« Je n'ai qu'une certitude dans la vie. En vivant assez longtemps on se met à perdre des choses. On finit par se les faire voler : d'abord on perd sa jeunesse, et puis ses parents, et puis on perd ses amis, et puis finalement on se perd soi-même ».
Ainsi s'ouvre Le Livre de Sarah, ou le roman de Scott. Car Scott McClanahan est le personnage principal et le narrateur de cette chronique d'un naufrage. Celui de son mariage avec Sarah, la mère de ses deux enfants, mais aussi de l'homme lui-même, alcoolique notoire, autodestructeur et paranoïaque sur les bords.
Situé au coeur d'une petite ville déshéritée des Appalaches qui laisse peu de place au rêve, ce récit d'une sincérité bouleversante au style syncopé est sans doute le plus beau chant d'amour qu'on ait lu depuis longtemps. Le plus beau, le plus triste... et aussi le plus drôle.
Difficile de marcher sur les pas chaloupés des grands maîtres Charles Bukowski et Hubert Selby Jr. Et pourtant...Avec ce premier roman Scott Mc Clanahan réussi à rentrer dans le club très fermé des auteurs anglo-saxons qui nous transportent et nous fascinent avec force vomi, matières fécales, sperme, le tout baigné d'alcool et de mélancolie. Le deuil de tout ce que l'on voit disparaître au cours de la vie est ici magnifiquement conté. Plus qu'un roman sur le divorce, "Le livre de Sarah" est une ballade nostalgique de tout ce que l'on ne sera plus. Le propos, comme la vie, est cru mais superbement équilibré, jamais complaisant, toujours réaliste malgré l'aspect autobiographique (agrémenté de quelques mauvaises photos en noir et blanc). Un objet rare à découvrir rapidement.
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