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La raison principale de mon épuisement moral, c'était la conscience que mes camarades et moi combattions dans ce pays pour un gouvernement corrompu et détesté par ses propres citoyens, pour un peuple qui avait perdu son droit à la souveraineté, et que nous aidions une armée totalement inapte. J'avais besoin de savoir de quel côté je me battais et quelles valeurs je défendais.
Moi, Marat ex-commandant de l’armée Wagner de Marat Gabidulin
« La raison principale de mon épuisement moral, c’était la conscience que mes camarades et moi combattions dans ce pays, pour un gouvernement corrompu et détesté par ses propres citoyens, pour un peuple qui avait perdu son droit à la souveraineté et que nous aidions une armée totalement inapte. J’avais besoin de savoir de quel côté je me battais et quelles valeurs je défendais. » Marat n’est pas un repenti, ni un lanceur d’alerte. Marat c’est un soldat, fier d’avoir fait partie des troupes aéroportées de l’armée régulière de la Russie, fier d’avoir combattu Daech en Syrie notamment lorsqu’il raconte avoir participé à l’opération qui a permis de reprendre Palmyre aux islamistes. Mais qui maintenant alors que l’armée de l’ombre illégale Wagner est sous les projecteurs s’interroge après avoir servi celle-ci, déployée de l’Ukraine à la Syrie, de la Libye à la Centrafrique, désormais au Mali et d’entre d’autres pays comme Madagascar et d’autres, que je vous laisse découvrir si le sujet ô combien d’actualité vous intéresse. Comme il est dit en préface, ne vous attendez pas en lisant ce livre a des confessions coupables. Soldat de fortune, comme l’on appelle les mercenaires, Marat relate dans ce livre cette histoire de l’armée Wagner, « pour fixer des faits, inscrire dans le marbre de l’histoire ces frères d’armes tombées au combat » en absence de toute considération des autorités Russes, puisque cette armée, bien qu’elle soit déployée aux quatre coins du monde suivant les intérêts du régime Russe, « serait selon la version officielle un fantasme de détracteurs, selon le président Poutine « qui a toujours refusé de reconnaitre le recours aux mercenaires dans des zones de conflits, parce que le mercenariat en Russie est une activité officiellement passible en vertu de l’article 348 de leur code pénal, d’une peine d’emprisonnement jusqu’à huit ans ferme ! En outre le président Russe trouve son compte dans ce silence. « Son état peut ainsi économiser les pensions, les salaires qu’ils devraient verser si ces soldats appartenaient à l’armée régulière et également faire état des pertes subies. » Wagner n’ayant pas d’existence juridique, personne n’assume publiquement ni ses actions ni sa direction. Pourtant, comme le relate Marat, « cette organisation a été fondée par le Lieutenant-colonel Dimitri Outkine, nom de guerre Wagner, ancien membre du GRU, qui réunit en 2014 des vétérans des forces spéciales pour créer un groupe d’intervention rapide, pour mener des opérations ciblées dans la région séparatiste du Donbass en Ukraine. » L’autre personnage clé du groupe Wagner s’appelle Evgeni Prigojine qui malgré un passé délinquant sulfureux, je vous laisse le soin de le découvrir, va devenir une figure incontournable dans le cercle du pouvoir gagnant le surnom de « cuisinier de Poutine » et qui maintenant finance et assure les fonctions exécutives de Wagner avec le soutien de hauts gradés de l’armée. Marat Gabidulin a servi Wagner. Il a reçu des médailles internes au groupe mais aussi des décorations officielles de l’Etat Russe pour ses faits d’armes, « toujours remises en secret. » Manquant d’équipements et d’armements haut de gamme, souvent en première ligne, les troupes de Wagner ont à plusieurs reprises essuyés de lourds revers et connu des pertes humaines importantes. Lui qui a perdu quelques dizaines de bons camarades au combat, lui qui fut blessé à deux reprises sur le front Syrien, le corps toujours criblé d’éclats d’obus quitte Wagner en 2019 désabusé, ne voulant plus accepter d’être de la chair à canon et n’étant plus d’accord avec la politique du secret absolu, alors que cette armée Wagner existe bien. Marat par ce livre « réclame de l’honnêteté, là où il ne peut y en avoir. Il rêve d’une législation du mercenariat en Russie pour que ces combattants n’aient plus à se cacher. » Marat, Ded son surnom (le grand-père, le papi,) donné par ses collègues embauche dans les rangs de Wagner à 48 ans en 2015 faisant partie des 400 premiers engagés matricule M-0346 après une sélection à cette époque rigoureuse. « On était bien payé 950€ par mois pendant la période d’entrainement sur la base puis de 1500 à 1800 pour les premières missions à l’étranger. Certes sans couverture sociale, sans aucune rente pour la famille en cas de décès mais avec des primes pour participation au combat. » Après trois mois de formation il est envoyé pour une première mission « dans le Donbass, territoire considéré comme son pré carré par Poutine ». Après le Donbass, Marat monte en grade, de simple soldat il devient commandant d’une compagnie de reconnaissance et s’embarque pour la Syrie ou il fera quatre séjours soit deux ans de présence, soldat illégal, sans drapeau, déployés au nom des intérêts de la Russie et de son allié Bachar al-Assad. C’est dans cet univers que vous ferez vos premiers pas en suivant le commandant Marat avant de vous retrouver à la fin de ce livre en avril 2022 à Paris. « J’étais tourmenté par un besoin irrépressible de faire comprendre à mes compatriotes que le recours aux mercenaires par la Russie est un fait avéré irrécusable. Chacun choisit son épée et son idée. Moi dit-il « un jour si je devais retourner au combat ce serait uniquement pour tuer la guerre. » Le 24 février le président de la Fédération de la Russie a lancé « une opération spéciale » contre ce qu’il appelle « le régime nazi d’Ukraine ». Mais en quelques jours « l’opération spéciale » s’est avérée être une guerre à grande échelle. « A en juger par la quantité d’armes de pointe et de munitions de hautes précisions la Russie a commencé à se préparer à la guerre il y a très longtemps, engloutissant des milliards de dollars, alors que les personnes âgées doivent vivre de retraites d’une modicité humiliante et que les soins médicaux pour les enfants sont financés par des téléthons ! On m’accusera d’être un ennemi du peuple ? c’est le terme utilisé désormais pour désigner toute personne qui ose dire à voix haute ce que les uns préfèrent taire, et les autres ne veulent reconnaitre. Eh bien je suis prêt à vivre avec ce stigmate ! » Je vous invite à lire ce livre brulant d’actualité. Ce récit brut sans concession des horreurs de la guerre et des manipulations de Vladimir Poutine. Bien à vous.
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