"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est en 1947 que Jean Meckert publie Nous avons les mains rouges.
Quatre mois avant Sartre, il s'attaque à la Résistance et à l'épuration qui a accompagné la Libération.
De quoi parle ce roman noir et puissant ? Laurent Lavalette est embauché dans la scierie de d'Essartaut, un veuf qui vit dans les montagnes avec ses deux filles et un homme à tout faire, Armand.
Laurent apprend vite que le patriarche est à la tête d'un réseau de résistants qui n'a pas déposé les armes et qui, régulièrement, organise des expéditions pour punir ceux qui se sont enrichis durant la guerre tandis que d'autres se battaient. Malgré les réticences de Laurent à s'engager dans des mesures expéditives, il prête cependant parfois main forte.
Pour ses partisans qui n'ont pas mesuré leurs efforts durant la Guerre, la Libération a un goût amer, elle ne tient pas ses promesses d'égalité, de justice et de grand chambardement. Toutefois cette lutte sanguinaire laisse Laurent perplexe : « Laurent se demanda un moment en quoi cette doctrine différait du fascisme contre lequel ces résistants avaient combattu. » Comme dans la plupart des romans de Meckert mais aussi dans ceux qu'il écrira plus tard pour la Série Noire sous le pseudonyme d'Amila, le protagoniste de Nous avons les mains rouges est cet homme droit mais seul, réfractaire aux embrigadements de tout genre.
Passionnant document sur un moment d'Histoire trouble et peu visité, ce roman est dans le même mouvement profondément humain.
Présenté par Stéfanie Delestré et Hervé Delouche
« Quiconque arrive au pouvoir ne songe plus qu'à consolider sa position; c'est un fait reconnu. Sous prétexte de réalisme, il fait appel aux habiles et compose avec les puissants, suivant le précepte de la fin qui justifie les moyens... C'est ainsi qu'à vivre au milieu des loups, le plus sincère militant devenu ministre, ou conseiller (...) gagne, vite en force ce qu'il perd en pénétration, perd vite en générosité ce qu'il gagne en subtilité. Il se transforme doucement en machine de guerre, c'est inéluctable. Il perd ainsi rapidement le contact avec la réalité nébuleuse et vivante du commun. Il devient bourgeois, avec un équilibre, une doctrine, des slogans et des sorties de secours. »
Avec une citation comme ça, je ne pense pas utile de rédiger une chronique. Il y a ceux à qui cet extrait parlera, ceux qui seront curieux d'en savoir plus et ceux que cela laissera froid. Je ne m'adresse pas à ces derniers; nous nous retrouverons sur d'autres livres. Aux autres, je crie « Lisez Jean Meckert ! (bordel) ».
Historique et romanesque, ce roman se déroule deux ans après la Libération. Une Libération au goût amer pour certains résistants qui constatent qu'il reste encore beaucoup de gens impunis pour leurs agissements durant l'Occupation.
Jusqu'à quand doit-on continuer la lutte ? Faut-il faire des concessions ? Peux t'on tuer au nom du bien ? Est-ce que la justice existe ? Ne comptez pas sur Meckert pour vous apportez les réponses.
Un roman d'une force noire absolue et un final assourdissant.
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