"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Sur Sédora, comme sur les 101 planètes habitées par l'humanité et reliées entre elles par le Fil, plus personne ne sort de chez soi. La population a les yeux rivés sur ses écrans... en particulier sur le programme des Démêleurs de rêves.
Neven est un jeune Démêleur : il met en scène les songes des Rêveurs et les diffuse au grand public. Il est aussi le plus célèbre et chacun de ses films est attendu par des milliards de spectateurs à travers la galaxie. Comme tout le monde, il vit une existence recluse et répétitive, jusqu'au jour où un ancien Démêleur, GuidéOnn, le contacte afin de récupérer les rêves du sujet 1110.
Qui est ce Rêveur 1110 ? En quoi est-il si particulier ? Quel mystère se cache dans ses songes ?
Sa soif de réponses pousse Neven à briser sa routine, et à oser faire ce que l'humanité a oublié depuis longtemps : quitter son monde, emprunter le réseau de Fil, afin de découvrir l'univers et la vérité...
L'idée était plutôt intrigante et sympa, avec ces rêves qui sont "récoltés" et servant aux Démêleurs qui en font des films, et cette quête entre les planètes. J'ai trouvé ça original, d'autant plus pour en faire un des points principaux de l'intrigue.
Le roman est également une critique de la société hyper connectée et où les écrans ont pris toute la place dans la vie des gens. Cela permettait de traiter du lien les un.es avec les autres, sa place parmi les autres, mais j'ai trouvé, et là c'est complètement subjectif et pas spécialement un point négatif, que c'était trop exagéré. C'est vraiment l'extrême de la relation humain-écran.
Côté personnages, je suis toujours compliquée, et je n'ai pas spécialement ressenti d'attachement pour l'un.e d'entre elleux. Il pouvait leur arriver des péripéties entre la vie et la mort, et pourtant j'étais assez indifférente à leur sort.
Pour ce qui est de la fin, ça fonctionne bien et ça correspond bien au reste du roman !
Si je devais résumer en quelques mots ma lecture, je dirais qu'il y a vraiment une idée de base sympa, et l'intrigue fonctionne bien dans l'ensemble. Mais je ne suis pas trop le public pour un traitement que j'ai finalement trouvé assez manichéen.
Dans le démêler de rêves, on est dans un univers où toutes les planètes sont reliées par un fil. Il est possible de voyager très vite, sauf que ce fameux fil est en voit d’extinction. Il est plus prudent que seules les marchandises voyagent à présent. La première conséquence est que globalement les gens vivent tout seul, fixé à leur écrans. Il n’y a plus d’intérêt à sortir de chez soi ni d’intérêt à tourner de vrais films. Pour se divertir, le substitut aux films sont les créations issus des rêves d’une petite couche de la population qui continue à rêver. Parmi les rêveurs, il y a une personne un peu particulière, ses rêves semblent influencés par quelque chose d’extérieur, ils seraient plus que de simples rêves.
Le plus grand démêleur va s’y pencher plus ou moins contraint et forcé. Cette enquête l’oblige à sortir de sa routine et de chez lui : c’est parti pour l’aventure.
C’était très interessant.
Le traitement de l’aspect routinier de l’homme est très bien amené et développé. Quand on a tout à disposition à domicile, on est bien chez soi et tout intérêt autour des sorties disparait. On devient plus que casanier, privilégie la sécurité de son domicile et développe une incompréhension face aux personnes qui prennent des risques en sortant de chez elle. L’autre point fort de ce roman est l’aspect écologique lié au fil. C’est génial, il y a tout l’éventail d’interrogations autour des réserves de fil et tous les choix envisageables sont présents.
Du point de vue de la psychologie des personnages, tout est très bien trouvé. Les caractères collent à ceux qui seraient développés dans de telles conditions de vie. Par exemple, si notre rêveuse vivait dans notre monde, elle mériterait des baffes, vu ses réactions, mais dans l’univers où elle évolue, elle ne pouvait qu’être comme ça. Un rêveur est payé à dormir donc rencontre encore moins de gens que les autres ce qui influe la construction de son caractère.
La conséquence de cette particularité, où la bulle protectrice fait que tout ce qui arrive est positif, est une forte naïveté/crédulité.
C’est tout à fait le caractère qu’on imagine dans ce contexte-là. Tout au long du roman on voit la balance entre l’influence de l’homme sur son environnement et celle de l’environnement sur l’homme.
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--- Une prise de risque ---
J’ai beaucoup hésité avant de demander ce titre en service de presse, car ma lecture de Phaenix, également écrit par Carina Rozenfeld, ne m’avait pas vraiment convaincue. Néanmoins, Le Démêleur de rêves laissait présager une histoire très différente, je me suis donc laissé tenter, et j’ai bien fait !
Je remercie les éditions Scrineo pour cet envoi.
--- Aux confins de l’univers ---
Dans Le Démêleur de rêves, l’homme est enfin parvenu à conquérir l’espace… pour finalement le délaisser, une fois l’exploration terminée, les ressources exploitées, la lassitude revenue. Heureusement, le lecteur n’en est pas encore là et demeure donc friand de décors magnifiques, de voyages vers l’infini et de découvertes incroyables. Pour ma part, je me suis régalée de ces images que l’auteure transmet grâce à un style vif et poétique, malgré des descriptions un chouia répétitives.
Et puis, il y a le Fil, ce matériau dont ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’il nous a permis de repousser les frontières du monde connu bien-au-delà de ce que l’on croyait possible. Mais de quoi est-il vraiment fait ? C’est la question que l’on se pose dès le prologue !
--- Les rêves, une échappatoire éphémère ? ---
Le Démêleur de rêves rejoint ces nombreux récits que l’on voit fleurir un peu partout, notamment en young adult, dans lesquels la population mondiale ne vit plus que par écrans interposés – exactement comme dans Boxap 13-07, même si la thématique n’est pas poussée aussi loin ici. L’humain, fainéant par nature, vit ainsi reclus, dans l’attente perpétuelle d’émotions, de sensations qu’il ne trouve que dans l’esprit de quelques élus encore capables de rêver.
Carina Rozenfeld présente donc, sous un jour onirique, les dérives d’une existence rythmée par la surconsommation d’images virtuelles et l’ennui qui en découle. Une réussite !
--- Les personnages au second plan ---
Peut-être Neven est-il un peu trop bienveillant, Elisha un peu trop naïve et l’antagoniste, dont je tairai volontairement le nom, un peu trop désespéré. Et pourtant, en dépit de ces défauts évidents, les personnages créés par Carina Rozenfeld m’ont emmenée avec eux jusqu’au bout du monde. N’est-ce pas suffisant ?
En fait, je pense que leurs actes, qui traduisent une volonté de changement, sont tout simplement plus importants que leur personnalité.
--- Une intrigue qui reste en surface ---
Un univers passionnant, des personnages sympathiques, mais ne manque-t-il pas un point essentiel à cette chronique ? Et oui, l’histoire ! Si, dans l’ensemble, elle m’a plu, elle manque à mon sens d’approfondissement. Les actions s’enchaînent très vite, et l’on ne creuse pas vraiment les motivations des héros, ni les conséquences de certains événements.
Bref, j’aurais souhaité que l’intrigue se complexifie au fil des chapitres. L’auteure a cependant choisi de privilégier le côté « aventures », et ça fonctionne plutôt bien, je le reconnais. Quant au final, il est à l’image de cet univers : onirique et poétique, avec une touche d’espoir pour l’humanité !
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