"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Jusqu'ici, Cochon a toujours vécu heureux. Mais quand il apprend que son fermier adoré ne le nourrit que pour l'engraisser afin de le manger, son monde s'écroule et c'est la panique.
Comment échapper à ce cruel destin ? Justement, les poules de la ferme ont créé fusée pour aller dans l'espace et cherchent un pilote pour l'essayer. Serait-ce là l'occasion de s'évader ?
Cochon n'a jamais fait confiance aux poules, qui sont des créatures maléfiques, mais a-t-il le choix ? Dans le pire des cas, il sera le premier cochon à avoir volé dans l'espace. Et tourner autour de la Terre vaut toujours mieux que de tourner autour d'une broche.
« L'Incroyable journal (top secret) de monsieur Cochon » est paru en France le 26 février 2015. C'est une première production anglaise d'Emer Stamp, qui après une formation de graphiste s'est orienté dans la publicité. Il a mené à bien seul ce projet et en a conçu, à la fois les textes et les illustrations. le titre original est « The Unbelievable Top Secret Diary of Pig » traduit par Cécile Nelson.
L'histoire se situe dans une ferme dont le héros est un jeune cochon très naïf qui affiche « 464 couchers de soleil au compteur » lorsqu'il débute la rédaction de son journal. le livre annonce 192 pages, ce qui est un volume déjà conséquent pour de jeunes lecteurs. Il est composé de deux parties distinctes et proportionnelles.
La première court jusqu'à la page 80, elle s'étend sur 12 jours, durant lesquels, notre aimable et innocent cochonnet nous présente sa ferme et ses résidents. Son monde est complètement manichéen, comme celui des jeunes enfants. D'un coté, les gentils avec Canard, Fermier et lui, bien-sûr, puis de l'autre, les méchants, avec les Poulets et Renard.
Au fil de ces douze jours, sa perception du monde s'affine et s'affirme, éclairée par le coaching avisé et argumenté de son ami Canard.
La deuxième partie débute après une double page entièrement bleue ne mentionnant aucune inscription graphique. Elle symbolise à la fois la rupture et la prise de conscience qui a lieu dans l'existence de cochon et l'espace sidéral dans lequel la « tractofusée » l'a projeté.
Cochon innove et devient de plus en plus créatif dans la rédaction de son journal. Et puisque dans l'espace il n'y a plus ni de jour ni de nuit, il prend l'initiative de baptiser chaque nouvelle page écrite d'un nom de sa composition : Folajour, Gondojour, Piplejour, Vizirjour …
Après de multiples péripéties riches en rebondissements, l'histoire s'achève sur la mention « A suivre … » avec la promesse de retrouver Cochon, Canard et son environnement ainsi que, peut-être, l'arrivée d'un gentil fermier vigitarien !
L'ouvrage est drôle, sensible et d'une finesse indéniable malgré, et grâce, aux nombreuses références scatologiques jalonnant l'ouvrage, qui n'est pas sans nous rappeler celui de Wolf Erlbruch et Werner Holzwarthqui ayant connu un succès quasi planétaire en 2004 avec leur merveille de petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête.
Hormis cette référence, l'humour pratiqué peut aisément être estampillé d'anglais. On y retrouve des traits et tournures proches des romans d'Anne Fine (« Journal d'un chat assassin » ou « Ma mère est impossible »), mais également un hommage appuyé aux films d'animation britanniques, à base de pâte à modeler, réalisés par Nick Park, et tout particulièrement « Une grande excursion (A Grand Day Out) » mettant en scène une tribu de poulets cherchant à éviter leur génocide programmé.
Ce livre devrait séduire petits et en grands, à lire ou à se faire lire.
Les illustrations sont d'un graphisme extrêmement simple par le trait et néanmoins très largement évocatrices et complémentaires au texte, qu'elles éclairent et illuminent de manière remarquable. le langage employé par cochon est ponctué de fautes récurrentes comme par exemple « paske » pour « parce que » ou « ch'suis » pour « je suis ». Chaque page, ou presque, est ornée de tâches qui proviennent, soit du crayon qui coule, soit des empreintes de sabot laissées par cochon, toutes révélatrices de sa maladresse. le « jeune » lecteur est ponctuellement interpellé par cochon qui lui demande fréquemment son avis ou carrément son assentiment sur son analyse, notamment, des différents « pets » produits : les gros pets tonitruants ou les petits excités très puants. Chaque détail posé est un clin d'oeil appuyé et cependant délicat à l'univers dans lequel baignent les enfants, leur permettant de mettre à distance leurs imperfections, leurs peurs et les difficultés liées à l'apprentissage de la vie.
Laissez-vous tenter par cette lecture qui vous fera agréablement retomber en enfance et vous procurera de bonnes séances de sourire jusqu'à de francs éclats de rire parfois.
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