"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Il faut avoir vécu une grande garde, l'avoir vécue seul, dans un chaos de sirènes, de sonneries, d'éclairs. Seul, dans la caisse de résonance des urgences, le bruit des voitures, des chariots, dans les lumières blessantes des néons et des gyrophares? Lire dans les yeux des malades, comme on lit dans les mains, leur avenir, leur chance pour les douze heures de la nuit. Il faut savoir déchiffrer les destins dans les chairs, les entrailles. Il faut être plus que médecin. »Dans le chaos de la garde de neurochirurgie, un interne prénommé Pierre, médecin sans vocation, indécis de talent, observe la chorégraphie mécanique des opérations en urgence. Il la contemple plus qu'il n'y agit. Autour du professeur Vadas, artiste du geste opératoire, tout en silences, gravitent les constellations d'internes, de rivaux, de jaloux nuisibles. On se bat au bistouri pour une faveur. Une nuit au bloc opératoire, parce qu'on est étourdi de fatigue, il y aura un geste en trop. Qui a commis l'erreur ? Qui en porte la responsabilité ? Qui doit payer ? Le patron, ou le subordonné trop obéissant ? Dans la continuité du J'accuse salvateur qu'était Blouse, mais insufflant à son livre la mélancolie rebelle de personnages cruellement décrits, du patron politique au psychiatre dépressif, Antoine Senanque nous donne ici le roman de la faute. Dans la pénombre de la grande garde, un portrait sans compassion mais sans injustice de la condition humaine, médecins et malades intimement liés.
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