L'eau et le froid qui rongent les corps, les hommes couchés sur les chevalets de rivière, les loges à pelain et le travail, chaque jour, douze heures durant.
C'est tout cela que le jeune Vital découvre en entrant à quatorze ans en apprentissage à la mégisserie du Goth où Brandy, l'ignoble contremaître, distribue à tour de bras brimades et mises à pied. La colère des pelauds finit par gronder, la rébellion s'organise, et les premiers syndicats des cuirs et peaux voient le jour. Février 1902, de dures grèves éclatent et, pendant trois mois, la cité gantière est à feu et à sang.
Vital, aux côtés de son père et des hommes qui, jusque-là, courbaient l'échine, devient à la fois témoin et acteur de cette période de luttes et d'espérances que l'on appellera par la suite le printemps des mégissiers.
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