"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Perpétuelle félicité
Florence Andoka
Couverture - graphisme : Maxime Sudol
Éditions Vanloo
Hauer Philippe
En librairie
« L'histoire d'Agathe se situe dans une conque rose, où s'abat la mer aux quatre coins de l'île, dans la ville de Catane, au troisième siècle. »
Je regarde la mer, les voix qui s'entrechoquent, vagues après vagues. L'emprise de l'immanence. J'imagine Agathe.
« La lumière passe le relais à d'autres formes d'éclairage. »
Agathe qui ne manque de rien, refuse le corps, toute l'ivresse de l'amour et attise le désir démultiplié de l'homme.
« Il n'y a aucune fin possible, alors il lui fait savoir sa déception, la douleur solaire qu'elle lui inflige. »
Femme meurtrissure, bête aux abois, rien ne résiste aux griffures acérées de l'homme. Agathe, la martyre aux yeux de sel, au corps perdu dans les limbes assoiffés. Ce texte poignant, d'une écriture lumineuse, d'une beauté inouïe résistera toujours bien après cette parabole criante, crue, solaire comme Agathe. Lucie…
« Si Agathe n'avait pas aimé Lucie, comment serait-elle apparue ? Mon amie, ma soeur… Lux, Lucis, de la lumière et pourtant c'est à fleur d'ombre que repose l'enfance de Lucie. Si c'est une île, c'est la Sicile dit le film ! »
Lucie voyage… Grotte matrice. Lucie au coeur du Sanctuaire à Catane, une chapelle improvisée dans une grotte. La condamnée aux supplices. L'aveugle déchiquetée à coups de dents paraboliques. le corps emmuré, le désir lynché, Lucie la sacrifiée.
« C'est le printemps déjà, l'heure de faire un geste à son tour. Mais quelle justice pour celui qui espère ? » « Lucie, la patronne des ophtalmos qui oeuvrent dans le noir et espèrent recouvrer la vue. »
Marie D'Égypte, comme Marie-Madeleine était une prostituée et c'est son chat, enfin son lion qui l'a enterrée. Ça arrive. Marie, l'errante,
« emportée par le mouvement conduisant les pêcheurs à la Basilique de la Résurrection. »
Elle marche, la main dans celle d'une vieille femme, la guidant en direction du Jourdain. Femme au corps comble sans espace essentialiste, empreinte dans le sable des mirages. Marie D' Égypte, le repentir. Se purifier, abolir l'odeur de ces hommes, la cruauté abyssale. «Le champ d'honneur et la perpétuité où l'eau est basse, elle passe. C'est le désert et c'est l'éternité, de l'onanisme pénitent."
Femmes martyrisées, déchiquetées au fronton d'une liberté d'être corps et chair, insoumises et révélées. Prémices d'un féminisme purifié, absolu. Éternelles femmes, chemin des grâces et de loin, voici un exutoire très courageux et qui honore les sanglots de ces éperdues et leurs sacrifices. D'une poésie et d'un aérien presque hors norme tant la beauté insuffle et purifie. Ces trois textes qui s'emboîtent sont un hymne à la féminité, au crucial d'une liberté sans faille coûte que coûte.
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