Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Crane rasé et santiags, Lucas est un paumé des temps modernes, caïd d'une bande de zonards sans ambition. Sur son chemin, il rencontre une aveugle et un nain qui vont effacer sa part d'ombre mais, quand ses compagnons de rue se livrent à un meurtre gratuit, il comprend qu'il doit fuir son destin. Dans cette cavale, il va rencontrer ce qu'il y a de meilleur et de pire chez l'homme, et le bout du tunnel restera longtemps inaccessible.
Maud Tabachnik nous propulse dans les bas-fonds de la condition humaine pour aller voir si l'espoir pourrait y repousser...
L’histoire est intéressante. Elle mélange roman policier et thriller léger.
Les idées sont bien approfondies mais sont parfois un peu déjà vues dans l’univers des romans policiers. L’auteure nous réserve tout de même quelques surprises ce qui permet de ne pas se lasser.
Les retournements de situations sont présents mais juste ce qu’ils faut pour ne pas que l’histoire devienne irréaliste.
Les protagonistes sont assez attachants dans l’ensemble. Ce qui est par contre dommage c’est le manque de détails ! Je ne suis pas arrivée à m’imaginer leur physique ou ce qu’ils pouvaient vraiment ressentir. Maud Tabachnik ne donne pas assez de précisions et finalement on ne sait que peu de chose sur eux. Leur passé est quant à lui, très peu, voire pas du tout évoqué pour certains.
Les personnages principaux auraient pourtant mérité d’être plus approfondis pour que l’on arrive à se mettre dans leurs peaux.
Le fait que les points de vue soient externes crée aussi une barrière. L’auteure les alterne ce qui est une bonne chose, cela permet aussi d’avoir une vision d’ensemble de l’histoire.
Ce qui est frustrant c’est que tous les personnages n’ont pas cette chance et seulement deux ou trois sont exploités.
Le style de l’auteure est assez fluide dans l’ensemble. Certaines scènes auraient peut-être mérité un style plus franc et plus sombre pour que l’on se rende vraiment compte de ce que vivent les personnages.
Le roman se lit facilement et on prend plaisir à découvrir la suite à chaque fin de chapitre. Ces derniers sont assez courts dans l’ensemble, ce qui permet d’arrêter la lecture lorsque l’on en ressent le besoin.
Les indices de lieux sont évoqués mais l’auteure oublie de nous dire quand se passe l’histoire. Nous avons une idée de la saison mais j’aurais bien apprécié avoir des dates précises ou mieux encore des heures pour que l’on se rende vraiment compte du temps qui passe…
La fin est intéressante. Elle nous laisse présager un futur peut-être meilleur pour les protagonistes. Je m’attendais tout de même à une situation un peu plus dramatique…
Je ne sais pas s’il y a une suite à ce roman mais si c’est le cas je serais heureuse de la lire pour découvrir d’autres aventures de ce duo si particulier.
En résumé, un roman qui se lit facilement et que vous pouvez découvrir tranquillement chez vous ou lors d’un long voyage en train ou en avion pour passer le temps.
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Publié une première fois en 1990, les éditions De Borée nous proposent une réédition en format poche du premier polar de Maud Tabachnik, une auteure que je ne connaissais que de nom.
e lis peu de polars, et à la lecture de celui-ci, je pense savoir pourquoi : en nous lançant au visage la noirceur de l’âme humaine, Maud Tabachnik m’a marquée, déstabilisée, donné envie de vomir, mais fait espérer aussi… C’est le premier polar de l’auteure, mais il laissait déjà présager son talent inné pour mettre l’Homme à nu dans ce qu’il y a de pire : la haine pure, mauvaise et implacable, le rejet de l’autre avec ses corollaires, le racisme et la xénophobie, la violence brute et froide, la lâcheté, la perversité… Difficile, même sans avoir le cœur particulièrement fragile, de rester insensible à cette crasse humaine qui prend vie sous nos yeux !
Et pourtant, derrière toute cette noirceur qui vous colle à la peau, l’auteure introduit des éclaircies, pas un franc soleil d’été, mais quelques pointes d’espoir et des petits moments de vie qui vous poussent à croire que rien n’est perdu pour l’humanité et que certains de ses représentants peuvent être « sauvés ».
Et c’est le cas de Lucas. Caïd comme on en fait beaucoup, il habite avec son épave de mère dans un quartier « défavorisé » et s’alimente de bagarres, de haine, d’un semblant de pouvoir en tant que chef d’une bande de casseurs racistes… Seul bonheur dans sa vie, Mabel, une jeune femme aveugle rencontrée grâce à un nain. Et c’est avec elle qu’il prendra la décision de fuir quand les membres de sa bande tabasseront à mort un Malien dont le seul tort était de ne pas être de la bonne couleur de peau et d’avoir rencontré le barbarisme sous sa forme primaire et bestiale. Durant sa cavale, le couple fera la connaissance d’un homme qui est très différent de Lucas mais qui, paradoxalement, lui ressemble un peu. Tous les deux se sont ainsi contentés de vivre leurs vies sans ambitions, mais l’un est socialement intégré quand l’autre s’est perdu dans la délinquance et la violence. Et pourtant, ces deux âmes en peine vont se trouver et lier une amitié à la vie à la mort…
Lucas est un personnage assez complexe et nuancé capable du pire comme du meilleur notamment pour protéger ceux qu’il aime. Alors qu’au début de l’histoire, il se complaît dans la violence et le racisme en vigueur parmi les « siens », on le voit évoluer au contact de Mabel et de son nouvel ami. C’est un peu comme si en grattant la surface et la crasse qui le recouvraient, on découvre un homme ni pire ni meilleur que les autres, juste un homme qui s’est laissé grignoter par un environnement de béton et de perdition. C’est d’ailleurs en quoi cette fuite se révélera une chance : ce n’est qu’en s’éloignant physiquement de son ancien quartier, qu’il pourra s’en détacher psychologiquement.
Malheureusement pour lui, s’il est bien décidé à aller de l’avant et à se construire une vie moins bancale avec sa bien-aimée, son passé semble, quant à lui, bien décidé à le rattraper. Et ce passé collant prendra l’odeur de la trahison et la forme d’un sociopathe qui, privé d’émotions, ne respire qu’à travers le chaos et la douleur qu’il peut laisser derrière lui. À partir du moment où ce monstre prenant forme humaine est lancé sur les traces de Lucas, l’histoire prend un tournant encore plus sombre et intense. Lucas ne connaît pas encore l’ampleur de la menace qui pèse sur lui et sa famille de cœur, mais le lecteur lui sait d’emblée qu’un compte à rebours est enclenché. Page après page, l’angoisse grossit, grandit jusqu’à vous donner cette boule à la gorge qui vous fait craindre le pire. Puis, arrive cette confrontation finale autant redoutée qu’attendue…
L’évolution progressive de Lucas, l’un des points forts de ce roman, repose en partie sur les épaules pas si frêles que cela de Mabel. Seule femme du roman, elle lui apporte la douceur et l’amour qui lui a tant fait défaut dans sa vie. Et sans tomber dans une niaiserie qui ne collerait pas à l’ambiance sombre voire poisseuse du roman, l’auteure montre à quel point cette femme va offrir à Lucas sa « rédemption » ou du moins, l’envie de construire plutôt que de détruire. Un peu comme un phare en pleine mer, Mabel sera alors son point d’ancrage et son échappatoire à une vie marquée par la violence. C’est donc cette femme aveugle qui va lui faire ouvrir les yeux sur son passé et le forcer à regarder son avenir…
Empreint d’abandon, de violence, de haine, de corruption, de racisme et de xénophobie, La Vie à fleur de terre publié il y a presque trente ans réussit l’exploit de ne pas dénoter dans notre société actuelle où ces fléaux sévissent toujours. Une sorte d’intemporalité qui prouve autant le talent de l’auteure pour saisir l’âme humaine que la défaite de notre modèle politique actuel. Car sans que l’auteure ne nous fasse de laïus sur la politique, il est certain qu’elle nous livre ici un roman engagé et fortement ancré dans la réalité, celle non pas des nantis, mais celle des laissés-pour-compte. Cela se ressent d’ailleurs autant à travers le contexte socio-économique dans lequel évoluent les personnages que le style de narration nerveux et presque saccadé de l’auteure. Les dialogues sont vifs, incisifs, directs, parfois argotiques sans être vulgaires.
Avec ce roman, on est dans le vrai, pas dans la réalité romancée et adoucie, et c’est ce qui fait toute sa force. Comme dans la vraie vie, il y a de la noirceur, des circonstances contre lesquelles vous ne pourrez rien, mais il y a aussi de l’espoir, de la lumière et cette envie de vous battre, pour votre vie et pour ceux que vous aimez, qui vous prend aux tripes et qui vous donne la force d’avancer et de vous améliorer…
En conclusion, La Vie à fleur de terre est le premier roman de Maud que je découvre et certainement pas le dernier. D’une plume nerveuse et rythmée, elle nous emmène dans les tréfonds de l’âme humaine et vous prouve que le pire peut côtoyer le meilleur. Assez court, ce roman se lit d’une traite d’autant que porté par un personnage tout en nuances, il est difficile de le lâcher avant que le destin de Lucas ne soit scellé.
Un premier roman est un exercice en soit. Si rien ne prédestinait Maud Tabachnik à devenir l’auteure reconnue qu’elle est aujourd’hui, il y a dans La vie à fleur de terre (1990) l’essence même de ce qui est un roman noir. Une ambiance, un fond et une réflexion.
Avant tout, histoire de vous allécher, dekoikisagit ?
Lucas est chef de bande de fachos bas du front et violents. Avec eux, il joue les gros bras pour les politiciens locaux. A l’occasion, ils n’ont rien contre une petite ratonnade. Mais quand sa bande tue un malien, et qu’après une échauffourée qui tourne mal avec les forces de l’ordre, sa bande lui met tout se le dos, l’avenir de Lucas se réduit. Il prend la fuite avec celle qui représente la vie, l’amour à ses yeux, Mabel, une aveugle qui vivait recluse dans une roulotte avec un nain.
Comme souvent chez Maud, nous sommes bien dans les bas-fonds, dans ce que l’Homme peut fabriquer de pire à son encontre. Dans ce monde, personne n’est blanc comme neige, même les gardiens de l’ordre.
Parlons un peu de l’ambiance. La réédition a conservé l’original. Rien n’a été re-travaillé. On y baigne dans cette fin des années 80, début 90, dans ces villes et leurs périphéries où l’extrême droite grimpe, où les mouvements politiques et les groupuscules qui gravitent autour, jouent sur les terrains vagues de l’ordre moral.
Il y a un côté profondément cinématographique dans ce roman. Pour ce qui est de Lucas, c’est curieusement avec un film récent que je vois un parallèle. Lucas a un besoin de rédemption, comme le personnage principal de Un Français de Patrick Asté. Pour ce qui est de ces banlieues, ces zones interlopes où une frange de la population se déchaine, où la peur de l’autre prend le pas sur le vivre ensemble, où la haine est plus facile à apprendre que l’amour. Pour l’ambiance, il faut revoir Urgence ou Rue Barbare de Gilles Béhat, je ne vois pas mieux. L’atmosphère est lourde, Maud Tabachnik nous confine dans une ambiance blafarde, mettant ainsi en exergue l’univers crasseux et infect dans lesquels ses héros se vautrent. Pourtant deux se rencontrent en pleine lumière. Celle qui n’y voit rien et celui qui tente de retrouver la vue.
Le style, de Maud est cash. Les mots sentent la rue. Mais ce qui est remarquable dans ce premier roman, est qu’elle entraine déjà le lecteur vers une réflexion autour d’une thématique qui va au-delà de l’amour, la rédemption. La fameuse ! Lucas est emporté dans une spirale tragique. Pourtant, c’est bien Mabel qui va lui ouvrir de nouvelles perspectives. Charge au lecteur d’en apprendre sur lui-même.
Dès le début, la destiné de Lucas est biaisée. Sa fuite, la chasse à l’homme dont il fait l’objet, n’ont de sens que s’il en profite pour combattre son sort. Combattre le renoncement, sortir de sa condition, s’échapper des concepts de haine et de bêtise que son éducation et son milieu lui ont inculqué. Il y a toujours chez Maud une vision humaniste, certes plutôt sombre mais souvent présente avec cette once d’empathie qui donne corps à ses héros.
Il y a 27 ans, La vie à fleur de terre illustrait cet art d’entre-apercevoir le bien à défaut de le toucher, de le faire sien. Depuis une trentaine de romans ont consacré Maud Tabachnik comme une auteure incontournable du genre.
Editions De Boree
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