"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune Périgourdin intelligent et aimable, se rend à la foire de Hautefaye, le village voisin.
Il arrive à destination à quatorze heures.
Deux heures plus tard, la foule l'aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé.
Pourquoi une telle horreur est-elle possible ? Comment une foule paisible peut-elle être saisie par une frénésie aussi barbare ?
Ce calvaire raconté étape par étape constitue l'une des anecdotes les plus honteuses de l'histoire du XIXe siècle en France.
Hystérie collective, chemin de croix d'une victime et petite leçon de barbarie sont les ingrédients de ce livre qui ne laisse pas indifférent.
Le Point
J’ai de la famille en Dordogne mais je n’ai jamais entendu parler du lynchage qui eut lieu à Hautefaye le 16 août 1870.
Jean Teulé nous fait revivre le calvaire d'Alain de Monéys, Insulté, torturé et finalement brûlé vif, par une foule déchaînée, d’une violence inouïe.
Nous sommes sous Napoléon III, la France est en guerre contre la Prusse et les cultures et le bétail ont souffert de la sécheresse. Camille Maillard, cousin d'Alain de Monéys se dispute avec plusieurs villageois en énonçant que l’armée impériale française connaît des défaites. Dans ces campagnes fidèles à l’empereur les esprits s’échauffent et Maillard arrive à s’enfuir. Sur ces entrefaites, Alain de Monéys arrive, prend la défense de son cousin. Il est pris à partie et traité de prussien. Ses tentatives pour se disculper n’y font rien. Des premiers coups sont assénés par deux hommes; c'est l'acte qui précipite le déclenchement de l'agression collective. Le curé essaie d’intervenir, offrant même une tournée de vin de messe pour les détourner. Rien n’y fait. Pendant deux heures, malgré quelques défenseurs, Alain de Monéys va être supplicié, ils vont lui ferrer les pieds, l’ecarteler… En raison de la foire, plus de 600 personnes vont participer à cette mise à mort.
En décembre 1870, le procès pour l’assassinat d’Alain de Monéys a lieu à Perigueux. Seules 21 personnes ont été accusées, dont un enfant de 5 ans. Il aurait fallu arrêter 600 personnes.
4 personnes seront guillotinées. Les autres seront condamnés aux travaux forcés ou à des peines d’emprisonnement, et l’enfant de 5 ans sera acquitté.
En 1970, année du centenaire une messe a réuni les descendants de la victime et de l’un des bourreaux.
Jean Teulé a mis l’accent sur le côté gore de l’événement. Le contexte historique est très peu évoqué. Heureusement le roman est assez court. Le texte est écœurant, effrayant. Surtout il pose question sur notre sauvagerie potentielle même à l’heure actuelle.
roman très bien écrit qui démontre le côté inhumain de personnes agissant en groupe contre un seul homme. histoire vraie.
réflexion sur des réactions (lynchage en bande organisée) harcèlement....âme sensible s abstenir.
Un livre prenant, dur, voire atroce, que je conseille à ceux qui ont été victime de violence en groupe. Comment comprendre cette folie qui s'est emparée de tout un village paisible ?
http://unlivrepourmeconsoler.fr/pour-toi-qui-as-ete-victime-de-violence-en-groupe-mangez-le-si-vous-voulez-de-jean-teule/
C'est un fait divers historique tout à fait morbide que nous raconte Jean Teulé dans ce roman. Avec sa verve imagée, il nous décrit l'aveuglement de la foule, l'émulation qui arrive à faire des horreurs, la sur-enchère poussée à l'extrême.
Un roman fort et dérangeant, où les tortures nous sont décrites dans les moindres détails y compris la jubilation des bourreaux, ainsi les souffrances et l'incompréhension de la victime.
La dernière partie qui concerne le procès nous éclaire sur ce phénomène de foule qui fait perdre la tête, où l'on agit poussé par les encouragements sans plus aucun discernement.
Un roman comme un reportage brut, sans sentiment ni jugement, court et puissant.
Un livre que l'on referme avec un gout amer sur la nature humaine.
J'aime beaucoup Jean Teulé, j'aime l'entendre parler de ses livres et de ceux des autres, mais je dois bien dire que je n'avais jamais réussi à le lire totalement convaincu. Le magasin des suicides m'a déçu. Je, François Villon ne m'a pas transporté. A chaque fois quelque chose coince. J'ai bien failli me retrouver dans la même situation avec ce roman (basé sur des faits réels) : les débuts sont un peu naïfs, joliment comme si Alain de Monéys était une sorte de Candide qui vivait dans un monde beau. Son arrivée dans le village de Hautefaye est belle, lui sur son alezan, les paysans lui parlant tous de bonne humeur. Les dialogues ne sont pas crédibles, personne ne parle ainsi : "Bonjour Etienne Campot. Ça va Jean ? (...) Qu'allez-vous donc faire à la frairie de la Saint-Roch avec ce boulonnais, les frères Campot ?" (p.13/14). On se croirait au théâtre lorsqu'un acteur fait exprès de mal jouer et de mal dire les répliques. Ca sonne faux, mais c'est sans doute pour donner beaucoup d'informations sur les relations entre la future victime et ses futurs bourreaux, sur l'ambiance du jour, sans être trop magistral.
Heureusement, ça ne dure pas et lorsque la violence s'installe, Jean Teulé reprend une écriture plus sèche et directe. Contrairement à sa manière de parler, même s'il n'élude rien, il n'use pas d'un vocabulaire argotique et reste sobre, ce qui rend son récit très visualisable et ne l'édulcore point. C'est dur, c'est fou, c'est inimaginable, c'est parfois à la limite de ce que peut endurer un lecteur surtout parce qu'il sait que le fait est avéré, que Alain de Monéys en est véritablement passé par là. On est donc face à la folie humaine aux débordements incontrôlés et incontrôlables, aux effets de masse, de foule, et même au-delà. Comment peut-on en arriver jusqu'à molester, frapper, torturer et brûler vif un homme ? Un ennemi on pourrait si ce n'est comprendre au moins entendre certaines raisons, mais un homme du coin aimé et respecté ?
Le roman commence comme une bluette, puis part dans des accès de violence inouïs. L’auteur parle de tous les protagonistes, de ceux qui veulent empêcher le massacre, de ceux qui ne voient plus rien que la personne à abattre et qui n’expliqueront jamais vraiment leur geste. Il joue avec son écriture nous promettant une belle histoire qui dérive très vite dans un déchaînement de violence décrit en phrases courtes, rapides, et dans un vocabulaire courant emmenant son lecteur au bord du dégoût mais aussi l’empêchant de lâcher son livre. Enfin, je pourrais dire que j’ai aimé un roman de Jean Teulé (merci Pierre –qui se reconnaîtra- pour ton prêt). Un livre qui m’a rappelé un autre, du même genre, Un juif pour l’exemple de Jacques Chessex, dur et beau en même temps.
Une histoire vraie qui mériterait d'être enseignée pour comprendre le mécanisme effrayant de l’hystérie collective où le QI se divise en fonction du nombre de participants au lieu de se potentialiser !!
Une belle leçon de dérapage où la victime ne peut échapper à son effroyable destin dans une atmosphère de guerre où les rancœurs sont trop vives !
C'est un roman qui nous rappelle aussi que parfois nous jouons de nos émotions sans prendre de recul et que le "bien pensant " n'est pas toujours dans l’immédiateté ...
Cela commence tout gentiment. Nous sommes en plein été, au nord de la Dordogne, dans le domaine de Bretanges, sur la commune de Beaussac. Alain de Monéys, jeune homme de 28 ans se lève et converse un moment avec Amédée, son père, et Madeleine-Louise, sa mère. Nous sommes le mardi 16 août 1870, une sécheresse terrible sévit sur le pays et notre homme ne sait pas ce qui l’attend.
Exempté par le conseil de révision, il ne combat pas les Prussiens en guerre contre la France mais a demandé qu’on lève son exemption pour partir enfin sur le front de Lorraine malgré un léger handicap qui l’empêche de marcher normalement.
Comme il est le gérant du domaine familial et en même temps premier adjoint de Beaussac, il décide de se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin. Après avoir fait le trajet à cheval, il commence à rencontrer des gens, tous courtois, comme Madame Lachaud, la femme de l’instituteur. Il ne se montre pas insensible au charme d’Anna Mondout, 23 ans, qui ne sait ni lire ni écrire, un cas fréquent à l’époque : « un enfant à l’école, c’est deux bras en moins à la maison et dans les champs. »
La foire de Hautefaye est un événement dans le pays et attire près de 700 personnes dans ce bourg qui compte tout juste 45 âmes. La chaleur, la soif et la sécheresse échauffent les esprits car les nouvelles du front sont contradictoires. Un cousin d’Alain fait savoir que L’écho de la Dordogne annonce des défaites à Froeschwiller, Reischoffen, Woerth et Forbach mais on ne veut pas le croire. Alors que la colère commence à gronder contre ce défaitiste, celui-ci réussit à s’enfuir.
Entendant ce remue-ménage, Alain de Monéys veut savoir ce qui se passe, défend son cousin et se fait traiter de Prussien et la folie s’empare d’une foule qui a trouvé un bouc-émissaire idéal pour servir d’exutoire. Je vous laisse le soin de découvrir la suite racontée avec minutie et truculence comme sait si bien le faire Jean Teulé.
Mangez-le si vous voulez raconte une histoire vraie qui a défrayé la chronique et dont le dernier témoin est mort en 1953.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
ah j ai eu du mal à le finir tant il est ecoeurant .... comment passez de l innocence à une mort atroce, cet enfant a du souffrir; ms quelle folie s empare de la foule ?. C est Teulé que j aime, ms j ai eu du mal.
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