Cet homme qui s'éveille, au lendemain d'une nuit de beuverie, dans un hôtel inconnu où l'a laissé une femme dont il ignore tout, voilà qu'il lui faut partir à rebrousse-temps et, archéologue de sa propre mémoire, exhumer ce que l'ivresse a enseveli.
Mais à mesure même qu'il progresse dans son enquête, d'autres mirages s'emparent de lui, toujours plus fascinants, plus énigmatiques. L'art de Yi Kyunyông tient dans ce jeu d'ombre et lumière. Le passé immédiat, ici, dissimule puis révèle l'autre côté du souvenir. Et c'est bientôt l'ineffaçable déchirure de son pays que l'auteur nous conduit à contempler, par-delà les réconfortantes illusions de l'oubli.
Quand il se réveille au petit matin dans une pension d’Imundong, le salaryman a du mal à remettre ses idées en place. Sa nuit de beuverie semble avoir effacé un pan de sa mémoire et il ne sait plus comment il a échoué dans ce quartier de Séoul où il ne connait personne. Plus grave encore : sa serviette a disparu. Elle contenait des documents professionnels importants, il est donc vital de la retrouver avant le lundi matin et son retour au bureau.
Les tribulations d’un homme à la recherche de ses souvenirs…De bar en bar, il remarche dans ses pas de la veille mais ses errances vont le conduire plus loin que sa dernière soirée. Ce quartier d’Imundong où il ne connait personne est attaché à un souvenir très ancien et lentement remontent à sa mémoire son enfance, la guerre, l’orphelinat et une sœur dont il avait occulté l’existence. Il pensait chercher une serviette et c’est son passé qu’il retrouve. Tout ce qu’il avait enfoui au plus profond de l’oubli revient le hanter comme la face sombre de sa mémoire…
Un roman très court mais il faut parfois peu de mots pour raconter une vie et au travers de cette vie, un pays. Marqué, comme tous les écrivains coréens, par la guerre qui a divisé la Corée, Kyunyong Yi décrit la déchirure, la séparation et la difficulté de se construire qui en découle. Triste et émouvant.
Une nuit de beuverie semble avoir effacée la mémoire. Le salaryman (employé banque) part à la recherche de sa serviette perdue avec d'importants documents. Lors de sa recherche à travers le quartier d'Imundong la nuit suivante, il retrouve peu à peu la mémoire des évènements, de bistrot en bistrot, du passés proches au passé lointain, resurgissent alors des souvenirs éprouvants de son enfance, des blessures internes, la guerre, l'orphelinat, l’existence d'une sœur,un soldat américain .
"Toutes ces images s’épanouissaient et s’évanouissaient dans sa tête, dessinant des motifs compliqués, puis refleurissaient"
Un petit roman de 4 chapitres et 120 pages très intense en émotions, on est vite embarqué par cette histoire, on est plongé dans la face cachée complexe de la mémoire. Quand les souvenirs enfouis au plus profond de nous ressurgissent de manières inconscientes. En prenant à rebours ses souvenirs, le lecteur est balloté entre le quotidien presque indifférant de la société Coréenne et l 'entêtement de cet homme.
"Il allait à la rencontre de son Moi de la nuit précédente. Il pouvait sentir en lui plusieurs vies dont il ne soupçonnait pas l'existence. Il n'y a pas une vie, une hypothèse, une conclusion unique [...] ce n’était que ce jour-là qu'il se trouvait confronté à l'une de ses multiples existences."
Une lecture émouvante sur la force de l’esprit.
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