"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Alain Colmont n'a jamais eu de chance dans la vie, mais s'est toujours courageusement battu contre les coups durs. Son père l'ayant abandonné alors qu'il n'avait que sept ans, il s'est retrouvé seul avec une mère dépressive et incapable de subvenir à ses besoins. Il a donc été contraint de travailler très tôt. Après s'être remis tout seul aux études, il est parvenu à décrocher tardivement une licence d'histoire qui lui a permis de devenir prof.
Et un jour, il écrit un roman, qui obtient un petit succès d'estime et est adapté à la télévision. Alain Colmont se met alors à rêver d'une brillante carrière d'écrivain. Mais ces espoirs sont déçus, tous ses textes suivants étant des bides retentissants. Il n'empêche : il est arrivé à échapper aux griffes de l'Education nationale en devenant scénariste pour la télévision. Il écrit ce qu'on lui demande d'écrire : des histoires standards formatées pour séduire la fameuse ménagère de moins de cinquante ans.
Et puis, nouveau coup dur : sa fille Cécile, qu'il élève seul après le décès de sa femme, est victime d'un grave accident de scooter. Elle se réveille défigurée, à la suite d'un long coma. Le temps de la ré-éducation commence, ainsi que celui des opérations de chirurgie réparatrice, qui ne donnent pas entièrement satisfaction. Les économies d'Alain fondent rapidement.
Plus tard, le fisc réclame soudain à Alain Colmont une somme astronomique. Pourquoi ? Parce que son père, Mathieu Colmont, souffrant de la maladie d'Alzheimer, est hospitalisé depuis plus de deux ans dans un service de gériatrie, en banlieue parisienne ! L'article 205 du code civil stipule que les enfants doivent une « obligation alimentaire » à leurs parents. Mathieu Colmont se trouve totalement démuni. La loi est la loi, il doit payer.
Alain Colmont ne peut subvenir à la fois aux besoins de son père et offrir à sa fille une seconde chance de redémarrer dans la vie. L'été 2003 arrive. La canicule fait périr des milliers de vieillards. Dans les hôpitaux, c'est la panique. Le personnel est débordé, la pagaille s'installe. Alors Alain Colmont se laisse peu à peu tenter par une bien mauvaise solution...
Comment un personnage, étouffé par les dépenses et les coups durs glisse lentement vers le crime.
Les + :
C'est très noir.
On ressent la maturité et l'intelligence de l'auteur derrière ses écrits.
Une multitude de personnages prolétaires exquisément dépeints, dont la malchance, le jmenfoutisme pour certains et la survie pour d'autres vont faire percuter et entrelacer leurs destins.
Une critique acerbe de la société française
Les - :
L'histoire aurait mérité plus d'intérêt de ma part.
J'ai bien aimé ce récit de Thierry JONQUET. Il s'agit bien là d'une réflexion banale, et pourtant c'est vrai : j'ai bien aimé. C'est le genre de roman dans lequel on "entre" avec facilité et duquel on se délecte de plus en plus au fur et à mesure de la lecture.
J'ai aimé, par exemple, l'avant-propos original avec, pour commencer une étude du mot "chance" et pour suivre une description très recherchée des personnages. On a l'impression que chaque mot a été pesé, que le costume dont l'auteur les affuble a été taillé sur mesure. Les mots sont simples mais si bien agencés qu'ils deviennent des passages jubilatoires.
J'ai aimé la manière dont tous ces gens vont se croiser dans la vie, dont leurs destins petit à petit vont s'imbriquer. De même que Thierry JONQUET a l'art de décrire ses personnages, il excelle dans l'organisation des faits. Le suspens est bien maîtrisé, on passe allègrement de la réalité (la canicule de l'année 2003 est quand même bien là) à la fiction. C'est donc bien un roman policier avec son lot de morts. Et pourtant, je l'ai davantage ressenti comme un "documentaire social" : la vie quotidienne des SDF, avec leurs misères et leurs souffrances, mais aussi leur violence, il nous entraîne à Belleville avec sa palette de personnages hauts en couleur, ce quartier où se côtoient toutes les races, les religions, et puis les relations fils/père et toutes les interrogations sur l'obligation de prendre soin de son père même s'il vous a abandonné, parce que c'est la loi pour un enfant de subvenir aux besoins de ses parents.
J'ai aimé le ton sans concession qu'adopte l'auteur, celui qui consiste parfois à envoyer la morale par dessus les moulins, les descriptions froides, mais réalistes, des hôpitaux, véritables mouroirs. Décidément, Thierry JONQUET ne s'embarrasse pas de préjugés, il écrit ce qu'il a sur le cœur, n'utilise pas de langue de bois et fait de son roman une histoire d'une grande sensibilité et, sous des abords durs, véritablement poignante.
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