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Vers la fin du xixe siècle, trois grands auteurs : Alfred Binet, Richard von Krafft-Ebing et Havelock Ellis, posent au même moment et sans se concerter la même question : quelle est cette « étrange perversion » qui permet de lier plaisir et douleur ?
Dans Le fétichisme dans l'amour (PBP n° 393), Binet, le premier, étudie en détail le cas de Rousseau, mais sans utiliser le terme de masochisme. Et c'est Krafft-Ebing qui, en 1890, dans la 2e édition de Psychopathia sexualis, emploie masochismus, donnant une dimension psychique inédite à ce comportement. Pour lui, en effet, tout acte masochiste est précédé d'un fantasme ; il y a nécessité d'une répétition mentale de ce qui va se produire. Deux ans plus tard, à la faveur de la parution en France d'un article d'un certain Dimitri Stefanowsky, « masochisme » apparaît dans notre langue et s'impose aussitôt comme un terme de base de la psychopathologie française.
Ce sont les pages consacrées par Krafft-Ebing au masochisme dans Psychopathia sexualis que nous reprenons ici, dans une version annotée par le grand sociologue de la sexualité qu'est André Béjin et augmentée de sections pourtant essentielles qu'Albert Moll, dans l'édition refondue qu'il en a faite en 1923, avait supprimées. En outre, le lecteur trouvera en annexe l'article très intéressant que Stefanowsky, qui revendiquait l'antériorité de la description du masochisme, avait consacré à ce qu'il proposait de nommer « passivisme ».
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