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Nouvelle-Zélande, 1866. En pleine ruée vers l'or, l'île voit débarquer sur ses côtes tout ce que la vieille Europe compte d'ambitieux et de désespérés. Parmi eux, Walter Moody, un jeune Britannique bien décidé à faire fortune. Mais une étrange assemblée l'attend dans le petit hôtel où il a trouvé refuge. Là, douze hommes du cru tiennent une réunion secrète pour tenter d'élucider des faits étranges qui agitent la communauté. Un notable a disparu, une prostituée a tenté de mettre fin à ses jours, et on a découvert une immense fortune dans la maison d'un pauvre ivrogne, mort lui aussi. Moody succombe bientôt à l'irrésistible attrait du mystère et se retrouve plongé dans un entrelacs d'intrigues où la fièvre de l'or est reine.
En 1886, en pleine ruée vers l'or, Walter Moody, jeune Britannique, accoste à Hokitika, en Nouvelle-Zélande. Dans l'hôtel qui le loge, douze hommes sont réunis pour tenter de faire la lumière sur des événements étranges qui troublent la communauté depuis quelques semaines : disparitions, morts suspectes, phénomènes inexpliqués... Une histoire de pouvoir et d'amour énigmatique, basée sur les signes astrologiques mais aussi un roman d'aventure, extrêmement complexe mais qui fait du bien. Un livre travaillé sur l'impossibilité d'accéder à la vérité de ce qui est ou a été, une méditation presque métaphysique sur le sens de la vie, et le temps qui passe. Remarquable !
Il y a des livres qui laissent peu de traces, même si on les a apprécié sur le moment. Et puis, il y a ceux qui vous marquent tant que l'on ne veut pas les quitter. "Les luminaires" appartient à la seconde catégorie. Depuis que j'ai fini ce pavé de 1200 pages, je ne trouve pas l'envie de me replonger dans un autre roman.
Il faut dire que j'ai eu la chance inouïe de pouvoir lire ce livre alors que j'étais moi-même en nouvelle-Zélande ; me balader dans les rues (pluvieuses) d'Hokitika, mon bouquin à la main reste une expérience unique. Ce jour là, j'ai vraiment eu l'impression que les personnages d'eleanor Catton étaient bien réels et qu'ils me laissaient entrer dans leur intimité.
Les luminaires n'est pas un roman facile. Les cent premières pages m'ont parues fastidieuses, le style un peu trop ampoulé... en réalité, c'est le temps qu'il faut à l'auteur pour installer ses nombreux personnages, et au lecteur pour apprivoiser le monde des chercheurs d'or de la nouvelle-Zélande des années 1860. Passée cette première étape de présentations, le roman s'emballe et je ne l'ai plus lâché.
L'intrigue policière et la chasse au trésor sont presque secondaires, (mais tellement réussis !). La description de la société de la Nouvelle-Zélande de l'époque est passionnante et se suffirait à elle-même.
On sent que l'auteur a effectué un travail immense de documentation, sur les diggers, les chercheurs d'or, et sur tous les métiers qui gravitent autour. On aperçoit aussi un peu de la langue et de la culture maorie. Premiers humains arrivés sur ces îles australes, il y a seulement 700 ans, suivis, 500 ans plus tard par des anglais, des écossais, des irlandais, des chinois, des français...
La construction du roman repose également sur l'astrologie même si cette partie est restée très hermétique pour moi, ce qui n'enlève rien au plaisir de lecture. J'ai d'ailleurs l'impression d'être passée à côté de certains détails, et quelques mystères ne sont pas résolus. À vrai dire, j'ai envie de lire le roman une seconde fois ! Preuve s'il en est que la lecture de ces 1200 pages est vraiment un plaisir et que je n'arrive pas à quitter Walter Moody, Te rau Tauwhare, Anna Wetherell ou Crosbie Wells. Eleanor Catton a maîtrisé son sujet de bout en bout. Chapeau à elle. Et si un jour vous avez la chance de découvrir la Nouvelle-Zélande, ne la laissez pas passer.
Surtout, lorsque vous serez face à ce pavé sur les tables des libraires, ne vous laissez pas décourager par son épaisseur, ce serait vraiment dommage. Dommage de passer à côté d'un véritable tour de force dont les pages transpirent le plaisir pris par l'auteure en l'écrivant. Plaisir qui se transmet progressivement au lecteur, de plus en plus heureux au gré de sa progression, alors que l'ingéniosité de la construction narrative provoque une connivence jouissive entre l'auteure et son lecteur.
L'histoire prend place en 1866, en Nouvelle-Zélande, dans la ville de Hokitika, un port en plein développement grâce notamment à la ruée vers l'or. Douze hommes sont réunis au bar d'un hôtel dans lequel vient d'arriver Walter Moody, un jeune britannique venu comme la plupart des habitants de la ville chercher fortune, changer de vie et laisser son passé derrière lui. Ces hommes ne sont pas là par hasard. Deux semaines auparavant, plusieurs événements mystérieux se sont produits - Emery Staines, l'un des prospecteurs les plus chanceux a disparu et Anna Wetherell, une prostituée a été retrouvée inconsciente au beau milieu d'une route - et ils veulent mettre en commun les fragments d'informations détenus par chacun d'entre eux dans le but d'élucider ces mystères. Dans un pays encore neuf où se côtoient des émigrants de tous continents (chinois, français, anglo-saxons...), où chacun a ses secrets, son passé et pas mal de choses à cacher, mettre au jour la vérité ne va pas s'avérer très aisé.
"Messieurs - (le titre rendait, certes, un son étrange, appliqué à la compagnie hétéroclite réunie dans la salle) - j'affirme qu'il n'y a pas de vérité entière, il n'y a que des vérités pertinentes... Or la pertinence, vous en conviendrez, est toujours une affaire de perspective."
Il y a donc ces mystères à élucider, des disparitions en pagaille, de l'or qui se balade entre malles et coutures de robes, une usurpation d'identité, des "retours gagnants", des mensonges, des naufrages, des faux en écriture... Et voilà le lecteur embarqué dans ce qui tient autant de la chasse au trésor que du Cluedo, mâtiné d'astrologie. Chacun des personnages correspond à un élément astral, chacune des parties du livre à une date à laquelle est associée la carte des planètes dans les différents signes. Et l'intrigue avance en fonction des mouvements des planètes... Une façon originale et romantique de parler de destin ou de pré-destination.
Le roman est construit comme une spirale, un tourbillon qui s'affine au fur et à mesure des tours qu'il réalise sur lui-même. Chaque partie a un nombre de pages inférieur de moitié à celui de la précédente pour arriver à la dernière où, sur une simple page, l'ordre des événements de ce fameux 14 janvier 1866 est enfin reconstitué. D'où une impression d'accélération de l'intrigue après les deux-tiers du livre. A ce moment, le lecteur est déjà ferré, avide de connaître le fin mot de l'histoire, totalement accro à ces personnages dont la personnalité évolue sans cesse en fonction de la perspective depuis laquelle on les observe. Tout ceci servi par une belle écriture, dans la veine de celle des romanciers du 19ème siècle, ronde, précise, descriptive.
Plusieurs jours après avoir refermé ce livre, je suis encore sous le charme. Je parlais de tour de force en commençant cette chronique et c'est vraiment l'impression que laisse cette lecture. On est stupéfait autant que conquis par la dextérité de l'auteure. Heureux aussi d'avoir été jugé assez intelligent pour être invité à partager son jeu. Eleanor Catton aime créer. Et visiblement, elle aime ses lecteurs.
Un roman puzzle dans lequel j’ai aimé me perdre et dont les quelques 960 pages ne m’ont pas découragée. Un meurtre, 12 hommes, une salle de réunion voilà le début de cette histoire , c’est avec des histoires dans l’histoire que tout se dénoue petit à petit et que l’on en découvre plus sur chacun. La position des planètes est prépondérante dans l’histoire tout comme la place de la Nouvelle – Zélande.
On en apprends plus sur les Maoris et autres peuples, la ruée vers l’or. Ce sont des petites scènes qui s’enchaînent pour former un tout homogène que l’on suit avec plaisir et attention. Rebondissements, secrets, fraudes, vols d’identité, complicité, adultère, meurtre sont présents dans ce roman émouvant et dont les personnages sont attachants.
L’écriture est particulière et marquée, Eleanor Catton a son propre style , elle a dû faire beaucoup de recherches pour être aussi précise et pointue sur l’astrologie et l’histoire de la Nouvelle -Zélande.
Une fin merveilleuse et inattendue, qui a l’avantage de ne pas être bâclée. C’est à mon humble avis un roman qui pourrait très bien être adapté au cinéma. J’ai aimé le coté philosophique et la belle écriture, le coté métaphysique et déroutant de cette histoire merveilleuse, de cet univers fabuleux. Je suis conquise et je n’oublierai pas ce livre de si tôt.
J’ai été saisie d’entendre l’auteur parler de son roman lors d’une rencontre littéraire, sa maturité alors qu’elle est si jeune, c’est à vous donner des complexes. Il y a une telle assurance, une telle maîtrise de son art ! J’ai vécu un bon moment de lecture et un bon moment avec l’auteur et Pierre Krause de Babelio à l’ambassade de Nouvelle -Zélande où nous avons été accueillis chaleureusement.
VERDICT
A lire pour découvrir quelques choses de différent, de beau et d’unique. Ne vous découragez surtout pas parce qu’il est épais ça serait vraiment dommage. A lire absolument, beau et bon moment de lecture garanti.
Le premier roman d’Eleanor Catton se déroulait dans le milieu d’un lycée, parlait d’un viol, donc d’une histoire très actuelle. Comme elle l’a évoqué lors de notre rencontre à l’ambassade de Nouvelle Zélande, elle s’est posé la question de ses propres limites en matière d’écriture. Se demandant si les limites de son premier roman étaient ses propres limites, et si oui, le seraient-elles pour toujours ? Son nouveau challenge était de partir loin, dans l’espace et dans le temps, et de parler de la nouvelle Zélande.
Née au Canada, élevée en Nouvelle Zélande, elle en est partie jeune avec le sentiment de ne pas appartenir entièrement à ce pays. C’est alors que s’est posé la question d’en parler, car finalement on voit mieux la culture d’un pays, ainsi que sa propre relation avec ce pays, lorsqu’on l’a quitté. Même s’il est difficile d’écrire sur des paysages que l’on ne connait pas et où l’on n’est jamais allé. Comme elle le dit également, la beauté et le côté sauvage de la terre vous émeut quand vous êtes en randonnée dans ces régions, vous submerge et vous vous sentez tout petit, à la merci de la nature. Là, le glacier fond, faisant ressentir un fort sentiment de perte de ce qui a été et qui ne sera jamais plus, qui disparait. Ce sont des régions propices à une trame de roman de type Frontier où le héros repousse sans cesse ses limites.
Ce n’est pourtant pas ce qu’a voulu écrire Eleonor Catton avec « les luminaires ». Dans ce roman, les lieux existent davantage par l’atmosphère qu’ils dégagent que par leur réalité historique. L’histoire est romancée et imaginaire. L’auteure est allée plusieurs fois sur place. Sa recherche consistait plus dans le fait d’humer l’air, l’ambiance, regarder la mer, regarder les montagnes, marcher dans les rues, sentir l’air et l’émotion, que dans une recherche historique et géographique des lieux.
Son roman, Les luminaires, se déroule sur cette côte ouest de Nouvelle Zélande, en 1866, au moment de la ruée vers l’or. Le thème de la ruée vers l’or a déjà été travaillé par d’autres auteurs, en particulier à propos de la Californie, mais il est traité ici de façon novatrice. La ruée vers l’or en Californie a commencé longtemps avant celle de Nouvelle Zélande, les travers et les clichés des bandits hors la loi ne sont plus d’actualité. On est moins dans le domaine du meurtre ordinaire, classique, mais davantage dans le crime des cols blancs, le crime d’extorsion. Les choses étant plus régulées, l’époque est aux manigances, aux fraudes, aux crimes nets. Et s’il est vrai que des personnages très méchants peuvent facilement faire une belle histoire, cela devient plus difficile si les gens sont normaux. C’est ici un vrai challenge qu’a particulièrement réussi l’auteure. La réalité et le contexte historiques sont importants. Mais en fait, comme elle le dit si bien, la vie tient à tellement de choses, de gens, de faits, qui au final sont oubliés de l’histoire, perdus dans le passé, qu’il est facile de créer un nouvel univers sans avoir besoin de parler de la réalité historique.
Je pense en particulier à l’arrivée des chinois, que l’auteure nous indique avoir fait arriver bien plus tôt que dans la réalité. Mais est-ce réellement important ? De même, comme elle connaissait mal les lois sur la navigation, elle nous avoue également avoir inventé celles qui lui convenaient. Parce que sinon, coller à la réalité l’aurait empêché de dérouler l’intrigue comme elle le souhaitait. C’est donc un mélange d’invention et de fiction plus que de recherche et de réalité historique.
A l’époque des luminaires, le monde est en pleine transformation. Les indigènes sont les premiers prospecteurs de la Nouvelle Zélande. Même si aujourd’hui ces faits sont parfois remis en question et si ce qui était la civilisation des lieux sauvages en 1870 est aujourd’hui considéré comme leur destruction. Les mahorais, premiers occupants, sont les natifs de l’ile, pourtant ils se considèrent aujourd’hui comme des émigrants. Hokitiki est une petite ville. Longtemps creuset multiculturel, riche de ses très nombreux migrants, elle est à présent une ville mono culturelle avec peu d’émigrés.
Dans tout le roman, l’interaction entre les douze principaux personnages est basée sur les astres. C’est effectivement une des recherches faites par l’auteur. Connaître la position des astres au moment de l’histoire, les signes du zodiaque au moment de la ruée vers l’or. Douze jours, douze signes, douze personnages. Pour chaque jour, un plan du ciel, pour savoir quelle est la position des personnages dans le ciel, chacun étant relié à un signe du zodiaque. Eleanor Catton nous dit alors qu’il est Intéressant de remarquer que le centre de la galaxie est entre le signe du scorpion, symbolisant le rêve et la vision, et celui du sagittaire, symbolisant le voyage et l’aventure. C’est donc là que le roman commence, dans cette interprétation « romantique » du ciel.
En parlant de la construction de ses personnages, l’auteure nous explique que si tout avait été programmé d’avance, ce ne serait pas assez « humain ». Les personnages sont donc en partie programmés par leurs signes du zodiaque et leur place dans le ciel, mais ils ont aussi la liberté d’agir puisque ce sont des humains qui peuvent contrôler leur vie. On peut choisir certaines choses, mais pas tout, pas son lieu de naissance, mais ses amis, par exemple. Et quand on sait, on ne peut plus faire comme si on ne savait pas !
Il y a peu de personnages féminins, mais il faut dire qu’à l’époque il y avait environ une femme pour dix hommes. L’auteure souhaitait que ses personnages aient une vraie personnalité. Elles devaient être très fortes pour marquer les esprits. Le zodiaque donne deux beaux personnages féminins, la lune et venus. N’étant pas née dans le siècle dans lequel se déroule le roman, elle déroule forcément leurs caractères avec sa propre sensibilité et sa vision actuelle de la femme. Pour les prostituées par exemple, l’utilisation classique inhumaine la choque. Souvent dans la fiction victorienne les femmes meurent ou se suicident. L’auteure n’avait pas envie de cela, il lui fallait trouver une autre solution. Même si l’idée d’une femme maitresse de sa vie est terrifiante pour la société de l’époque. Pour un auteur, il est plus difficile de faire des choses qui marchent plutôt que de tout détruire, tout comme il est plus difficile d’être optimiste que pessimiste, la question étant de savoir comment utiliser le système sans arriver au point où tout se brise.
La trame du roman est en douze chapitres dictés par le ciel et le zodiaque, la longueur de chacun étant la moitié du précédent. C’est un carcan fort, mais c’est également une grande liberté. Se limiter ainsi devenait encore plus passionnant et stimulant. L’auteure joue avec cette idée de l’harmonie, tout tourne autour d’un cadre, les personnages sont là, se déplacent en circonvolutions et ne partent pas dans tous les sens.
Toute la première partie de roman est située dans le salon d’hôtel. Là douze hommes se rencontrent en secret, suite à des évènements étranges survenus quelques semaines auparavant : un notable a disparu, une prostituée est en prison, accusée d’avoir tenté de se suicider, et on vient de découvrir un trésor dans le cabanon d’un ivrogne retrouvé mort. Walter Moody vient de débarquer à Hokitika. Arrivé là par hasard, il va troubler de sa présence ce huis clos introductif de quelques 400 pages. Tour à tour les personnages vont donner leur vision du déroulé des jours précédents, vision partielle ou tronquée d’un même évènement, faite de flash-back inattendus, à des époques distinctes, et donnant des points de vue identiques ou contradictoires d’une même situation, ne dévoilant parfois qu’une infime partie de ce qu’ils ont vu. Le lecteur doit bien s’accrocher pour aller au bout de ces pages-là, car il n’est pas aisé de suivre sans perdre le fil. Mais passé ce chapitre, on se laisse emporter par le rythme beaucoup plus soutenu des suivants.
Et en fait plus possible de laisser de côté ce roman surprenant et attachant, jusqu’où vont aller les personnages ? Que vont-ils devenir ? Quand vont-ils se retrouver ? Un très beau roman, d’une étonnante écriture classique à la structure surprenante, on l’aura compris. Ne le lâchez pas, ne vous laissez pas décourager par les mille pages, vous serez surpris, car elles sont vite dévorées.
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