"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quelque part entre les "Souvenirs entomologiques" de Jean-Henri Fabre et l'émission « Silence, ça pousse » sur France 5, Simon Hureau raconte par le menu comment il a peu à peu redonné vie à son jardin abandonné à la friche par son ancien propriétaire. Sans connaissances particulières sur le sujet, l'auteur, avec beaucoup de recherches, de passion et d'huile de coude, parvient à recréer à partir d'un no-man's land une véritable oasis de biodiversité, et témoigne ainsi des capacités de résilience de la nature, pour peu qu'on lui file un coup de main. Un livre d'autodidacte érudit, passionné et passionnant.
Alors qu'il s'annonce comme le premier tome d'une longue série, on aurait pu s'attendre à un tome introductif ou l'on rentre doucement dans l'action. Mais finalement il n'en est rien, il suffit de deux planches ou une voix off recontextualise les événements et nous voilà embarqué avec notre héros. Roulot nous propose un remuant mélange de western et d'aventure post apocalyptique qui bien qu'assez classique au niveau du scénario est assez mystérieux pour s'annoncer comme prometteur pour la suite. Petit hic, je nai pas reussi à m'attacher au personnage du convoyeur mais c'est peut-être une volonté de l'auteur, cela viendra peut-être avec le prochain tome.
Le trait d'Amand est plaisant et j'insisterai sur le travail de colorisation qui oscille entre une première partie lumineuse pour vite basculer vers de sombres planches.
En bref nous avons là les premises d'une série western post apocalyptique qui commence sur les chapeaux de roue et qui plaira aux fans du genre !
Le « Convoyeur » et sa monture ont les honneurs de la couverture. On pourrait croire qu’il s’agit d’un western n’étaient quelques détails intrigants : pas de pistolet ni de carabine mais une sorte d’arme étrange, pas de Stetson non plus mais des lunettes de soudeur et un regard incandescent chez l’homme comme chez la bête. Derrière eux, une carcasse d’autocar, des champignons géants ainsi qu’une silhouette qui les surplombe du haut d’une pile de pont. On a d’emblée une impression de malaise à cause de ces yeux rouges et de la robe noire du cheval qui font penser à un cavalier de l’apocalypse. Ça tombe bien : c’est du post-apo ! Le surnom convoyeur » n’est pas loin non plus du terme « fossoyeur » et l’on comprend de suite que le héros n’est pas forcément un gentil.
C’est un format classique de 56p franco-belge. Le découpage est plutôt traditionnel avec des gouttières mais certaines pages innovent en s’affranchissant des cases, en utilisant de nombreuses cases verticales, d’autres de taille ou de format particulier (parallélépipèdes) ou des incrustations et en supprimant même l’espace inter-iconique. L’ensemble est ainsi rythmé et dynamique comme on peut s’y attendre pour un récit d’aventures.
C’est un tome introducteur donc la mise en place de l’histoire et des personnages est assez longue mais n’empêche pas la fluidité de la narration. L’histoire commence « in medias res » cependant l’on découvre vite le contexte grâce à la voix off du Convoyeur présente en récitatif ou au récit qu’il fait auprès de son commanditaire, Monsieur Cendre, des péripéties qui ont émaillé sa dernière mission. Quand il y a des sauts dans le temps (flash-back de la première rencontre d’Anne et du convoyeur ou histoire d’Anna et Nymphe), ils sont différenciés par un passage au noir et blanc et lorsqu’on change de narrateur (Anna à la place du convoyeur), les cadres changent de couleur. Donc c’est plutôt bien balisé.
J’ai trouvé très intéressant que l’histoire se passe en France : ça change des récits collapsologiques qui, au cinéma comme en bande dessinée, se passent souvent aux Etats-Unis. J’ai bien aimé aussi le choix du virus. « La Rouille » qui a d’abord détruit tout ce qui contenait du fer : les immeubles, ponts, voitures, grilles de supermarchés puis s’est attaqué ensuite au fer contenu dans le sang humain provoquant de lourdes mutations génétiques et une stérilité quasi complète. Mais le reste ne m’a guère passionnée : j’ai trouvé que cela brassait trop de genres différents pour être réellement maîtrisé et que certains ne s’harmonisaient pas vraiment. De plus, si je comprends que la violence soit une composante nécessaire pour décrire ces temps barbares, je trouve qu’il y a une surenchère et que ça manque souvent d’ellipse et de subtilité. Avait-on réellement besoin de Sponges par exemple hormis pour créer un effet gore ?
Comme on a un univers composite (post-apo/féodal/western/aventure/super héros), Dimitri Armand peut s’en donner à cœur joie sur le plan graphique ! Les couleurs sont plutôt évocatrices et permettent de créer différentes atmosphères. J’aime bien le soin apporté aux détails des vestiges de l’ancien monde : on retrouve des enseignes (Leclerc, Boulanger, UGC), des barres d’immeubles en ruines et des carcasses de voitures et d’autocars. Paradoxalement, les châteaux médiévaux réinvestis sont rutilants et très bien dessinés. Les décors participent donc bien à la dramaturgie et soulignent aussi certains enjeux. J’ai apprécié aussi l’inventivité pour créer de nouveaux objets « sans fer » comme, par exemple, les véhicules des prêtres aux roues de bois tirés par les eunuques. Cependant l’ensemble de l’album ressemble à un « book » d’hommages et de pastiches sans réelle identité visuelle propre…
Quant aux personnages, du fait du format choisi, ils n’ont guère une psychologie fouillée et tombent dans l’achétype Le protagoniste avec sa dégaine de Clint Eastwood impassible me semble réussi. On a clairement un jeu sur le cliché ici. J’aime bien aussi celui du traque-gène qui n’a rien à envier à ceux de Loisel ou de George Lucas (comme certaines femmes mutantes d’ailleurs) ou celui de monsieur Cendre qui ressemble au méchant du « Legend » de Ridley Scott avec ses cornes. Mais là aussi, même si Dimitri Armand se régale en partant du côté des « X Men », il me semble qu’on fait dans la surenchère et que ça perd en efficacité. Le personnage de Nymphe est ainsi trop attendu : la métaphore de la mante religieuse n’a rien de nouveau et paraît même un tantinet rétrograde. Celui qui m’intéresse finalement le plus c’est celui de la chasseresse énigmatique qui est à la poursuite du convoyeur.
Cet album plaira sans doute à un grand nombre, mais, quant à moi, je n’ai guère envie de poursuivre la lecture des aventures à venir …
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