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«À l'automne 2012, j'ai voulu emmener mon père marocain dans les rues de sa jeunesse, le quartier juif de Fès, la médina, l'entrelacs de ses souvenirs campés entre l'université de la Karaouine et la façade de l'Empire qui fut jadis le plus grand cinéma d'Afrique du Nord. J'ai fait le voyage sans lui. La maladie en a décidé ainsi, je suis devenu à sa place le marcheur de Fès. J'ai compris à quoi tient une existence. Un kilomètre à peine sépare le mellah de la ville moderne, le monde juif de l'ancien secteur européen. Dans ce mouchoir de poche, Moshé Maman est devenu Maurice Maman. Comme tous les siens, le Juif marocain a rêvé de s'intégrer à la France, de parler sa langue, d'y construire sa maison, sa famille, son avenir. J'ai traversé les ruelles et les cimetières, poussé la porte des rares synagogues, parlé aux derniers Juifs fassis dont la flamme s'éteindra bientôt. À chaque pas, je suis tombé sur ce père longtemps inconnu. Jusqu'à tomber sur moi, à l'improviste.»
J'avais beaucoup aimé "L'homme qui m'aimait tout bas" et "Le dos crawlé" ; le style de l'auteur est empreint de douceur et de tendresse, d'un rien de nostalgie et les mots sonnent juste, comme parfaitement choisis.
J'avais hâte de lire cet opus que, bizarrement, je n'imaginais pas si autobiographique. Je ne sais pas pourquoi mais j'avais imaginé une balade marocaine sans autre intention que de nous faire découvrir une ville, et dès lors qu'un livre parle du Maroc, je rêve de boucler mes valises et de filer là-bas !
Rien de tout ça dans ce roman, ou plutôt si ! Tout ça et plein d'autres choses en plus ! Eric FOTTORINO nous raconte comment il a découvert, de ruelles en ruelles dans le mellah, l'enfance de son père, juif marocain sous le protectorat français, comment "Moïse le Fassi" (Maurice le français) est devenu médecin, comment il a fait le deuil d'une jeunesse, d'une soeur. FOTTORINO se pose en pèlerin de la mémoire alors que son père, malade d'un cancer, ne peut l'accompagner à la découverte d'une part de son histoire, de son héritage.
C'est un roman touchant, tendre, c'est un roman que j'ai aimé pour sa nostalgie et sa douceur.
Ce livre m’a séduite pour plusieurs raisons, la première le style, il est fluide, prenant, on ne s’arrête pas pour relire une phrase ou un paragraphe, on le lit comme on boirait du petit lait, il coule… tout seul.
La deuxième et principalement la primordiale, c’est le sujet : la quête.
Dans ce livre l’auteur est en quête du passé de son père naturel et de ses origines. Le père est un séfarade, juif marocain né à Fès. Moshé Maman, devenu Maurice. Le fils, c’est l’écrivain français Eric Fottorino.
La quête du père est un sujet sur lequel je ne m’attarderai point. La quête de ses origines, en revanche, c’est une question qui me taraude, elle me taraude depuis des années. Et alors me diront certains ? Et bien c’est là que le bât blesse.
Qui me dit que l’histoire d’Eric n’est pas mienne aussi? Qui peut prouver que les marocains n’ont pas un aïeul juif, ou une aïeule ? Là on l’est forcément car le judaïsme est une religion matrilinéaire. Mais j’ai l’intime conviction, que les marocains, issus d’une terre de mélange de cultures, ont un peu de chaque religion monothéiste. Jetez juste un petit coup d’œil aux tatouages qui ornaient les visages de nos grands-mères, des croix entre les yeux ! Cela ne vous étonne pas ? Laissez les tatouages et regardez sous vos pieds, les tapis berbères qui font notre fierté, nulle arabesque, mais des croix… A propos de tapis, je vais citer un passage du livre qui se glisserait très bien à cet endroit :
« Quand je pense à nous, je vois une sorte d’écorché, l’envers d’un tapis marocain, ce réseau compliqué de liens qui composent des figures déformées et indéchiffrables, dont la beauté, comme le sens, n’apparaît qu’une fois remises à l’endroit ».
Les marocains, en général, occultent cette question, s’engouffrent dans le moule et continuent. Mais vous êtes-vous déjà posé la question ? Surtout vous qui portez des noms Megorashim (les « renvoyés », les juifs expulsés à la chute de grenade en 1492), les noms de famille parlent d’eux-mêmes … pour les Tovashim, c’est un peu plus compliqué, car ils ont toujours été autochtones et ont porté des noms dit « arabo-berbères »… je m’égare un, je dérive presque… recentrons nous sur le livre…
C’est un parcours initiatique, sur la filiation certes, mais également géographique, on déambule dans Fès el bali, el Mellah, comme si on y était. On en ressort avec une forte émotion, dans laquelle vous plongent les phrases de ce livre.
Je n’en dirais pas plus, je vous laisse le découvrir…
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