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D'abord il y a Yolande, tondue à la Libération. Qui depuis ne sort plus. Regarde juste à travers le trou de la serrure. Et puis il y a Bernard, le frère, ancien de la SNCF. Qui a sacrifié sa vie pour Yolande. Qui se débat entre sa soeur et les pinces du cancer.C'est dans le Nord, au milieu de sombres champs de boue, non loin de l'A 26 encore en construction, prête à servir, en coulées de béton, de cimetière discret pour jeunes filles égarées... Après Comment va la douleur ? ou la Théorie du panda (Prix du polar 2008 de Montigny-lès-Cormeilles), Pascal Garnier confirme son art du suspense et du scénario, comme sa virtuosité diabolique dans le flegme qu'il tient du roman noir. On ne s'étonnera pas qu'il ait reçu le Grand Prix de l'Humour noir pour Flux en 2006." Rien qu'avec de pauvres mots, de pauvres vies, cet écrivain-là irradie la littérature française de sincérité et de générosité. Chapeau bas. " Martine Laval, Télérama" Scènes terribles, splendides! " André Rollin, Le Canard enchaîné" L'A26 est peut-être le plus beau roman de Pascal Garnier, écrit comme il se lit, dans un souffle. " Michel Abescat, Le Monde
« Le troisième réverbère au bout de la rue vient de s’éteindre brusquement. Yolande ferme son œil collé au volet. »
Yolande, à la Libération a été rasée parce qu’elle n’avait pas voulu coucher avec certains « bons français », qui faisaient du marché noir. Depuis, elle ne sort plus de chez elle, tous volets fermés. Elle regarde la rue avec le passage du car scolaire, du camion de ce con de boucher, par un trou qu’elle nomme « le trou du cul du monde » ou « le nombril » selon son humeur.
Bernard, son frère employé à la SNCF veille sur elle. Il a arrêté sa vie pour l’accompagner dans sa folie. Depuis quelques temps, le crabe l’accompagne. Son sort est scellé, il va mourir. « Il (Bernard) est de plus en plus fatigué, de plus en plus maigre. Son corps est comme la maison, creusé de galeries. Où je vais le mettre quand il sera mort ? Il n’y a plus de place nulle part… On s’arrangera, on s’est toujours arrangé depuis le temps. Rien n’est jamais sorti de cette maison, même les W.C sont bouchés. On garde tout. Un jour on n’aura pus besoin de rien, tout sera là, pour toujours. »
La maison ? Un vrai dépotoir où les rats s’en donnent à cœur joie. Rien n’est jeté « Yolande fredonne tout bas, accompagnée par le grignotement des souris et la respiration difficile de Bernard dans la chambre à côté. »
Dans ce bled du nord, le chantier de la future autoroute A26 est en cours avec ses immenses trous, ses engins, son bruit. D’ailleurs, le chantier de l’avenir a débuté en même temps que le cancer de Bernard. D’un côté la vie future, de l’autre, la mort prochaine. Bernard est pris par ses pulsions… « Fort comme la mort !… Je suis fort comme la mort »
Et puis, il y a les autres, le patron du bistrot, un vrai con, marié à Jacqueline -Bernard et elle s’aimait et devait se marier-… C’était sans compter ce qui est arrivé à Yolande. Alors, elle a épousé l’autre.
Une ville, un quartier misérable étouffé entre leur haine post seconde guerre mondiale et le modernisme représenté par l’A26 en construction, là où on dépose des cadavres.
Un roman noir détaillé, ciselé, descriptif, grinçant dans la grisaille du nord, des personnages crédibles dans leur folie. Une ambiance sombre, suffocante, glauque avec quelques tournures ironiquement grinçantes . Pascal Garnier dissèque ce petit monde, la folie de la sœur, le cancer qui désinhibe le frangin, leur déchéance, la haine des autres, la petitesse.
Un livre qui ne se lâche pas avant la dernière page.
Atmosphère, atmosphère…
Juste quelques mots : ce livre m’a percuté je l’ai lu en une journée ,je ne pouvais plus le leche
Ce roman noir remarquable nous plonge et nous maintient en apnée dans les abysses de la folie avec une femme tondue à la Libération qui depuis a perdu la raison et reste cloîtrée dans la maison familiale, située dans un bled perdu près de l’A26 alors en construction, qu’elle partage avec son frère, agent à la SNCF et serial killer qui s’occupe d’elle en y sacrifiant sa propre vie.
Avec L’A26, Pascal Garnier confirme son art de la virtuosité diabolique et des romans d’atmosphère. Merci aux Editions Zulma qui a réédité les livres de ce regretté écrivain au talent exceptionnel.
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