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Ode bucolique et existentielle, le recueil Les Saisons voit le poète se refuser à toute intellectualisation du monde. Il adopte une vision extatique et naïve sur la Nature, doublée d'une véritable réflexion philosophique renouvelée par le regard de l'homme sur le monde extérieur. Divisé en quatre parties qui reproduisent la marche des saisons, il se compose de nombreux fragments, qui sont autant d'instantanés poétiques, volonté presque utopique d'exprimer le réel, les émotions et les sensations procurées par ce saisissement simple et originel. Sa forme limpide, loin des obscurités rhétoriques, rejoue l'émerveillement innocent du spectacle de la nature, sur lequel l'homme n'a aucune prise et assiste, impuissant, aux secrets de son déploiement.
Mort en 1992, François Jacqmin est un poète belge. « Les saisons » a été pour moi une découverte de ce poète majeur de la deuxième moitié du XXe siècle.
A travers le paysage changeant de la nature à travers les saisons, c’est sa propre aptitude à la création qu’explore le poète. Non sans un certain humour, à travers phrases et métaphores, il nous livre sa pensée.
« Ce qu’il y a à dire du printemps
Le printemps le dit »
Plusieurs lectures sont possibles. On peut simplement se laisser aller à ressentir les émotions, au cœur des paysages et des saisons. Ou bien, on peut aller plus loin dans la réflexion philosophique qui tend l’œuvre.
Les poèmes sont courts et rythmés, l’écriture est précise, concise, et ne s’embarrasse pas de fioritures.
« Les insectes grignotent
L’aridité
On reconnait maintenant
L’extrême indigence de
L’éblouissement. »
A travers cette nature changeante au fil des saisons, c’est toute une humanité qui transpire avec ses failles, ses faiblesses, ses illusions mais aussi sa lucidité.
« La nostalgie est l’enluminure
D’une existence qui ne fut
Jamais vécue. »
La brièveté de ses poèmes peut paraitre brutale, mais elle le rend plus profond et plus limpide dans son énoncé. Point de lyrisme acharné chez ce poète du décharné.
« L’existence cède au paradoxe
De la pierre. »
Une promenade prend l’aspect
D’un combat au burin. »
J’ai trouvé une certaine âpreté dans ces vers où, parfois, se glisse une tendresse, une mélancolie.
« La flemme de l’âtre enchante
Les yeux aux heures closes
De la nuit. »
J’ai lu fragments par fragments ce recueil de plus de 200 pages. La pensée du poète n’est pas toujours facile à suivre. Pour aller plus loin et mieux connaitre le cheminement de François Jacqmin, il faut lire la préface de Guy Vaes et la postface de Frans de Haes : « pensée et parole dans les saisons ».
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