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Ce livre traite de l'histoire des déportés politiques à la Guyane, en Nouvelle Calédonie, et en Afrique. La transportation est née de nos troubles politiques. A la suite des combats de juin 1848, le gouvernement se trouva dans un grand embarras. Les prisonniers étaient nombreux. Si l'on n'eût consulté que la loi existante, la plupart auraient été exposés à la peine la plus sévère. Ainsi l'article 95 du code pénal punissait de mort tout individu qui aurait incendié une propriété appartenant à l'état ; l'article 96 punissait également de la peine capitale quiconque se serait mis à la tête de bandes armées soit pour envahir des domaines, propriétés ou deniers publics, soit pour piller ou partager des propriétés publiques, soit pour faire attaque ou résistance envers la force publique agissant contre les auteurs de ces crimes. Ces articles ne sont pas les seuls qui édictent les peines les plus rigoureuses pour des crimes inhérents à toute insurrection. Quel parti prendre, et que pouvait-on faire ? Rendre les détenus à la liberté, c'était donner une armée à l'émeute, qu'on avait eu tant de mal à réprimer. Les garder en captivité ? Les prisons n'y pouvaient suffire. La transportation vint se présenter à l'esprit comme une mesure propre à concilier le soin de la sécurité générale avec les droits de l'humanité. La loi sur la transportation, qui fut rendue à cette époque, porte les traces de cette préoccupation. On n'avait encore en vue que l'éloignement des prisonniers politiques, et cette pensée s'accentua plus encore par le décret du 8 décembre 1851, qui fut promulgué à la suite de nouvelles commotions. Il y était dit que la France avait besoin d'ordre, de travail et de sécurité, - que depuis un trop grand nombre d'années la société était profondément inquiétée par les machinations de l'anarchie et par les tentatives insurrectionnelles des affiliés aux sociétés secrètes ; en conséquence, tous les individus reconnus coupables d'avoir fait partie d'une de ces sociétés pouvaient être transportés, par mesure de sûreté générale, dans une colonie pénitentiaire, à Cayenne ou en Algérie. Ils devaient y être assujettis au travail et soumis à la juridiction militaire... Plus tard, la transportation prit des développements qui devaient en faire un puissant instrument de colonisation. Elle cessa de s'appliquer spécialement aux détenus politiques ; elle s'étendit aux condamnés enfermés dans les bagnes de France.
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