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Si le titre de cet ouvrage précise que « les ados, ça cause », disons plus précisément que « ça peut causer » si nous - adultes - nous les réinscrivons dans un bain de paroles.
Cet ouvrage part de l'expérience de l'auteure au sein d'une maison pour enfants à caractère social. L'auteure y parle de rencontres :
Rencontre avec des adolescents pour la plupart déscolarisés, désengagés dans leur vie mais aussi avec des éducateurs, qui eux-mêmes parlent de leur propre rencontre avec ces adolescents. Le livre témoigne de la portée des effets du signifiant et nous rappelle que notre condition humaine quotidienne est d'être des êtres parlants. Son objectif est de faire entendre aux éducateurs que dans leur quotidien il y a une nécessité « à faire parler un adolescent » dans un espace qui met en scène des mots, une parole où l'équivocité de la langue fait loi.
« L'expérience du travail en MECS nous amène donc à rencontrer des enfants, des jeunes adolescents qui nous sont adressés soit par l'aide sociale à l'enfance soit par le juge pour enfants. Pour la plupart, ils ont souffert de carences affectives, éducatives à partir de conflits familiaux, de violences verbales parfois physiques faisant émerger chez l'adolescent un abandon du lien social. L'histoire de ces jeunes nous révèle donc une réelle souffrance dans le parcours de leur vie.
Pourtant ils n'en parlent pas et très souvent au plus profond d'eux-mêmes, ces jeunes ne comprennent pas leur placement.
Ils l'expliquent uniquement à partir de ce qu'en disent leurs parents, c'est -à-dire en évoquant la rupture avec leur scolarité. Cependant quel enfant n'a pas été à un moment dans sa vie confronté à des difficultés scolaires, à l'ennui d'aller à l'école, à l'obligation de s'astreindre à une autorité ?
Est-ce que cela implique forcément un placement dans "une maison pour enfant" ?
En travaillant dans le secteur de la protection de l'enfance, je me suis aperçue qu'il fallait dans notre travail nous ressaisir de ce que "parler" voulait dire, qu'en tant que professionnel nous avions une responsabilité, celle de retransmettre "le dialecte de l'affect". » Au fil des vignettes cliniques, l'auteure rend compte de sa pratique de psychologue auprès de jeunes et d'éducateurs. En étant à leur écoute, elle tente d'entendre ce que les jeunes disent, ou pas, de leur quotidien souvent englué dans des répétitions d'échecs, de passages à l'acte, en repérant les mots qui rendent compte de l'histoire singulière de chacun à partir de laquelle ce jeune s'est construit et doit tracer son avenir. Le dire de ces nombreux « jeunes » se couple à un réel, un impossible à dire, excepté à pouvoir l'exprimer dans le jeu de leur langue. Ainsi cette jeune fille qui attendait son père tous les jours dans une gare, espérant que quelqu'un puisse lui « crier gare ».
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