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Faire le tour du doigt de Jules Vendange, c'est dérouler la vie d'un jeune Auvergnat, qui, fin septembre 1913, arrive avec ses premières braies longues à l'Ecole normale d'instituteurs. Mais sa formation est brutalement interrompue par sa mobilisation. Incorporé dans une unité de soldats dans l'Aisne, il revient des tranchées avec une jambe en moins mais une conscience en plus. Autant dire qu'en 1919, à l'instar de ses camarades survivants, il n'est plus le même ; plus l'envie de se mettre au garde-à-vous devant le directeur, le prof, les pions, d'obéir, et d'appliquer un règlement souvent absurde. juste celle de décrocher le sacro-saint Béhesse (Brevet Supérieur) qu'il n'obtiendra pas, à la suite d'une « mutinerie » d'élèves-maîtres rétifs à la discipline et à la pédagogie enseignée.
Qu'importe, la vocation est là...
Fils d'un pauvre carrier, Jules Vendange est une jeune auvergnat affublé d'une particularité gênante : il déteste le fromage. A défaut d'être paysan, il sera donc maître d'école. Il n'en a pas fini avec l'école normale que déjà sonnent les clairons de la première guerre mondiale. Grièvement blessé et amputé d'une jambe au Chemin des Dames, il reprend ses études et rate le brevet supérieur, le béhesse comme il dit. Il n'en est pas moins affecté dans l'école à classe unique d'un tout petit village de montagne...
En quatre cent pages rééditées en l'honneur du centenaire du prolifique patriarche de la littérature dite de terroir, « Le tour du doigt » nous déroule toute la vie d'un personnage qui ressemble beaucoup à celle de l'auteur mais avec un décalage d'une vingtaine d'années. Le lecteur y découvrira combien la vie d'enseignant de base pouvait tout à la fois être différente et combien plus difficile que maintenant tout en n'étant pas si éloignée que cela, ne serait-ce que par les joies et les peines de ce métier si beau et si difficile. Les personnages sont pratiquement tous de petites gens, honnêtes, courageux et touchants avec un cas à part, celui d'Automne, la belle quarteronne antillaise, dont Jules est tombé amoureux et qui semble ne pas daigner répondre à son attente. Inutile de rappeler les immenses qualités narratives de Jean Anglade. Un destin, une vie simple d'honnête homme. Un très beau texte.
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