Ce premier roman puissant vient de décrocher le Prix du Roman Fnac 2022
Dans ce village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, y grandit en apprenant à éviter les accès de violence de son père, à les anticiper. Si sa mère et sa soeur se résignent à la déferlante des mots orduriers, aux coups, aux retours avinés, préludes à de nouvelles scènes, Jeanne, malgré la peur permanente, lui tient tête. Jusqu'au jour où, pour une réponse péremptoire prononcée avec toute l'assurance de ses huit ans, il la roue de coups. Quand arrive le médecin du village, appelé à son chevet, elle est convaincue que cet homme éduqué et bienveillant va mettre fin au cauchemar : mais, à l'instar des proches et des voisins rustauds, il fait comme si de rien n'était, comme si elle avait été victime d'une simple chute.
Dès lors, son dégoût face à tant de lâcheté, et aussi son désir d'échapper à la terreur quotidienne vont servir de viatique à Jeanne. Grâce à la complicité d'une professeure, elle parviendra à s'inscrire à l'École normale d'instituteurs sans l'autorisation de son père. Cinq années de répit, dans la ville de Sion, loin du foyer familial. Mais le suicide de sa soeur agit comme une énième réplique de la violence fondatrice.
Réfugiée à Lausanne, inadaptée sociale, la jeune femme, que le moindre bruit fait encore sursauter, trouve une forme d'apaisement dans ce nouvel exil volontaire, et dans de longues séances de natation dans le lac Léman. Le plaisir de nager, découvert loin de son père, est le seul qu'elle parvienne à s'accorder. Habitée par sa rage d'oublier et de vivre, elle se construit une existence, s'ouvre aux autres, et s'autorise peu à peu une vie amoureuse.
Dans une langue âpre, syncopée, Sarah Jollien-Fardel dit avec force le prix à payer pour cette émancipation à marche forcée. Car le passé inlassablement s'invite, dans une attitude, un geste, un souvenir.
Sa préférée est un roman puissant sur l'appartenance à une terre natale, où Jeanne n'aura de cesse de revenir, malgré son enfance gâchée, malgré sa colère, aimantée par son amour pour sa mère et la culpabilité de n'avoir su la protéger de son destin.
Ce premier roman puissant vient de décrocher le Prix du Roman Fnac 2022
Dans le Valais (près de Lausanne) Jeanne, la narratrice, nous relate l’alcoolisme chronique et la brutalité « primitive » de son père. Qui avait pour habitude de se défouler, dès qu’il était ivre ou contrarié, en tabassant sa mère (Claire) et sa soeur ainée (Emma) Profitant de leur faiblesse et de leur gentillesse qui – apparemment – lui tapaient sur les nerfs … Un père qui s’en prenait rarement à Jeanne – la plus petite – qui, orgueilleuse et au caractère bien trempé, osait lui tenir tête (et même le dénoncer …) Preuve, s’il en était nécessaire, que les bourreaux sont aussi de grands lâches, qui ne se frottent généralement pas à ce qui pique.
Elle apprendra de la bouche de sa soeur (des années plus tard) qu’il avait également abusé d’elle à plusieurs reprises. Emma – « sa préférée » – qui choisira de se suicider, peu de temps après ses révélations, maltraitée et vilement utilisée par tous les hommes qu’elle croisait …
Loin son village valaisan, où les femmes sont les ombres des hommes, Jeanne va tenter de se reconstruire. En acceptant sa bisexualité et en faisant taire la violence que son père a planté en elle … En luttant contre le dégoût et la colère sourde qu’a fait naitre, durant son enfance, un médecin de famille (en qui elle avait toute confiance) qui a préféré un silence complice au scandale d’une dénonciation embarrassante … Le chemin sera long, jusqu’à la découverte d’un secret de famille bien enfoui …
Un très court roman, sombre et glauque, qui condamne l’inertie des uns et la couardise des autres, méprisant la souffrance des plus vulnérables. Qui met en garde sur le danger de se perdre soi-même, si la haine et l’isolement psychologique deviennent plus puissants que le désir de s’ouvrir à la vie …
Un brillant roman sur l’adversité, sur l’abus de l’autorité paternelle, sur l’inextricable soumission maternelle, sur la dure recherche de trouver sa place dans la société, sur la différence, et, surtout sur la difficulté de faire face à sa propre construction mentale. Ce livre ne peut laisser insensible face à la plume merveilleusement ciselée de Sarah Jollien-Fardel ; sur des sujets bien d’actualités : une misère familiale dans la sempiternelle violence, l’inculture paternel et la fermeture d’esprit. Bref, un schéma d’éducation qui éclaire d’une maigre lueur le devenir d’enfant.
Suisse, canton du Valais, les enfants, Emma et sa sœur Jeanne mènent une existence sous les auspices de l’extrême sévérité, de l’ignominie, de la cruauté et de la perversion de leur père : Louis. Leur mère Claire, s’est depuis longtemps résignée à subir les assauts de brutalité, les invectives permanentes, quand son mari, rentre ivre de son travail. Ainsi, à chaque instant, dès sa présence, le déluge de coups, et les obscénités verbales fusent et chacune subit l’ire de l’ivrogne. Et l’acmé de ces violences sera le viol de l’aînée :Emma. Tout le village de taiseux est au courant des violences de cette famille, y compris le docteur, qui fait semblant de ne rien comprendre, quand sous les coups Jeanne est évanouie, et absout ainsi le père de sa lâcheté.
Ainsi, même si la maltraitance se savait, personne ne posait de questions. Comme se fut déchirant pour Jeanne – la narratrice – de s’échapper de ce destin sans avenir, sans amour, et créer une résilience pour retirer la nappe du brouillard de son corps qui ne connait que la peur, l’indifférence et le manque d’amour. Et si elle parvient à s’échapper, son esprit est perpétuellement taraudé par la rage et la haine. Elle connait, malgré tout, des instants de répits, avec la découverte de la tolérance et de l’empathie.
Un récit qui fait froid dans le dos, dans la mesure, où la triste situation des femmes dans le monde vis-à-vis de la féroce masculinité, ne semble pas prêt de s’achever. Jeanne ressent, comment elle bloquée, par la haine, une haine sans concessions, et qui ressasse toujours les mêmes souvenirs ; incapable de pardon ! Sa famille n’a pu lui apporter sa propre identité, au lieu de cela, elle se fige dans la haine. Pourra-t-elle parvenir à quitter son amertume, et arrêter de se culpabiliser ?
Sa préférée, une plongée dans le drame humain, dans l’humiliation, avec une approche fine de la psychologie de Jeanne, qui ne peut que se fondre avec notre empathie ; une poignante image de la lente dégradation d’une famille qui se désagrège dans l’indifférence générale. À lire absolument.
La narratrice Jeanne vit avec sa famille dans un village niché au plus profond du Valais, en Suisse. Un rien suffisant à déclencher ses incontrôlables fureurs, son père terrorise la maisonnée, roue de coups sa mère et abuse de sa sœur aînée. Battue comme plâtre pour avoir un jour osé lui tenir tête du haut de ses huit ans, la petite fille réalise avec amertume, que pas plus le médecin que leurs voisins et proches, n’ont envie de s’en mêler. Tous savent, mais se taisent. Dès lors, c’est la rage au ventre et toute entière tendue par le désir de s’échapper, que Jeanne grandit, puis parvient enfin à s’émanciper. Mais à quel prix ?
« Tout à coup, il a un fusil dans les mains. La minute d’avant, je le jure, on mangeait des pommes de terre. » Ainsi commence le récit fracassant d’une enfance ravagée, tellement gorgée d’acide qu’elle rongera la narratrice sa vie durant, se moquant bien de la distance et du silence dont cette dernière tentera pourtant d’user comme d’un barrage entre elle et les siens. Les scènes, cruelles et brutales, usent d’un réalisme saisissant pour évoquer la violence absolue d’un homme au-delà de toute rédemption, et ses effets dévastateurs sur ses proches, abandonnés à sa merci, comme dans la cage d’un fauve, par la lâche indifférence des témoins.
Sur les trois femmes coincées dans l’orbite du monstre, pendant que la mère, privée d’échappatoire par sa dépendance économique, et son aînée, vampirisée par la « préférence » incestueuse du père, se laissent réduire en cendres au fond de leur enfer, seule Jeanne trouve la force de rester debout, en préparant son évasion. Elle ne se doute pas encore que cette violence qu’elle combat, elle l’a déjà fait sienne au travers de son dégoût et de sa haine, et qu’elle n’est déjà plus que l’un de ces arbres, certes encore droits mais à demi calcinés, qui continuent à se consumer de l’intérieur à petit feu, longtemps après le passage de l’incendie.
Cinglé par la grêle de ses mots durs et acérés, l’on s’engloutit dans cette histoire - d’une noirceur que rien, ni l’amour d’une mère, ni les attachements amoureux, ni le puissant enracinement à une terre, ne parvient à exorciser -, impressionné par l’évidente vérité de ses personnages. Qu’il s’agisse de leurs mots, de leurs émotions ou de leur comportements, tout sonne juste et s’enroule autour d’une analyse psychologique irréprochable de pertinence et remarquable d’empathie. Et c’est déjà bien ébranlé par les uppercuts encaissés au fil des pages, que l’on s’achemine vers le coup de grâce d’un dénouement, sans doute d’autant plus bouleversant, que simplement, mais clairement, suggéré… Coup de coeur.
Il y a des livres qui vous marquent de la première à la dernière ligne.
Ce roman est de ceux-là.
« Sa préférée » est un roman écrit avec les tripes, sans fioritures, dont les mots écorchent chaque page.
On ne ressort pas indemne de cette lecture qui nous plonge dans la terreur qui étreint le quotidien de Jeanne, sa sœur Emma et sa mère.
Pour un geste, une parole, un détail, la violence du père s’abat sur elles, laissant des traces indélébiles.
Comment construire, aimer, vivre, lorsque même les plaisirs simples ont été confisqués et broyés par un tyran?
Et surtout, peut-on pardonner ?
C’est le récit d’une femme forte et brisée à la fois, une femme qui a bouleversé ma rentrée littéraire par sa sincérité extrême.
Ce fut un moment d’une rare intensité pour moi et j’en remercie l’auteur.
Difficile de mesurer l’impact de la maltraitance sur un adulte en devenir.
Jeanne vit dans une de ces familles où les coups sont quotidiens et où le père alcoolique fait figure de bourreau.
Dans son petit village du Valais Suisse, tout le monde sait mais personne ne dit rien, « on ne se mêle pas des affaires des autres ». Même le médecin semble ignorer le calvaire de ces deux fillettes et de leur mère.
Une souffrance au quotidien pour cette enfant qui regarde sa mère subir les pires sévices et qui ignore encore que sa sœur aînée sera abusée sexuellement à l’adolescence.
L’attachement de Jeanne à son Valais de naissance l’aide à trouver un peu de beauté dans sa vie détruite, mais on ne voit pas de résilience se profiler dans l’avenir de cette femme devenue adulte.
Comment se relever d’avoir vécu avec un père tyrannique et comment construire une vie normale sur ce tas de ruines qu’a été l’enfance ? Lorsque l’autrice fait dire à son personnage « Moi, je suis née morte », on sent que l’on est très loin d’une quelconque reconstruction.
Et là est toute la question de ce roman qui ne répond pas vraiment aux interrogations soulevées que sont les conséquences. La violence, certes ; l’homosexualité, peut-être ; le non-avenir, envisageable.
Un sujet difficile écrit dans un style incisif et poignant mais une surenchère de violence qui élude le pourquoi de ce livre. S’il y avait un message à saisir, je suis visiblement passée à côté.
Mon avis reste mitigé sur ce premier roman de Sarah Jollien-Fardel, certainement réaliste dans les faits mais que j’ai trouvé un peu opportuniste dans la forme et assez superficiel sur le fond.
Un père alcoolique, violent pourrit la vie de Jeanne, de sa sœur et de sa mère.
Dès qu'elle le peut, elle quitte ce foyer toxique et part faire des études à Lausanne.
Mais sa vie est pourrie par cette enfance destructrice.
En elle, une colère permanente qu'elle n'arrive pas à dompter, qui l'empoisonne et détermine ses choix.
Ce n'est pas vraiment un sujet gai et léger, loin de là.
Et pourtant, la finesse de l'écriture permet de lire cette tragique histoire.
Le ton est juste, sans trop ni trop peu.
Jeanne est la seule à être sortie de cet enfer.
Mais à quel prix !
Son enfance broyée lui a laissé quelques forces pour déployer ses ailes, mais ces ailes sont bien fragiles et ne permettent pas un envol définitif.
« Il a confisqué toutes nos allégresses.
Il a massacré toutes nos jouissances. »
C'est un désespérant mais magnifique premier roman.
Une auteure d'un grand talent.
Je ne savais pas qu'il existait un « Prix des détenus ».
C'est une excellente initiative et je ne suis vraiment pas étonnée que Sarah Jollien-Fardel ait obtenu ce prix qui a certainement fait écho chez de nombreux détenus.
Sarah Jollien-Fardel utilise la première personne pour s’intéresser aux traces laissées par l’enfance sur une vie. Elle nous montre que les traumatismes de cette période sont des boulets que les victimes trainent toute leur existence.
De bons parents et un bel environnement donnent la voie à suivre et peuvent devenir un tremplin vers une vie réussie. A l’inverse, les enfants sous le joug de mauvais parents partent avec un handicap qu’ils vont devoir surmonter. Une seule pièce est défaillante ou manquante à la base et c’est tout le développement des futurs adultes qui s’effondre. Dès lors, ils sont donc en reconstruction perpétuelle et en combat avec leur passé.
Dans « Sa préférée », on vit tous les évènements de la narratrice, avec empathie. On subit ses souffrances, on recueille ses joies et on éprouve ses ressentiments et la violence ancrée en elle. Comme elle est émotionnellement esquintée, elle nous partage toute la difficulté qu’elle rencontre à recoller les morceaux et à se recréer une nouvelle vie, libérée de ses démons. Une question se pose alors : Est-ce réellement possible de renaître ?
Alors oui, le sujet est éculé. Il est vrai que beaucoup d’autrices et d’auteurs l’ont déjà développé et j’en ai lu un certain nombre. Mais je pense que si la littérature peut ouvrir les portes des foyers pour en dénoncer les drames familiaux et qu’en plus c’est fait avec talent, tous ces textes sont nécessaires. Grâce aux émotions qu’ils véhiculent, ils permettent à la parole de se libérer et empêcheront, je l’espère, ces actes de se reproduire !
J’ai plongé sans retenue dans l’esprit fragile de Jeanne, porté par la lecture très juste de Lola Naymark. La sensibilité de l’autrice m’a transporté et j’ai ressenti par sa plume toute la colère qui coule dans les veines de l’héroïne. Un grand choc d’émotions que je vous recommande !
https://leslivresdek79.wordpress.com/2023/02/17/826-sarah-jollien-fardel-sa-preferee/
Une très belle écriture qu'on savoure jusqu'à la fin. Jeanne est meurtrie et refuse presque cette vie colorée malgré elle. Comment peut-on remédier à ces souffrances subies ? Elle devient la conséquence d'une enfance témoin de violences paternelles. Nous ne pouvons pas y rester indifférent.
Un bémol : J'ai pas compris le passage avec Charlotte qui n'apporte pas matière à l'histoire. Il y en a quelques uns qui éternisent la lecture.
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