80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
De Paris à Heidelberg et Hambourg, de Hambourg à Paris et Londres et de Londres à Montréal, la vie de Raymond Klibansky traverse notre siècle et l'entraîne dans des activités qui ne sont pas le lot ordinaire des intellectuels ou des savants. De ses études à Heidelberg auprès de Jaspers, en contact étroit avec les disciples du poète Stefan George, R. Klibansky tire son intérêt pour la pensée négative, qui va l'orienter vers Nicolas de Cues, vers Maître Eckhart et, par-delà, vers la tradition platonicienne. Dans ces grands textes, il recherche les fondements d'une doctrine de la liberté qui puisse affronter l'irrationalisme de l'entre deux-guerres. On trouvera dans les premiers chapitres de ces Entretiens un passionnant tableau de la vie intellectuelle en Allemagne dans les années vingt, en même temps qu'un témoignage sur la montée du Nazisme.Ces premiers travaux aboutiront, dans le sillage de A. Warburg et E. Cassirer, à un livre devenu classique, écrit en collaboration avec E. Panofsky et F. Saxl: Saturne et la mélancolie, dont l'histoire résume un peu celle de R. Klibansky lui-même.Durant la deuxième guerre mondiale, R. Klibansky fut actif au sein du Political Warfare Executive en Grande Bretagne. Il nous donne ici un témoignage saisissant d'activités peu communes pour des savants. Devenu en 1946 professeur à l'Université McGill (Montréal), il s'engage dans la vie philosophique internationale et cherche à stimuler les échanges entre intellectuels de l'Est et de l'Ouest, à une époque où cela était un véritable défi, tout en défendant les droits de penseurs comme le philosophe tchèque Jan Patocka, initiateur de la Charte 77, dont il fait ici un vibrant éloge.
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