Une plume précise et ultrasensible pour la romancière chinoise, dont c'est le premier roman traduit en France
La trentaine un peu cabossée, Li Jiaqi et Cheng Gong se retrouvent après des années sans nouvelles. Elle rentre de Pékin où elle était rédactrice de mode ; lui habite encore avec sa tante sur le campus de la Faculté de médecine. C'est là que tout a commencé. Parce que leurs grands-pères - l'un éminent chirurgien, l'autre directeur adjoint de l'hôpital universitaire - s'y sont côtoyés aux heures les plus sombres de la Révolution culturelle... En une fresque incroyablement vivante, peuplée de souvenirs d'enfance, de conflits familiaux et de révélations, ils se racontent leurs vies parallèles et avancent une à une les pièces manquantes du drame.
Zhang Yueran explore comme en apnée la vie de ces générations heurtées dans un roman unique, ultrasensible et très contemporain.
Une plume précise et ultrasensible pour la romancière chinoise, dont c'est le premier roman traduit en France
La septième édition des explorateurs de la rentrée ? Des débats riches, des échanges nombreux, une équipe sensationnelle
Fresque romanesque autour de Li Jiaqi et Cheng Gong, qui se retrouvent et se racontent leurs vies.
Leurs grands-pères avaient déjà une triste histoire commune depuis la Révolution culturelle.
Page après page, on comprend tout ce qui est arrivé à ces deux familles.
Lia Jiaqi revient à Nanyuan, sa ville natale, après une longue absence. Elle y retrouve son ami d’enfance, Chen Gong, qui – lui – s’apprête à « s’enfuir » loin d’une famille qui l’étouffe … Ils sont tous deux âgés d’une trentaine d’années. Lia Jaqi, qui, comme l’était son père, est devenue alcoolique avec les années (et un séjour aux États-Unis …) Chen Gong qui s’est lassé de vivre (tel un prisonnier) avec sa grand-mère et sa tante … Et une grosse carence affective, pour l’un comme pour l’autre …
En revenant sur l’existence hors du commun de leurs grands-pères respectifs, ou de leurs propres parents « déficients », Zang Yueran nous éclaire sur le passé politique de la Chine (et son évolution très complexe …) L’auteure nous livre là une oeuvre « foisonnante » de 631 pages, admirablement bien écrite, où les deux principaux protagonistes vont se partager le temps de parole et revenir sur leurs souvenirs communs, au lendemain de la « Révolution Culturelle », ainsi que sur le chemin parcouru, chacun de son côté.
C’est fluide, agréable à lire et plutôt captivant !
Je déplore souvent de ne pas lire assez de littérature asiatique.
Et ce sont de belles lectures comme Le clou qui me font sentir à quel point je devrais vraiment me pencher plus sur cette littérature.
Dans ce très beau roman, ce sont deux récits qui s'imbriquent, ceux de Li Jiaqi et de Cheng Gong, qui furent très amis dans leur enfance mais se sont perdus de vue.
Presque vingt ans après leur séparation, Jiaqi revient dans la ville de leur enfance et va retrouver Gong. Durant des heures, ils vont parler, se raconter ce qu'ils sont devenus, ce qui leur est arrivé pendant ces années loin de l'autre mais aussi parler du temps où ils se fréquentaient, des secrets qu'ils se sont cachés.
Leurs histoires suivent une route étrangement parallèle, des enfants confiés à la garde de leurs grand-parents, jusqu'à la sensation des bonbons sucrés accompagnant leurs souvenirs, chacun vivant dans le passé, incapable d'aller de l'avant.
Leurs destins vont se croiser, s'enchevêtrer, se séparer et se réunir à nouveau.
Le clou est un roman fascinant par sa présentation d'une Chine aux mille facettes, la Chine contemporaine mais également celle de la Révolution Culturelle (les séances de critique, quelle horreur !), ou encore la Chine paysanne...
Mais c'est également un roman très sensible, d'une grande finesse psychologique. Le personnage de Cheng Gong en est un exemple parfait, pétri de contradictions et de doutes.
Une promenade à petits pas dans la Chine de 1923 à nos jours:il est même question du SRAS,et ce en compagnie de Li Jiaqi et Chang Gong (et leurs amis,trentenaires) qui se retrouvent après 20 ans de séparation.Ils étaient indissociables,ils racontent tour à tour leur hier,celui de leurs familles liées mais qui se haïssent depuis un drame survenu lors de la Révolution culturelle.
"L'amour (pour son père)n'avait pas disparu ni même faibli.Cet amour était aussi résistant que le roc."
Des passages touchants:comment inventer le talkie-walkie de l'âme,des personnages attachants -je déplore la cruauté de Chang Gong due à son manque criant d'amour-il n'est question en fait que de cela ,du manque d'amour,des parents,de l'être aimé...
Ce personnage de Grand-Père légume avec ce clou dans la tempe est le lien entre tous!
Un 1er roman long et lent,une balade minutieuse,une introspection dans le coeur des personnages qui nous aident à entrevoir le monde d'une certaine Chine;
"J'ai pris conscience pour la 1ère fois que l'on pouvait vivre sans le moindre espoir,le coeur éteint,et traverser ainsi toute une vie."
très beau roman sur un secret d'une génération en Chine
J’ai lu et apprécié certains auteurs chinois plus âgés que Zhang Yueran, tels que Mo Yan, Lianke Yan et bien évidemment Dai Sijie qui écrit en Français. La génération suivante avec des femmes telles que Mian Mian ou Tian Yeran m’avait déçue, aussi étais-je impatiente de découvrir Le Clou.
Au départ j’ai trouvé le ton résolument plus occidental puis au fil des pages je me suis bien retrouvée au cœur d’un roman chinois, épique, avec toutes ses extravagances, ses grotesques, comme la disparition de l’homme-légume. Ce roman est long, presque 600 pages d’introspection, le rythme est lent, la vacuité des protagonistes peut agacer mais une fois entré dans ce récit impossible de s’en détacher.
Le Clou met en scène deux trentenaires, amis d’enfance, qui se retrouvent après une vingtaine d’années de silence. Dans ce roman à deux voix chacun, tour à tour, se raconte. Les deux familles sont liées par un secret qui remonte au temps de la révolution culturelle et impacte trois génération, celle qui a participé à la révolution et les deux suivantes. Ce stratagème permet à Zhang Yueran d’analyser la société chinoise contemporaine. Elle dépeint avec ses personnages à la psychologie fouillée le mal-être des jeunes générations, quand l’idéal du communisme a été remplacé par le matérialisme. Le poids des traditions est toujours là et seules les apparences comptent dans l’éducation donnée aux enfants. Je suis d’ailleurs frappée par l’absence du rôle des parents dans l’éducation qu’ont reçu ces trentenaires souvent livrés à eux-mêmes.
Zhang Yueran est pour moi une belle découverte et une très intéressante nouvelle voix de la littérature chinoise.
Avis à la page 100 - Les explorateurs de la rentrée littéraire 2019
Disons que vous avez le temps. Disons que vous avez envie de voyager, de découvrir un autre passé que le vôtre. Disons que vous avez envie d'une histoire. Ou plutôt de plusieurs. De destins croisés ou mis en parallèle. Disons que la lenteur vous va bien. Alors ce roman dès ses 100 premières pages vous conviendra.
Une plongée mélancolique dans les vies de deux Chinois, Li Jiaqi et Chen Gong, deux êtres écorchés vifs et vibrants.
Il y a quelque chose de sensuel qui se dégage de ce roman.
Vite vite, je continue ma lecture.
Découvrir la Chine avec une telle écriture me comble parfaitement.
Avis complet Les Explorateurs de La rentrée 2019 - Lecteurs.com
Le Clou de Zhang Yueran
Zulma 2019
Si vous cherchez une immersion totale dans la Chine contemporaine, une plongée rigoureuse et sensible dans les affres de deux Chinois, pris entre les feux de la tradition et ceux de la modernité... alors vous êtes bien tombés !
L'une, Li Jiaqui, évolue entre une cousine étouffante et sévère, un père austère et absent, des grands-parents préoccupés par leur statut social. L'autre, Chen Gong, doit tenir tête à une grand-mère autoritaire, tenir compagnie à sa tante dévouée, tandis que son grand-père se meurt dans un hôpital à cause d'un clou.
Je n'ai jamais lu quelque chose d'aussi beau en littérature chinoise. Pas à pas, mot après mot, nous suivons les hivers et les étés des deux personnages qui racontent leur passé et qui oscillent entre tendresse et maladresse. Avec un grand soin et une grande délicatesse, la romancière parvient à mettre en équilibre les forces du passé et du présent, s'efforçant de mettre les conflits familiaux de la petite histoire dans la Grande Histoire, celle de la Chine et de sa révolution culturelle, si récente, et ravageuse. Tout tourne ingénieusement autour d'un suspense fragile : le clou, ou la violence de la révolution.
Les sentiments qui pourraient paraître indicibles ou indescriptibles sont décrits avec une splendeur de tous les jours. La plume est à la fois réaliste et sensible. Elle ressemble parfois à l'attente et à la douceur des romans de Yoko Ogawa (comme dans Parfum de Glace). Mais il y a aussi une certaine vigueur dans l'effrayante confrontation entre les générations qui ne se comprennent pas ou plus.
Face à face, alors que la neige tombe, c'est comme si nous étions là avec Li Jiaqi et Chen Gong. Nous espérons, ressentons la colère, la tristesse, l'injustice et l'étonnement avec eux. Nous grandissons avec eux, de l'enfance à l'âge adulte. Nous vivons leur vie si éloignée l'un de l'autre et puis finalement, pas tant que cela, car ce lien, le clou qui les réunit, les force à parler, à se dévoiler.
Le plus beau roman fleuve de la rentrée, en tout cas le mieux écrit, que j'aie lu jusqu'ici.
Le Clou de Zhang Yueran (note : 29/30)
Avis d'Explorateur de la rentrée littéraire 2019
Li Jiaqi et Cheng Gong, trentenaires au parcours chaotique, se retrouvent après des années passées sans se voir.Ils se sont croisés à l'école primaire, ont lié amitié sur leur solitude d’enfants aux pères absents, l'un marchand à Pékin, l'autre plus ou moins malfrat. Ils se retrouvent et se racontent ce qui a fait d'eux ceux qu'ils sont devenus aujourd'hui.
Le grand père de Cheng Yong était confiné à son lit d’hôpital, absent à lui-même, depuis qu’un clou avait été planté dans son crâne lors d’une séance d’autocritique de la Révolution Culturelle. Sa chambre d’hôpital était un refuge pour les deux enfants qui y construisaient des histoires à la sortie de l’école, le grand-père devenant un témoin ou un protagoniste selon les jours.
Une fois adultes, Li Jiaqi, la jeune femme, cherche à découvrir la vie pékinoise de son père disparu prématurément. Cheng Gong est obsédé par l’accident de son grand-père. Qui a pu être assez vicieux pour enfoncer un clou dans le crâne d’un autre homme ? Au fil de leurs récits croisés, on découvre des personnages communs à leurs histoires parallèles, des questionnements se lèvent.
Zhang Yueran livre ici un roman qui parcourt les cinquante dernières années de la vie quotidienne chinoise : les difficultés d’approvisionnement, la pauvreté, la promiscuité familiale où trois générations vivent toujours sous le même toit… On y découvre aussi les relations économiques privilégiées – bien que malsaines avec l’URSS, où les deux parties privilégient le perdant-perdant !
Un roman que j’ai mis beaucoup de temps à lire en raison de son rythme extrêmement lent, des noms complexes, ressemblants et difficiles à mémoriser, mais aussi un roman que j’ai posé à regret car je m’étais attachée à ces deux êtres cabossés qui semblaient avoir enfin trouvé la paix, après avoir trouvé celle de leurs aînés.
J’ai l’habitude de lire des romans chinois, ainsi que des récits de Xinran qui traitent de la vie quotidienne des femmes chinoises. Avec Le Clou, j’ai découvert une autre dimension de la littérature chinoise d’aujourd’hui, une écriture plus littéraire, plus lente, plus réfléchie.
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