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Avec la Biographia Literaria, les proses des Sermons laïques et de L'Ami (écrites de 1816 à 1818) forment l'ensemble théorique le plus abouti dans l'oeuvre de Samuel Taylor Coleridge (1772-1834), et le plus vaste ensemble théorique du «romantisme anglais». Il était jusqu'ici presque inconnu et non traduit en France. À défaut de constituer un système clos, Coleridge confronte patiemment les enjeux et les domaines classiques de la philosophie (métaphysique, morale et politique) à la vérité de son époque. L'époque signe en effet pour lui l'échec de la philosophie des Lumières. À cette dernière, et à la déchirante destruction de l'idéal révolutionnaire, il oppose la pratique d'un nouvel idéalisme platonicien, un idéalisme «anglais» qui s'efforcerait de n'oublier ni le monde et ses pratiques, ni la religion comme force régulatrice du monde. Mais Coleridge a aussi lu les «romantiques allemands», Fichte, Schelling, Hegel. Il y a puisé la conscience d'une fin de l'art religieux. À mesure qu'il construit son idéalisme, Coleridge rénove la conception de l'art, et l'idée de l'écriture. Il veut rendre celle-ci encyclopédique en un sens nouveau, c'est-à-dire «historique», ou plutôt «historiante, créatrice d'époque». Les essais traduits ici élaborent le fameux concept d'«imagination tautégorique», qui était censé renouer le lien proprement «poétique» de l'histoire et du mythe, et refaire un moyen terme absolu entre l'intelligible et le sensible (le théologique et le politique, l'éternel et l'historique).
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