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Elle devait s'appeler Malvarrosa mais, à cause d'une erreur de l'officier de l'état civil ou parce que son écervelé de père était trop soûl en allant la déclarer, elle finit par s'appeler Malarrosa.
Cette petite fille marquée par le destin dès sa naissance accompagne son père dans les bouges où se déroulent ses parties de cartes et parcourt avec lui les hameaux environnants au gré des rencontres pugilistiques entre Oliverio Trébol et les «champions» locaux.
Elle vit au milieu de personnages hauts en couleur, campés avec une truculence toujours teintée de tendresse : Saladino, père irresponsable et joueur poursuivi par la guigne, Oliverio Trébol dit Tristesburnes, le gros bras au coeur tendre, sans oublier Isolina del Carmen Orozco Valverde, l'institutrice d'âge canonique qui ne désespère pas de ramener tout ce beau monde dans le droit chemin.
Au fil des mois, ses vêtements masculins ne peuvent plus dissimuler les rondeurs naissantes de Malarrosa. Alors, avec une lucidité et une détermination extraordinaires, ce sera elle qui, pour la première fois, décidera de son destin.
Fidèle à sa vocation de chantre du désert et de l'épopée du salpêtre, Hernán Rivera Letelier a choisi pour toile de fond l'agonie de Yungay, un de ces innombrables villages du Nord qui ont disparu comme autant de mirages.
Yungai, petit village du désert d'Atacama, a longtemps été prospère grâce aux mines de salpêtre qui ont fait vivre toute la région. Mais ces temps sont révolus, la demande de salpêtre s'est amoindrie, les mines ferment tour à tour et Yungai se désertifie. C'est dans ce contexte que grandit Malarrosa, l'héroïne du roman. Elevée par un père buveur invétéré et joueur de poker malchanceux, la petite fille suit son bonhomme de chemin entre l'école du village, les maisons closes où se déroulent les parties de carte, les rings improvisés où combat Tristesburnes, l'ami de toujours et les veillées funèbres où elle exerce ses talents de maquilleuse des morts.
Les mots me manquent pour dire à quel point j'ai aimé ce roman! J'ai aimé les personages hauts en couleur, aux surnoms farfelus et surtout Malarrosa, petite fille si mature, tellement attachée à ce père blessé par la vie. J'ai aimé Yungai qui survit malgré le vent et le sable, malgré les rues désertes, malgré la crise. Et puis j'ai aimé cette histoire, faite de multiples anecdotes, qui se lit comme un conte. Tragique et drôle à la fois, ancré dans la réalité sociale et politique du Chili des années 30, ce roman a le souffle des grands romans d'Amérique du Sud. J'ai souvent pensé en le lisant à Cent ans de solitude de GARCIA MARQUEZ.
Il faut le lire ABSOLUMENT! Cela me chagrine qu'il risque de passer inaperçu alors qu'il mérite le même destin que Le coeur cousu de Carole MARTINEZ.
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