"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Vivre est devenu un espace de radicalité ».
Récit de combat d'un écrivain confronté depuis plus de vingt ans à la dysphorie, "Lettre au recours chimique" frappe autant par sa poésie que par son authenticité. Avec l'héritage assumé d'Antonin Artaud et de Sarah Kane, Christophe Esnault revendique le face-à-face avec le psychiatre et affirme que vivre est aujourd'hui une pathologie. Loin d'être une attaque frontale contre l'industrie pharmaceutique et le pouvoir psychiatrique, ce récit explosif, inventif, toujours en mouvement est une tentative de pensée salvatrice parce que tout en autodérision. Un récit qui se veut à la fois porte-parole des millions de consommateurs de neuroleptiques et un appel aux psychiatres pour que leur institution assure le premier geste d'urgence : l'écoute.
« Un livre littéralement et littérairement passionnant. », selon le psychiatre et poète Stéphane Sangral.
Que dire d’un récit qui ne se raconte pas ? Ai-je détesté, sûrement pas. D’ailleurs, est-ce une lecture dont on peut dire que l’on aime ou pas, encore moins. Alors comment vous parler d’un ‘roman’ comme celui-ci ? C’est une lecture qui demande de l’attention, éprouvante : elle marque, indéniablement. Et l’auteur encore plus.
Christophe Esnault est d’abord un Amoureux de la littérature. Amoureux de l’amour, de la vie.
Souvent
J’aime la vie un peu plus que les autres
Quel gâchis cela serait de trop dormir
J’aime écrire et lire
A deux heures du matin
A cinq heures trente du matin
Mais il est atteint de dysphorie depuis plus de 20 ans. Il se décrit cador du parano aussi. Et angoissé. Il ne rentre pas dans les cases, il dérange ceux qui ne savent pas Vivre.
Pour nous présenter ses pathologies, il nous dresse un tour d’horizon de son monde, ce qui le rend humain, l’illumine, l’énerve, le révolte, l’affaibli. Il nous parle ici de tout, ses amours, des handicapés mentaux, des neuroleptiques, de la musique, des DRH, de ses rdv médicaux, des faux semblants, de l’importance de savoir VIVRE… Surtout.
Il se bat contre l’addiction, les psys, les médocs, sa folie, les normalités, celle du couple,… Le couple, sa vision est absolue ; il aime l’amour, mais pas le couple. De ce qu’on en fait et de ce ‘faut’ qu’il représente pour les normaux.
Le couple est une structure aliénante et torve dans lequel deux êtres sont emprisonnés.
C’est pourquoi l’auteur aime tant sa femme, par ce qu’elle est libre de lui.
Il nous ouvre les yeux et confie ses autres manques, ses souffrances qui dérangent.
En premier lieu visé, le soin psy.. prodigué par ces hommes aux blouses blanches faussement thérapeutes, cachés derrière des murs de diplômes et dénués de la seule chose qu’on leur demande : l’Ecoute de l’humain et sa compréhension.
L’ECOUTE
Aujourd’hui, on sédate le patient sans connaître la cause de son mal, et pour avoir la paix. Et puis parce que cela fait tourner le monde. Le fric.
Vous avez besoin de malades
Pour payer vos maisons à quatre étages
Vous avez besoin de pathologies
Pour partir en vacances tranquilou
Vous avez besoin de malades
Pour trouver gratifications diverses
& statut social
Confort social
On prescrit, c’est tout. On lance les engrenages de traitement longue durée sans se soucier des effets secondaires de traitements au long court.
Mais on n’écoute toujours pas.
Troupeau de normopathes
Ou troupeau de psychiatres
L’effacement de l’individu
Au profit de celui qui encaisse le chèque
Christophe Esnault devient fou de cette transparence, de cette cécité sur les besoins de milliers d’autres patients, de ces pathologies qu’on colle au dos pour donner le droit de prescrire encore un peu plus et bien sûr, il souffre aussi.
Ce récit est « Un texte centré pour un homme égocentré », qui a pris autant de soin à {dé}ranger ses mots, sans dessus dessous, sans règle particulière, à demi, chevauchant, barrés ou solitaires.. Ici les mots, les phrases dansent, volent, se cherchent, explosent, accusent, aiment, pointent.. Dans ce joyeux bordel, chacun à la place qui lui revient et tout est alors limpide.
Cette plume incessante sort « mille pensées à la minute », dans un flot enivrant, spontané. L’auteur plante sa plume au cœur, dans une explosion de sincérité, elle est piquante, cynique et folle, surtout maladivement poétique.
Pour reprendre mon souffle, j’aurais pu fermer ce livre et le continuer au fil des jours, mais.. je suis restée en apnée. Certes court récit d’une centaine de page, ce plaidoyer saisissant se lit d’une traite. Lorsque Christophe Esnault entre dans notre tête, il y reste ; ce genre de personne ne vous laisse plus tranquille une fois rencontrée, lue ou écoutée.
Elle habite votre esprit.
Elle ne s’arrête jamais, elle est solaire, rieuse, bavarde. On voudrait qu’elle aie toujours à nous dire.
Au point d’en être saoulé.
Drogué.
Nous aussi.
Il y a des rencontres qui marquent l’esprit : une présence, une personnalité, un charisme, un tempérament ou aussi un flot de paroles déversé le temps de la « rencontre ». Ou tout ça à la fois. Quand elles entrent en scène, c’est la tornade, tout vole, tout brille, tout éclate et une fois la porte refermée derrière elles, on reste seule, avec pour unique bruit, le silence qui nous enveloppe.
Comme une chape de plomb qui nous tombe dessus.
Alors vous vous demandez ce qu’il vient de se passer.
Et vous reprenez votre respiration, enfin.
« Lettre au recours chimique » n’est pas que le long monologue d’un fou, c’est d’abord les proses d’espoir d’un homme qui ne veut plus souffrir.
Puisse cette lettre faire changer les choses ♥
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