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J'ai reçu dans ma boîte à lettres l'autre jour, la revue du département de la Loire Atlantique dans laquelle un article m'a plu : les nouveaux collèges construits par cette collectivité territoriale porteront tous des noms de femmes et, celui d'une ville proche de chez moi, s'appellera le collège Andrée Chédid, le premier en France à porter le nom de cette romancière-poétesse récemment décédée. D'où la réalisation d'une vieille envie de ma part : relire L'autre, le premier roman que j'ai lu d'elle et qui m'avait enthousiasmé. A relire des livres qu'on a aimé, on prend un risque, celui de n'y plus retrouver tout ce qui nous avait fait l'aimer. Ça m'est arrivé plusieurs fois, au point de refermer le livre assez vite pour en garder la magie en moi. A peine ré-ouvert ce roman je savais que je ne prenais pas ce risque. Emballé dès le départ jusqu'au bout de l'attente de Simm.
Andrée Chédid pousse son personnage à la solitude, elle le pousse aussi dans ses retranchements, l'obligeant à réfléchir sur l'avenir de l'humanité entre modernisme à tout crin et/ou humanisme :
"Les machines délivrent. J'en ai vu qui creusaient pour découvrir une source, d'autres qui montaient en quelques jours des panneaux de maison, celles qui lient la terre, qui brisent les distances. [...] Tu sais, l'ignorance est une défaite, aussi.
- Notre défaite, Ben, sais-tu où elle est ?
- Peut-être, d'aimer les choses plus que le chemin ?...
- C'est quoi le chemin ?
- Où l'on marche, où l'on avance, où l'on va..." (p.112)
Les thèmes classiques ne sont pas évités, l'amour, la mort, la vie, le sens que l'on donne à sa vie, vus par les yeux de Simm ou de Aga, la petite fille qui vient le soutenir quelques jours. Et pour aborder ces questions, Andrée Chédid use de diverses formes narratives : le roman classique, la poésie en prose, avec mise en page particulière et le théâtre avec dialogues et didascalies.
Un roman fort qui reste longtemps en mémoire et qui, je viens de le prouver, ne perd absolument rien à la relecture, des personnages formidables, Simm en particulier qui n'en fait qu'à sa tête. Un film a été tiré de ce grand roman, mis en scène par Bernard Giraudeau, je suis à l'affût d'un éventuel prochain passage sur une chaîne de télévision, car il me semble qu'il n'en existe pas de copie DVD. Messieurs et Mesdames les Président(e)s de chaînes et programmateur(trice)s, pour une fois, faites quelque chose de bien, programmez de bons films dont L'autre de Bernard Giraudeau !
Et voici une petite pépite littéraire que je conseille fortement.
Dans la douceur de l'aube, Simm et son chien Bic marchent dans le village endormi. Soudain, le volet d'un hôtel claque et le vieux paysan entrevoit le beau visage souriant d'un étranger. Juste un regard échangé avant le drame, un tremblement de terre qui va tout dévaster. L'hôtel disparait dans les ruines mais Simm veut retrouver le jeune homme. Les recherches s'arrêtent, le vieux s'entête. L'autre est vivant, emmuré sous terre, Simm va lui parler inlassablement et tout faire pour le sauver... C'est absolument bouleversant, totalement empreint d'espoir et de poésie, magique, un livre qui rend meilleur...
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