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Livre de poche

Couverture du livre « Livre de poche » de Otto Weininger aux éditions Rivages
  • Date de parution :
  • Editeur : Rivages
  • EAN : 9782743613655
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

« ''Quel homme étrange et mystérieux, ce Weininger !'', écrivait August Strindberg en 1903 dans une lettre à son éditeur. Le texte présenté ici en donne la preuve. Il n'a pas été publié de son vivant mais rassemble différentes notes en forme d'aphorismes qu'il avait été impossible d'intégrer... Voir plus

« ''Quel homme étrange et mystérieux, ce Weininger !'', écrivait August Strindberg en 1903 dans une lettre à son éditeur. Le texte présenté ici en donne la preuve. Il n'a pas été publié de son vivant mais rassemble différentes notes en forme d'aphorismes qu'il avait été impossible d'intégrer dans son premier ouvrage posthume : Des fins ultimes tant elles étaient difficiles à décrypter (écrites pour la plupart en sténographie). Elles sont suivies d'une série de lettres adressées à un ami.
L'amitié entre hommes était une chose sacrée pour Weininger. Tous les témoignages concordent.
Mais on y trouve très rarement la mention ou l'évocation d'une femme, alors que la relation avec les femmes, le rapport à la femme, à l'Autre, semble avoir été le grand problème de Weininger. S'il écrit dans l'une des notes présentes dans ce recueil : « Je crois que mes forces mentales sont telles que, en un certain sens, j'aurais pu résoudre tous les problèmes. Je ne crois pas que j'aurais pu longtemps persévérer dans l'erreur, quel que soit le sujet. Je crois que j'aurais mérité le nom de rédempteur car j'ai une nature de rédempteur », il n'a néanmoins pas pu résoudre cette équation des sexes qui imprime déjà sa marque au titre de son ouvrage principal : Sexe et caractère.
Pouvait-il d'ailleurs le faire quand on voit ici que son acte principal d'interprétation se situe dans la ligne éthique Bien/Mal ? Weininger se considérait comme un génie et a souvent été perçu comme tel. Tout était important pour lui. Mais rapportant tout à l'intellect, cherchant à intégrer dans sa connaissance et son interprétation du monde les hommes, les animaux, les plantes, les astres, la biologie, la psychologie, l'art, etc., il s'est trouvé démuni devant ce que Strindberg appelle l'Esprit de la terre, la femme. Submergé par ce problème en dépit de tous ses efforts d'aperception, avide d'amour (comme le note son éditeur dans la préface) mais incapable de se laisser aller à l'amour, il a endossé le rôle du criminel qui doit être châtié, comme si l'impossibilité de comprendre de façon raisonnée ne laissait place à aucune autre issue - était le crime par excellence. Mystérieux lui-même, il ne pouvait laisser en place le mystère de l'Autre et l'accepter comme tel.
Il y a quelque chose de prométhéen dans l'entreprise de Weininger, que ces notes en forme d'intuitions révèlent de façon brute et tragique. Il n'a pas voulu construire de système mais vivre sa philosophie, car un système global n'ayant qu'une valeur théorique était pour lui inacceptable : il est nécessaire d'obéir à ses propres lois. D'une logique radicale, il en a assumé la conséquence
ultime. Il s'est suicidé en 1903 à l'âge de 23 ans. Si cet acte de désespoir marque l'insuffisance de sa pensée se refusant à toute sensualité, elle en révèle aussi l'exigence et l'authenticité, définissant en creux une ligne de partage que, grâce à lui, la psychologie va ensuite investir. »
Pierre Deshusses

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