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Une maisonnette d'apparence banale, dressée au fond d'un terrain vague. Et toute une équipe de police hébétée, certains pleurant, d'autres hagards, la gorge nouée par le dégoût, la colère ou la honte, tous à songer à ce qu'ils avaient fait une demi-heure plus tôt avant qu'on ne les appelle, avant de traverser cette ruelle labourée par les pelleteuses, avant de s'approcher de ce pavillon et d'en franchir la porte. Avant. Car rien ne serait plus jamais pareil.
La scène de crime de ce livre est la plus abominable, la plus atroce que j'ai lu de ma vie !!! âmes sensibles s'abstenir ... !! Une enquête policière qu'on ne peut lâcher ... En parallèle à cela, l'auteur soulève une maladie psychologique hyper interessante (qui touche les mères) et très peu connue ... à vous de la découvrir... comme toujours, T.Jonquet me scotche sur place !
Le grand public connaît-il l’écrivain Thierry Jonquet ? Il est pourtant à l’origine de la très populaire série télévisée « Boulevard du Palais », où une juge d’instruction travaille avec un commissaire de police sur des affaires plus que terrifiantes. Thierry Jonquet est un des auteurs emblématiques du néo-polar français (à la suite de Jean-Patrick Manchette). Il est souvent associé à Didier Daeninckx, Frédéric H. Fajardie, Jean Bernard Pouy, Hervé Prudon, Jean Vautrin et Marc Villard. Dans ses romans, le drame et la tragédie sont le moteur de l’action (comme dans « Mygale » adapté par Pedro Almodovar au cinéma). Il n’y a pas nécessairement une enquête mais plutôt la prospection des motivations de tueurs en série, d’êtres traumatisés, de monstres comme on les « aime ».
« Moloch » m’a interpellé pour deux raisons : ce roman noir est précédé d’une réputation sulfureuse ; et il suffit de citer les différents éléments de l’intrigue pour que ma curiosité soit attisée. Un psychanalyste reçoit, en tant que patient, un artiste complètement à la masse, adepte du body-art extrême, qui suspend son corps à des anneaux de boucherie. Une juge d’instruction, Nadia Lintz, fréquente les salles du Centre Pompidou pour admirer les nus masculins expressionnistes. Rovère est un flic qui aime bien le cubisme (le radical, celui des débuts, pas celui, édulcoré, de l’Art déco) mais il avoue que l’art contemporain le laisse de glace. Sans oublier un photographe dont l’appartement est décoré de tableaux réalistes socialistes, très staliniens. Voilà les ingrédients de ce roman de Thierry Jonquet, paru d’abord dans la Série noire, dont l’intrigue est particulièrement flippante. Il s’agit de retrouver le ou les assassins d’enfants brûlés vifs dans une maison abandonnée, en rase campagne. D’où le titre : Moloch est le démon qui tire sa joie des pleurs des mères à qui il vole leurs enfants pour les « consumer/consommer ».
Le croisement du polar et des arts plastiques modernes est plutôt inédit et rend ce roman plutôt déroutant, même si les personnages (la juge a un sentiment de culpabilité très prégnant ; le flic est désabusé et alcoolique) et la construction du récit restent au demeurant plutôt classiques. Et l’art contemporain dans tout cela, me demanderez-vous ? Il vous faudra pousser votre lecture jusqu’au dénouement pour savoir s’il a le beau rôle ou non …
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Super critique qui me donne envie de lire ce roman.