se fichait de moi. »
Il peut se montrer léger et aérien ou, au contraire, sombre et inquiétant, reflétant ainsi l’indécision de tous ces personnages.
Les éléments tissent l’histoire, soleil, pluie, neige, ils peuvent se montrer complices ou bien menaçants comme cet » œil d’or » du soleil
« Il dardait sur nous son regard flamboyant, à présent moqueur, un rien menaçant. »
Dans ces dix nouvelles, les personnages se croisent, se retrouvent où se découvrent. On plonge dans leur passé, on découvre leurs fêlures et leurs indécisions au fil des conversations et des pensées.
Les scènes, minimalistes, se déroulent dans des cafés, dans la rue ou un parc. Elles racontent des amours jamais terminées, des souvenirs malheureux et des solitudes béantes. Ces gens que l’on croise sur quelques pages nous émeuvent par leur fragilité, nous surprennent par leur culpabilité. Le passé resurgit, tel un diable sorti de sa boite, et, parfois, c’est douloureux.
Les protagonistes sont tous des hommes, ou bien un homme, jamais vraiment le même, mais qui est traversé par ses souvenirs et son passé. Les femmes, ce sont celles que l’on croise, que l’on retrouve, ou les absentes auxquelles on pense toujours.
Avec une économie de moyens, une justesse de ton, Michel Lambert déplie sous nos yeux la grande fresque de l’humanité, il brode à points sensibles ces esquisses de vie, ces instants fugaces, qui nous touchent par leur universalité et c’est beau.
Les nouvelles, c’est un genre à part que j’aime bien, un concentré d’histoires, de fragments de vie.
Dans ce recueil qui regroupe 12 nouvelles, on croise un grand nombre de personnages un peu perdus, certains carrément à la dérive. Ils reviennent sur leur passé, cherchant même à retrouver une amante d’autrefois.
Dans la dernière « Sosies de l’amour », qui a donné son titre au recueil, on fait la connaissance de Patrick qui s’occupe du casting pour embaucher des sosies d’artistes. L’auteur joue sur le mensonge de ces ressemblances. Nos vies, à quoi ressemblent-elles ?
Tous ces personnages que l’on croise sont très ordinaires, et leur vie est banale. Ce qui l’est moins, c’est cet instant fugace dans leur quotidien qui nous les rend soudain si proches.
L’auteur excelle à parler de tous petits rien pour en faire une histoire.
Les dernières pages sont consacrées à un interview de Michel Lambert qui nous en dit plus sur ses sources d’inspirations et sur sa démarche d’écrivain.
J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture. Un grand merci aux éditions Weyrich et à masse critique de Babelio
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